Michel Colas des Francs (1911-1945) : un prêtre-artiste dans les oflags
Michel Colas des Francs fc comme Paul Louis fc dans les tourments de la seconde Guerre mondiale
Né le 25 septembre 1911 à Biarritz, Michel Colas des Francs est issu d’une famille aristocratique originaire de l’Orléanais. Bachelier et chartiste, il intègre en 1933 le noviciat des Fils de la Charité. Ordonné prêtre en 1938, il encadre des colonies de vacances et est vicaire de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Belleville. Quand la seconde Guerre mondiale éclate, il est mobilisé comme lieutenant motocycliste. Les prêtres recevaient une instruction militaire au séminaire et étaient donc officiers de réserve. En juillet 1940, il est fait prisonnier par l’armée allemande. Il est détenu en Normandie avant d’être envoyé dans un oflag (camp d’officier).
En Autriche, dans un camp d’officier
Les officiers ne pouvant pas travailler, ce sont des activités sportives, artistiques, manuelles et surtout intellectuelles qui animaient la vie des oflags. Elles permettaient à ces hommes instruits mais inactifs de tromper l’attente et conserver leur dignité. Michel Colas des Francs arrive en septembre 1940 à l’oflag XVIII A, à Lienz-Drau (Autriche). Très érudit, il étudiait l’histoire, l’archéologie et l’anglais, et il donnait des conférences. C’était un artiste, qui avait pour média de prédilection le dessin et l’aquarelle, et il peignait souvent le camp et ses alentours. Il s’était aussi essayé à la gouache et à la sculpture. Il a participé à plusieurs expositions, avec parfois des déconvenues : dans une lettre à son père du 2 janvier 1941, il déplore la perte de ses « plus belles aquarelles réclamées comme souvenir par des colonels ».
Michel Colas des Francs assurait son sacerdoce
Il était aumônier de son camp à partir de 1942 et disait la messe. Le camp disposait visiblement d’une chapelle dont il se souciait de la réfection. Il contribuait à la préparation des grandes célébrations catholiques, souvent avec des moyens limités. Il était un soutien moral pour les officiers catholiques et il respectait les croyances de chacun sans chercher à convertir. Il entretenait une correspondance avec Jean Le Bihan, un autre Fils qui était le curé de sa paroisse. Ce dernier correspondait avec le père et une des sœurs du père Colas des Francs, à qui il écrivit le 10 octobre 1942 : « Je me réjouis de son excellent moral et de sa santé : il fait beaucoup de bien et c’est heureux ». Michel Colas des Francs fit également en sorte qu’une partie de sa solde soit récupérée pour être donnée à sa paroisse.
Transfère en Allemagne, à Nienburg où il meurt à 34 ans
Il est transféré en septembre 1944 avec d’autres officiers à l’oflag XV de Nienburg où les conditions de vie y étaient plus rudes. Il dirige la paroisse du camp.
Le 4 février 1945, un bombardement allié atteint sa baraque. Lui et 97 autres officiers français sont tués. Son corps est enterré sur place, avec ses compagnons. Il avait 34 ans. Nécrologies et témoignages saluent unanimement la mémoire de cet homme érudit, humble et tourné vers le peuple.
Anaëlle Herrewyn, archiviste des Fils de la Charité
Sources et bibliographie
Archives des Fils de la Charité. 2E05 Fonds personnel de Michel Colas des Francs.
Gayme, Évelyne. « Les oflags, centres intellectuels ». Inflexions, vol. 29, n° 2, 2015, p. 125-132.
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