Il y avait un jardin par Marie-Laure Choplin, Anne Ducrocq et Laurence Nobécourt
Trois textes à l’écriture forte et personnelle, trois écritures de femmes croyantes, Marie-Laure Choplin, Anne Ducrocq et Laurence Nobécourt nous donnent leurs regards du jeudi saint au dimanche de de la Résurrection.
Semaine sainte à travers trois femmes
« Au temps de Jésus, les femmes n’ont pas la parole, elles sont un simple élément du décor. Pourtant le Fils de Dieu les regarde, les voit, leur parle et en fait même des disciples […] Les hommes ont largement commenté la Semaine sainte. Pourtant, il y a une façon féminine d’approcher le Christ avec liberté, de parler d’amour, de pardonner, d’ouvrir les bras à ce qui vient de fragile, d’agréable et de désagréable. »
Laurence Nobécourt nous parle du jeudi saint.
Laurence Nobécourt nous plonge étonnamment dans une atmosphère de Création version féminine : « Le féminin, lui, il connaît les cycles de vie, les passages, la Pâque, le sang qui va et vient, imprévisible et stable dans ses marées rouges, le ventre qui enfle sous la pression des naissances en route et se fait désert au jour des délivrances comme un peuple hébreu en attendant la manne… » Ce jeudi-là, alors que tout s’écroule, Jésus pose le geste d’une nouvelle création : « Dans la chambre haute, grande, ordonnée et préparée, où il a arrangé pour nous, dans l’espace de la paix, la possibilité d’un repas, car assis à la table de notre humanité s’offre toujours, au seuil de nos crucifixions, l’occasion d’une métanoïa », c’est-à-dire d’un changement de regard sur nos peurs et nos angoisses, qui nous permet de « transformer nos convives intenables en puissances de création ». Lorsque l’on regarde les trahisons des uns, les abandons des autres, nos torpeurs et nos sommeils de l’âme, pour ce changement de regard et de vie, il n’y a rien de magique. « Il nous l’avait bien dit ‘Veillez’, mais déficients de la conscience, nous avons dormi et dans son indulgence extrême il est venu, Lui… Ainsi dans la chambre haute, Il nous donne le calme en sa douceur extrême. »
Les personnages du vendredi saint avec Anne Ducrocq
Pour Anne Ducrocq, « l’histoire de Jésus se vit au présent. Se laver les mains du malheur de l’autre, faire porter le chapeau à un tiers, dormir à l’heure de veiller, trahir un ami, renier, se repentir, pleurer de remords. Tout cela a lieu tous les jours. Nous sommes l’humanité, dans ce qu’il y a de pire, comme dans ce qu’elle a de meilleur. » Les personnages du Vendredi en font voir les facettes différentes : Judas et Pierre et leur part d’ombre révélée aux disciples d’aujourd’hui ; Simon de Cyrène le réquisitionné comme celles et ceux qui nous aident à avancer ; le bon larron que Jésus regarde. Puis elles, les femmes qui n’ont que leur présence et leurs larmes à offrir, elles qui n’ont pas déserté, elles sont la faiblesse et la force en même temps. Puis encore le pardon demandé et l’acte de foi du centurion et le silence du Samedi.
Marie-Laure Choplin évoque ce grand matin du Dimanche de Pâques
Par de courts textes comme autant de touches de lumière, Marie-Laure Choplin évoque ce grand matin du Dimanche, ce nouveau « premier jour » qui voit la pierre roulée et le tombeau vide. « Moi, si j’étais Dieu », écrit-elle, j’aurais fait de ce moment de résurrection quelque chose de conquérant, une sorte d’obligation à croire : « Il aurait bien fallu qu’ils croient en retour ». Rien de tel en fait. Près du lac de Tibériade, « le Vivant s’approche et, comme il l’a fait tout au long de sa vie, s’inquiète de ce qui les préoccupe. ‘Les enfants, vous n’avez pas de poisson ?’ Dieu le ressuscite, cet homme, et cet homme ressuscité a faim de nos poissons. Peut-être, comme lui, n’avons-nous aucune autre mission que de nous soucier des poissons du jour de ceux que nous croisons. Ce qui l’occupe, c’est ce qui fait nos vies. Ce qui l’occupe, c’est nous. C’est cela le vrai miracle, la signature de Dieu. Aujourd’hui encore, être la sœur, le frère de cet homme-Dieu, ce n’est pas inonder l’autre de notre lumière mais veiller avec lui à ce qui fait la chair de sa vie. »
Gérard Marle, fc
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