La guerre des Sabotiers par René Bruneau
L’époque de la guerre civile de la Fronde
Ce roman en deux tomes de René Bruneau nous mène en Sologne à l’époque de la régence d’Anne d’Autriche et de son fidèle ministre, le cardinal Mazarin, en pleine période d’une France affamée et ruinée (XVII° siècle). La royauté sort tout juste d’une guerre franco-espagnole de trente ans sur fond de guerre de religions. La paix signée, ce sera l’épisode d’une autre guerre, civile cette fois-ci : la Fronde.
Là s‘affronteront la grande noblesse qui veut garder ses privilèges et la royauté qui veut les rabaisser en leur faisant payer les taxes pour renflouer les caisses royales et en même temps les affaiblir. Dans ces combats où chacun embarque ses troupes, quitte à tourner casaque à tout moment, les campagnes à nouveau sont dévastées. Les manipulations monétaires du cardinal appauvrissent encore plus les campagnes et ajoutent à la misère du peuple qui subit durement les conflits incessants.
René Bruneau et le Duc de Beaufort
Au donjon de Vincennes sont « embastillés » sur ordre royal une douzaine de prisonniers. Tous des gentilshommes, condamnés sur ordre du jeune roi Louis XIV, mais en réalité de la reine régente, Anne d’Autriche et son fidèle Mazarin qui veulent se venger des « Frondeurs ». Parmi ces derniers un duc de Beaufort, petit-fils bâtard du roi Henry IV qui a fait partie de comploteurs contre ce Mazarin – sorti de rien – et qui lui barre la route auprès de la reine…
Un plan sophistiqué est établi par ses amis pour le faire échapper par un subterfuge, grâce à un « homme de paille ». Cet homme du peuple est savamment manipulé au point de se croire – pour un moment – passé dans la cour des grands.
Mais le rêve éveillé va rapidement prendre fin et au fil du roman il va nous embarquer dans les arcanes de « l’ordre établi » d’une extrême brutalité et dont la direction est disputée entre grands, mais dont le peuple reste envers et contre tout la victime.
Un chef du peuple et devenu héros populaire
L’auteur, René Bruneau, nous emmène ainsi au plus près des querelles, trahisons, course à la notoriété, frivolités et hauts faits de la noblesse où tout à coup surgit la soudaine notoriété de ce manant qui a tenu tête à Mazarin et sauvé un Duc de la Bastille. Parallèlement des bas-fonds d’une misère abjecte accablant les manants, grandit un puissant appel à la révolte face aux injustices, et à leur sentiment d’impuissance devant la répression sanglante face à toute désobéissance.
Poussé à bout, ce peuple se choisit alors pour chef cet homme issu du peuple et devenu héros populaire. C’est par milliers que les révoltés se mettent en route en une caravane qui grossit de village en village dans cette Sologne à la terre ingrate et au labeur harassant, faisant trembler l’ordre établi, « décrété par la volonté divine »…
Entre amours et trahisons comment ne pas prendre parti dans ce combat inégal.
Ce beau roman d’aventures de cap et d’épée par René Bruneau qui nous plonge de manière très réaliste dans ces époques oubliées qui ont enfanté la Révolution française.
Éric Récopé fc
- René Bruneau, La guerre des Sabotiers, Editions Marivole, Tome 1 Orages, 389 pages, 6,96 €
- René Bruneau, La guerre des Sabotiers, Editions Marivole, Tome 2 La révolte, 413 pages, 6,96€
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