Se laisser étonner par l’Ancien Testament par Alain Patin
Alain Patin familiarise quiconque avec ce qui paraît au départ inaccessible
Non seulement l’Ancien Testament est un livre « pavé », de 1 600 à 2 400 pages selon les éditions, mais en plus on ne peut le lire que lentement, parce qu’il est fait de vieux livres de styles difficiles d’accès, parce que « ce qui se lit rapidement s’oublie rapidement ». Anciens, c’est-à-dire lus depuis plusieurs millénaires, nous sommes assurés de leur sérieux : nous en avons besoin en des moments graves, quand le divertissement ne suffit plus. L’envie de l’ouvrir, cet Ancien Testament, et une peur de s’y perdre.
De vieux livres de styles difficiles d’accès
Depuis des dizaines d’années, Alain Patin, prêtre du diocèse de Paris propose des approches de ces textes habituellement rangés sur une étagère. Son livre « Se laisser étonner par l’Ancien Testament » mérite d’être ouvert et lu lentement et jusqu’au bout ; il familiarise quiconque avec ce qui paraît au départ inaccessible ; pour les lecteurs habituels de la Bible, il offre par tel ou tel détail une lecture enrichie ; pour tous, c’est notre propre histoire qui apparaît, histoire personnelle, histoire de la famille humaine avec son Dieu qui tente de se faire reconnaître tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons.
Alain Patin a retenu Jonas, Abraham, Moïse et Élie
Lire demande une méthode. L’auteur prend les textes en l’état, « comme une proposition de voyage où le narrateur, à partir d’une situation de départ, propose à son lecteur de rejoindre un point d’arrivée différent et enrichi, avec l’espoir qu’il pourra l’emprunter dans sa propre vie. ». Il a retenu Jonas, Abraham, Moïse et Élie parmi tant d’autres personnages possibles. Nous découvrons que Dieu se donne à voir dans des histoires tourmentées. Sans doute en est-il de même pour nous.
Ce court récit de Jonas est plein de l’humour de Dieu !
Râleur, Jonas finit par faire ce que Dieu lui demande, sans que sa colère ne disparaisse ; l’histoire de son peuple lui a appris que Dieu est un Dieu « de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce » ; buté, têtu, il refuse que ce Dieu puisse aussi pardonner aux ennemis, qu’Il soit donc le Dieu de tous les hommes. Il n’est pas dit qu’il l’ait accepté.
Ce court récit est plein de l’humour de Dieu !
Abraham, promesse d’un enfant et promesse d’une terre
La présentation d’Abraham, Moïse et Elie montre combien ils ont mêlé leurs initiatives propres à ce que Dieu leur proposait ; Abraham lui-même a bricolé avec Pharaon puis avec sa servante, sans que Dieu ne lui suggère quoique ce soit. Mais en même temps, il s’est laissé déplacer par la promesse de Dieu, promesse d’un enfant et promesse d’une terre – je laisse au lecteur le soin de trouver ce qui est premier, l’enfant ou la terre. Celui qui prend soin du fils de l’épouse et du fils de l’esclave se présente déjà comme le Dieu créateur de toute la Terre.
Moïse, “le plus humble que la terre ait porté”
Voici Moïse discutant longuement avec le « Dieu de ses pères », habités tous deux par un feu qui ne s’éteint pas. Moïse aura appris à vivre dans le désert avant d’y conduire son peuple de longues années, parmi les querelles, les protestations, les infidélités. La sortie de l’esclavage, le don quotidien de la manne et celui de la Loi, voilà ce peuple conduit par un personnage humble, « le plus humble que la terre ait porté ».
Élie, le prophète par excellence !
Reste Élie. Au départ, il envoie la sécheresse sur tout le pays, apparemment sans que Dieu le lui ait demandé. Ce qu’il veut, c’est défier le roi et le pouvoir en place, et voici que Dieu l’envoie au désert, puis chez une étrangère veuve et pauvre. Dieu lui demande d’annoncer la fin de la sécheresse, mais il organise au Mont Carmel une confrontation avec les prophètes d’un dieu étranger sans que cela lui soit demandé. Et pourtant il est le prophète par excellence !
Leur place est immense dans l’histoire du salut.
J’aime ce Dieu qui nous prend avec nos vies chaotiques et nos petits arrangements.
Gérard Marle fc
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