Une semaine de silence par Florence Besson
Voilà un récit qui fait du bien. C’est l’histoire d’une jeune femme, Florence Besson qui a cru mourir et qui revient à la vie. Chez les Jésuites, au bord de la mer. « Je voudrais garder cette semaine en moi. Emporter sa lumière, ce qu’elle contient de matins. Et puis le dire aux autres, ce bonheur-là. Sans faire illuminée. Il faudra le dire doucement, j’imagine. En silence. Comme on sourit. Il faudra le dire juste en étant sereine. Je voudrais être heureuse pour donner des horizons. »
Dans le silence et sans portable
Alors, Florence Besson raconte sa semaine, ses surprises, jour après jour, d’une écriture alerte, vive, savoureuse, qui sent le bonheur de vivre : « La joie. Il n’y a que ça qui vaille. Je laisse ma vieille vie continuer à Paris, moi, je ralentis, je m’en vais. » Dans le silence et sans portable.
Et ça commence par un repas. Elle arrive un brin en retard : « J’y croyais pas. Ils étaient là tous en silence, assis devant leur soupe. » Peut-être cent personnes, avec une cantate de Bach qui leur tombe sur la tête. L’envie de repartir illico, mais non, « je m’assois sagement à la place que la dame m’indique. » Florence Besson est journaliste : « Finalement, c’est bien qu’on ne se parle pas. [Sinon] je sais que je serais la plus bavarde. J’interrogerais chacun d’entre eux, je le mettrais au petit feu de mes questions je ne laisserais pas s’installer le moindre silence. »
Première leçon : Dieu nous aime complètement
La première nuit, la mer, le vent dans les tilleuls et son marronnier. « Peut-être que le silence, on y entre comme dans un bain […] Tout à l’heure, ils ont dit qu’on n’avait rien à prouver, que Dieu nous aime complètement. C’était la première leçon. On en aura tous les jours trois, pendant une demi-heure. Le reste du temps on est libres, on est invités à se promener et à se baigner en laissant Dieu venir dans nos pensées. Donc il m’aime. Entièrement. Je pense à Brigitte Bardot. C’est pareil, quoi, mais en mieux : mes fesses mes seins ma tête mes oreilles mais aussi mes aigreurs mes chagrins mes tendresses mes peurs mes joies, il aime tout. Ça fait bizarre de se dire ça. Il me connaît mieux que moi-même. C’est merveilleux, d’être deviné. »
La technique des Jésuites pour prier c’est d’imaginer qu’on est dans la Bible, comme dans un film
Encore un passage : « On nous a donné un cours sur la prière ce matin. Apparemment la technique des Jésuites pour prier c’est d’imaginer qu’on est dans la Bible, comme dans un film. De parler avec Jésus comme s’il était là, qu’on allait dîner avec lui. Comme avec un ami, il faut se fixer des horaires. Bon. J’ai dit à Jésus 10 heures face à la mer et 22 heures dans l’oratoire […] Prier, c’est ouvrir les volets pour que la lumière puisse rentrer. »
« Tous les gens sont des coffres aux trésors. » écrit Florence Besson
« Je n’ai pas peur ici. Je ne pense plus à mon cœur fendu qui a failli m’emporter de l’autre côté. Je ne pense plus au temps qui file à petits pas. Je vais bien. Après, c’est vrai, je pleure tout le temps. Mais c’est parce que ça m’avait manqué d’aller bien. […] A la fin de la prière, disent les Jésuites, comme à la fin d’un dîner avec un ami, il faut dire merci, et aussi faire ‘un cœur à cœur’, dire ce que l’on ressent. Ben moi, je ressens du bonheur. » Rien n’avait été prévu pour les 80 ans d’une participante, elles sont allées à trois dans une crêperie, la vieille dame a raconté sa vie. « Tous les gens sont des coffres aux trésors. »
Analyser cette retraite en 3 temps
Elle apprend plein de « trucs ». « Dorénavant, quand il m’arrivera un désagrément dans cette retraite, il faudra l’analyser en trois temps. Un : ce qui s’est passé ou ce que j’ai fait. Deux, ce que ça m’a fait. Ces deux choses, vous n’en êtes pas responsable. En troisième lieu, analyser ce que vous faites de cette expérience. De ça, vous êtes responsable. » Je n’en suis qu’à la page 37, il en reste 115. Il y a encore d’autres trucs. Que chacun découvrira, comme une bouffée d’air frais.
Gérard Marle fc
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