Paul Louis dit “l’abbé Choc” (1906-1962) : un prêtre dans la résistance

23 Sep 2024 | Archives, Chantiers | 0 commentaires

Auteur de l'article : Anaëlle Herrewyn
Crédit photos : Fils de la Charité

Paul Louis dit “l’abbé Choc” (1906-1962) : un prêtre dans la résistance

Comme Michel Colas des Francs fc, Paul Louis fc a été dans les tourments de la seconde Guerre mondiale

Paul Louis est né le 11 juillet 1906 à Guérande. Sa vie avant son entrée en 1929 au noviciat des Fils de la Charité est très peu connue. Il est ordonné prêtre en 1934. De 1934 à 1941, il est vicaire à la paroisse Notre-Dame de Lourdes d’Argenteuil. Mobilisé en 1939 dans l’armée de terre, il est nommé caporal. En 1940, il se distingue en s’opposant aux ordres de son lieutenant de se rendre à l’armée allemande, et parvient avec plusieurs autres soldats à se replier. Il reçut la croix de guerre en 1940 et est démobilisé la même année.

Il débute dans sa paroisse des activités de résistance

Soupçonné de gaullisme, il est envoyé en 1941 comme curé de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Clichy. Il y fonde seul le groupe « Corrèze » (qui devint « Landy » en 1942) où il se charge principalement de faire passer en zone libre et à l’étranger des prisonniers, des juifs et des pilotes anglais et américains. Il organise un réseau de douze services, rattaché au groupement « Turma-Vengeance ». Ses actions lui valurent une première tentative d’attestation de la Gestapo en 1943 à laquelle il parvint à échapper. Il fuit et poursuit la lutte en civil, changeant plusieurs fois d’identité et de logement. Il cherche à se rendre clandestinement en Espagne pour rejoindre l’Afrique afin de devenir aumônier dans la marine. Mais lors de la traversée, le père Louis et son groupe de fugitifs sont abandonnés par leurs guides et arrêtés par des douaniers allemands. Ils sont emprisonnés à Luchon, interrogés et pour certains comme le père Louis torturés par la Gestapo. Le père Louis n’a livré aucun nom et a nié ses activités dans la résistance. Il est ensuite conduit à la prison Saint-Michel de Toulouse où les conditions de détention étaient très rudes et où la torture était monnaie courante. Le père Louis est transféré et apprend par inadvertance qu’il est envoyé vers Fresnes où il sera fusillé. Il s’évade alors en sautant du train en pleine marche. Il se rend jusqu’au Mans où il est caché par des Pères Capucins. Il prend contact avec les réseaux résistants pour continuer à lutter sous le nom de « l’abbé Choc ». Il participe à la libération de la ville le 8 août 1944.

Après la guerre, Paul Louis poursuit son ministère à Clichy jusqu’en 1948

Il adhère à de nombreuses associations de déportés, internés et résistants. Ses faits militaires et dans la résistance lui ont valu un ensemble de décorations prestigieuses. Paul Louis devint par la suite vicaire puis curé dans plusieurs paroisses et a été entre 1950 et 1962 l’aumônier des forains, tziganes et gitans de la région parisienne.

La torture dont il a été victime l’a laissé traumatisé, handicapé et souffrant jusqu’à la fin de sa vie. Il est décédé à Rayol en 1962, à 56 ans. Son décès a suscité un grand émoi et de nombreux proches et anciens compagnons lui ont rendu hommage.

Anaëlle Herrewyn, archiviste des Fils de la Charité

Sources et bibliographie

  • Archives des Fils de la Charité. 2E10 Fonds personnel de Paul Louis.
  • Gayme, Évelyne. « Les oflags, centres intellectuels ». Inflexions, vol. 29, n° 2, 2015, p. 125-132.

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