Hommage au père Pierre Chabrier fc 17/9/1931 – 15/1/2023

28 Jan 2023 | Vie religieuse | 0 commentaires

Auteur de l'article : Jean-Michel Rapaud fc
Crédit photos : Jean Guellerin fc

Hommage au père Pierre Chabrier fc 17/9/1931 – 15/1/2023

Pierre, Emmanuel, Georges, Auguste Chabrier est né le 17 septembre 1931. Ses parents s’appelaient Georges et Marguerite née Comte. Ils s’étaient mariés le 15 décembre 1928 à Paris. Pierre a un frère Jean et une sœur Monique. Pierre a été baptisé le 26 avril 1932, confirmé le 1er mars 1942 et il a fait sa première communion le 21 mai 1942.

Vocation de Pierre Chabrier fc

« J’étais entré chez les Fils de la Charité pour être prêtre dans une banlieue ouvrière, avec un monde populaire. Je souhaitais rejoindre ce monde-là, et dans ce désir il y avait une note « religieuse » : j’avais un temps pensé aux petits frères de Foucauld, j’avais lu « Au cœur des masses » ; je souhaitais partager la vie des petits gens. » (Extrait du témoignage de Pierre Chabrier, octobre 1999)

Pierre est entré au postulat de la congrégation des Fils de la Charité le 30 septembre 1957. Il a fait son année de noviciat à partir du 8 septembre 1958 et prononcé ses premiers vœux le 19 septembre 1959, puis 3 ans plus tard ses vœux perpétuels.
Durant l’été 1960 il participa à l’animation d’une colonie de vacances de Draveil à Abondance. Il fut très apprécié des colons et des directeurs « le don de lui-même aux autres libère Pierre de lui-même. » (Appréciation du maître des scolastiques, in livret de Pierre Chabrier, Institut des Fils de la Charité)

Un homme priant et équilibré entre la contemplation et l’action

Car Pierre était un homme discret, sensible, ce qui lui permettait d’écouter et de comprendre les autres, accueillant, d’une délicatesse admirable (mais pouvant se mettre en colère), droit, honnête, loyal, sérieux, méticuleux, généreux, un homme priant et équilibré entre la contemplation et l’action, ayant un grand sens de la pauvreté, de l’obéissance et de la communauté. Voulant toujours bien faire, il pouvait se replier sur lui-même au risque de se décourager, craignant d’être moins généreux que d’autres. D’un esprit parfois un peu compliqué, Pierre pouvait se noyer dans des détails et ses auditeurs devaient s’efforcer de l’écouter.

Pierre reçu les ordres mineurs durant l’année 1961, fut ordonné sous diacre le 19 mars 1962, diacre le 7 avril 1962 et prêtre le 30 juin 1962 dans l’ancienne chapelle de Saint-Paul des Fils de la Charité à Issy-les-Moulineaux. Il aimait dire à Louis Guiot ordonné le même jour « nous sommes jumeaux d’ordination. »
« Pierre était un artisan-artiste (la racine est la même). Il avait fait l’école ESTIENNE et était devenu relieur d’art. Il aimait le travail bien fait. Il était consciencieux, minutieux même, dans tout ce qu’il entreprenait. Il prenait le temps de réfléchir et ne s’engageait pas à la légère. » (Témoignage de Louis Guiot fc)

Bezons, ministère Prêtre-ouvrier, ACO

Ordonné prêtre, Pierre rejoignit l’équipe des Fils de la Charité de Bezons en 1962. « Quand je suis arrivé comme jeune prêtre à Bezons, j’ai été comblé, parce que comme monde populaire (un sous-prolétariat à l’époque), on ne pouvait faire mieux. Puis l’évêque de Pontoise a souhaité envoyer un prêtre au travail, l’un sur Argenteuil, l’autre sur Bezons. Ce n’était pas le ministère P.O. qui m’avait fait rentrer chez les Fils, mais je me suis dit : « je suis pour qu’il y en ait… donc, pourquoi pas moi ? » Mais à une condition : que cet envoi en mission s’articule avec l’ensemble et j’ai demandé de rester en équipe avec les copains en pastorale… » (Extrait du témoignage de Pierre Chabrier, octobre 1999)
Pierre a répondu à l’appel du ministère P.O. (prêtre-ouvrier) tout en vivant en communauté religieuse. « Lorsque j’ai commencé mon travail comme P.O., je suis passé tout de suite « à la chaîne ». D’abord dans une usine de reliure industrielle, puis au bout de trois ans, dans une grande entreprise d’édition… Là, je faisais de la dorure… industrielle ! Six cents gestes à l’heure sous une presse automatique. Pour moi, c’était le bagne. Mais là, j’ai rejoint un monde populaire que je connaissais. Le premier jour, j’ai découvert des filles que j’avais eues au catéchisme, d’autres femmes dont j’avais baptisé les enfants, une militante d’ A.C.O. que je connaissais… J’ai compris ce que c’était de travailler en usine. Dans l’artisanat, je travaillais dans le calme. » (Extrait du témoignage de Pierre Chabrier, octobre 1999)

