Les clés de notre spiritualité apostolique

Le feu pascal à la paroisse Sainte-Hélène (Paris)

La vocation religieuse est une histoire individuelle qui trouve à s’épanouir en s’inscrivant dans un « mouvement » communautaire, dans la vocation d’une congrégation religieuse et dans sa spiritualité… Qu’est-ce que la congrégation construite par le Père Anizan peut épanouir en nous, dans le monde qui est le nôtre?
Il faut rappeler que le Père Anizan est de son temps :

  • Il n’ a pas connu notre mondialisation façonnée par le progrès technique, les échanges internationaux, les guerres mondiales, les migrations de toutes sortes, et la communication tout azimut.
  • Il n’a pas connu Vatican II, qui a mis en valeur la dignité commune de tous les chrétiens, (plus profonde que la diversité des ministères) ; qui a mis en valeur aussi la consistance du monde, de la conscience personnelle, des sciences, des responsabilités politiques et culturelles, une certaine valeur des autres religions.

Mais la foi du Père Anizan est si profonde, si forte et si juste qu’elle ouvre un chemin large et magnifique à qui veut vivre servir l’Évangile de Jésus aujourd’hui.

 

Quatre insistances orientent le chemin et la spiritualité de la Congrégation des Fils de la Charité :

  • Travailler avec Jésus, d’abord pour que le monde connaisse Dieu
  • Prendre les chemins les plus larges et les plus proches du peuple
  • Devenir des saints
  • Se laisser accompagner par la Vierge Marie

Quatre piliers de la vocation des Fils, de notre spiritualité apostolique

Le plus grand besoin du monde est de connaître Dieu qui aime l’humanité

Le Père Anizan voyait naître un monde dans lequel les sciences et la politique prenaient leur indépendance vis à vis de la foi, de la Bible, de l’autorité de l’Eglise. Il voyait aussi les premiers pas de l’exode rural et de l’immigration qui défaisaient tous les liens religieux et dégradaient les conditions de vie et les possibilités d’avenir. Il n’a eu qu’une ambition, que les hommes et les femmes, les jeunes surtout, puissent connaître Dieu, et vivre comme des fils de Dieu. S’usant jusqu’à la corde, il a orienté toutes ses forces personnelles et toutes les forces de sa congrégation vers le service de la Révélation de Dieu et le service de la dignité des enfants de Dieu.
Pour cela, les « Fils » doivent s’appliquer à connaître toujours plus Jésus et mettre leurs pas dans ses pas , en se rendant attentifs aux actes de sa vie publique, car c’est là qu’il révèle au plus haut point son amour des hommes et son amour du Père..
Aujourd’hui le Père Anizan nous appelle donc à aller, avec Jésus, aux périphéries spirituelles et sociales de notre monde, vers les hommes qui ne connaissent pas Dieu et vers ceux qui n’ont pas leur compte de vie et leur part de relations.

Pour répondre à ce besoin de spiritualité, un chemin large et simple

Au service de sa visée évangélisatrice, le Père Anizan place avec insistance la paroisse complétée par les œuvres, prêtres et frères collaborant dans une même équipe apostolique.
Il ne peut certes pas nous aider à résoudre le problème des découpages et regroupements paroissiaux. Il rappelle simplement l’essentiel : que les paroisses complétées par les œuvres sont la présence sacramentelle de Jésus ressuscité à une population locale. Une « fontaine de village », une « source » d’irrigation au milieu des immeubles et des bidonvilles. Ouverte à tous, elle est un pôle décisif de vie chrétienne et d’évangélisation. Tous, chrétiens, religieux et prêtres y sont acteurs, chacun selon la grâce qui lui est donnée. Il faut pour les servir des ministres qui sachent annoncer la parole de Dieu, promouvoir la responsabilité de tous les chrétiens d’une paroisse au sein de la communion diocésaine.
Le Père Anizan insiste aussi pour que les communautés paroissiales soient, en contre- point, prolongées, équilibrées par des œuvres. C’est bien ainsi que les premiers Fils de la Charité se sont engagés dans la nouvelle évangélisation des banlieues de Paris en 1930 Ce sont encore des Fils de la charité ( le père Michonneau), qui en précurseurs du concile Vatican II créeront, en 1943, le « modèle », mondialement connu, de la « Paroisse communauté missionnaire » se rendant attentifs au travail de l’Esprit au sein du monde de l’après guerre.
Aujourd’hui les Fils de France continuent, à éveiller des équipes de Mission Ouvrière. Les Fils d’Afrique, des Philippines, du Brésil, de Colombie animent des paroisses auxquelles sont liées des œuvres importantes d’éducation, de santé ou d’assistance qui diffusent l’action humanisante de l’Evangile. Le modèle proposé par le Père Anizan se révèle riche et inspirateur pour la mission. Les implantations des Fils de la charité dans le monde sont toutes (sauf une en France) construites sur l’articulation d’une paroisse et d’œuvres diverses selon les pays.
Le feu pascal à la paroisse Sainte-Hélène (Paris)

Cette mission appelle des hommes qui veuillent devenir des saints par la grâce de Dieu

Le Père Anizan demande que les hommes qui veulent annoncer l’Evangile vivent en petites communautés comprenant des prêtres et des frères, chacun oeuvrant selon son statut dans l’Eglise.
Mais il demande surtout qu’ils aient le désir de la sainteté, une sainteté déployée dans la vocation apostolique avec ce qu’elle comporte de prière et de contemplation, d’action pastorale et missionnaire, toute cela vécu en équipe, en communauté fraternelle.
La sainteté s’acquiert et s’exprime par toutes ces composantes : La vie apostolique par elle même nous fait vivre en union avec Jésus, la prière aussi bien sûr. Mais, la vie fraternelle avec ses multiples et humbles dimensions, guidée par la Règle, présente une vertu particulière que le Père Anizan s’est plu à souligner : on a moins tendance à y chercher les gratifications de reconnaissance et de popularité. Elle est donc un révélateur de notre authenticité de disciples, un chemin privilégié pour « porter la croix et suivre Jésus notre divin maître » et se préparer, chaque jour, à servir ensemble l’annonce de l’Evangile, sans chercher à s’y retrouver soi même.

Marie Sacré Coeur

La Vierge Marie doit être l’accompagnatrice de toute notre vie

Le Père Anizan, comme beaucoup de Saints, a vécu d’une grande affection pour la Vierge Marie. En la désignant comme « la vraie supérieure générale » de l’institut, il anticipait intuitivement ce que Vatican II a mis lui même en valeur dans Lumen Gentium (chapitres 2 et 5 ). La Vierge Marie est la figure de l’Eglise parce que la grâce qui fait l’Eglise donne à tous les membres du peuple de Dieu baptisés et ministres ordonnés, une égale dignité, dans une commune action de grâce. Dans une communauté où il y a des responsabilités différentes, des prêtres et des frères, elle rappelle leur égalité foncière dans la grâce baptismale.
Dans les temps nouveaux où nous sommes la Vierge Marie sera inspiratrice d’une vie ecclésiale fraternelle fondée sur l’action de grâce, dans le respect et la promotion des charismes et des ministères ordonnés.

En tout cela, le Père Anizan se révèle déjà accordé aux appels lancés aujourd’hui, par le pape François, à toute l’Eglise dans “Evangélii Gaudium”.

Michel Retailleau fc