Les Evangiles par Bruno Callebaut
Leurs origines, leurs exégèses
Bruno Callebaut a mis à profit le temps du confinement de 2020. Dans une préface, l’auteur précise que son projet n’est pas une énième introduction aux Evangiles. Il retrace le parcours personnel de sa compréhension des Evangiles, en présentant aussi de façon critique des courants d’exégèse. Il pense qu’il serait étonnant que ses perplexités et difficultés de lecture ne soient pas celles de beaucoup de lecteurs.
Souci de clarté pédagogique de Bruno Callebaut
Comment bien lire les Evangiles de façon bien informée, critique et en même temps respectueuse, dans la foi de l’Eglise, sans se fourvoyer. Cela reste un défi pour beaucoup. Il pense pouvoir y contribuer et faire profiter à d’autres de ses lectures assez vastes, hors du domaine francophone, grâce à des séjours à l’Ecole Biblique de Jérusalem et à son expérience d’enseignement. Son souci de clarté pédagogique illustre utilement ce résumé de sa longue fréquentation des Evangiles. Et le parcours qu’il offre ne déçoit pas.
Une première perplexité pourrait être la coexistence de quatre Evangiles. L’auteur s’efforce de montrer que très fondamentalement la coexistence de quatre Evangiles est une richesse inestimable bien plus qu’un problème, qui multiplie les approches et les éclairages.
Trois chapitres
Le livre comporte trois chapitres avec celui des conclusions. La première partie parle des origines : d’où viennent les Evangiles ? Les récits de l’Enfance à l’épreuve de l’historicité, les récits de la Passion et autres récits appelant un principe de lecture adapté.
Le second chapitre traite de la Transmission des paroles et de l’enseignement du Seigneur. Il aborde la question de l’historicité de la matière des paroles du Seigneur et des critères d’historicité.
Le dernier chapitre des conclusions est intitulé « Pour aller plus loin sur la question de l’historicité des Evangiles et des bonnes façons de lire ». Une partie particulièrement intéressante. L’Evangile se désintéresse d’inventer pour Jésus une physionomie, une histoire intime, mais il prend toute liberté pour montrer ses actions et ses discours dans une reconstitution qui exprime sa compréhension du personnage. Tous les exégètes insistent donc de nos jours sur l’impossibilité de lire les Evangiles comme des livres d’histoire, dans une fidélité littérale aux faits et aux paroles rapportées. Les Evangiles amalgament d’emblée l’historique et le théologique, dans le but justement d’évangéliser. Leur fidélité peut ainsi être « créatrice » et non littérale. C’est le propre de toute l’historiographie antique. Dans les bilans du livre, l’auteur écrit :
« Il faut saluer l’évolution de l’Eglise catholique, depuis les encycliques de Pie XII (Divino Afflante de 1943), qui a définitivement libéré l’exégèse catholique, Vatican II (avec la Constitution Dei Verbum), et les travaux de la Commission biblique, qui sous l’impulsion de Jean-Paul II n’est plus composée de cardinaux de la Curie mais d’exégètes reconnus. »
Un livre accessible qu’il vaut la peine de travailler pour lire les Evangiles dans la grande tradition de l’Eglise, sans opposer approche historico-critique et lecture croyante. Sa lecture est à recommander.
Bruno Callebaut
L’auteur enseigne à Domuni Universitas. Elève titulaire de l’Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem, il est docteur ès lettres et maître en théologie. Prêtre du diocèse de Cambrai et curé de plusieurs paroisses, le confinement de 2020 lui a laissé le loisir de rassembler des idées longtemps mûries sur une lecture bien informée et croyante des Evangiles.
Jacques Baudet fc
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