« Pierre croyait à son ministère de prêtre-ouvrier, mais il n’en faisait pas un absolu. Il était trop conscient à la fois de la grandeur de Dieu et de la complexité des situations pour penser qu’un seul type de ministère pourrait résoudre les problèmes de l’annonce de l’Evangile parmi le peuple. » (Témoignage de Louis Guiot fc)

L’épreuve mortifère du chômage à La Courneuve

Pierre a aussi connu l’épreuve mortifère du chômage. C’était à La Courneuve durant les années 1972-1980 : « Le chômage me fut très dur, il était plus dégradant que le travail à la chaîne. C’est là une expérience de mort : nous avons conscience de notre inutilité et nous n’avons plus de statut. Au chômage, on n’est rien. » (Témoignage de Louis Guiot fc)

Auteur, amoureux du beau

En 1980 Pierre a participé à la rédaction d’un livre sur le père Anizan, fondateur des Fils de la Charité : « Soyez de feu pour Dieu, paroles et prières d’un prêtre du peuple Emile Anizan » avec José Rodier, Alain Ollivier et Pierre Tritz. Puis le recueil n°3, « Paroles et prières de prêtres du peuple Fils de la Charité » dans lequel on trouve son texte intitulé : « A Dieu Robert. Que c’est grand, Seigneur, de mourir comme Robert, ce père de famille de cinq enfants… » et sa conclusion : « Seigneur, que jusqu’au bout, chaque heure de notre vie, et même de notre mort, te rendent gloire. Merci Seigneur, pour l’exemple de Robert. Une telle mort donne un sacré sens à la vie. Jamais je n’ai vu partir ainsi ; ce n’est pas seulement la mort d’un homme, mais celle d’un fils de Dieu. Heureux qui voit ce que vous voyez, qui entend ce que vous entendez. » (Témoignage de Pierre Tritz, fc). Ainsi, toute sa vie Pierre a relevé, dans sa fidélité aux petites gens, des perles précieuses dont parle le père Anizan et qui nourrissent le cœur d’un pasteur tel que Pierre.
Pierre aimait ce qui est beau : « tel cadre bien mis à sa place, ou tel tableau de peinture dans la salle à manger, un vase avec des fleurs sur la table, une sculpture en bois du même artiste que les œuvres d’art dans l’église de saint-Lucien à la Courneuve bien mise en valeur. » (Témoignage de Pierre Tritz, fc)

Vie en HLM à Poissy-Achères

Cette même année, il est envoyé dans l’équipe de Poissy-Achères : « dans ce contexte de vie en grands ensemble, comme nos cités étaient qualifiées à cette époque et une population très immigrée. Il avait d’ailleurs insisté pour aller vivre en HLM et non dans un presbytère. Il avait une manière d’être présent avec sa délicatesse, son attention en même temps que sa rigueur pour bien faire les choses. » (Témoignage de Bernard Deshoulières fc) Pierre était aussi aumônier de l’ACO du secteur.

Jeune retraité à Saint-Ouen

En septembre 1994, il arrivait à Saint-Ouen. Jeune retraité, « il était impliqué à la fois dans la vie de la communauté chrétienne locale et dans la vie du quartier (…) Il a accompagné le Secours catholique naissant sur ce quartier à l’initiative d’un couple retraité qui s’était lancé dans le soutien de SDF (…) C’est avec joie et passion qu’il accompagnait des catéchumènes et participait en soutien à la vie pastorale. Je me souviens qu’il passait des heures à préparer ses sermons, convaincu qu’il fallait « du solide aux chrétiens pour tenir la route ». Comme pour le reste, il voulait les mots justes pour dire l’essentiel et toucher les cœurs » (Témoignage d’Eric Récopé fc)

La maladie

Mais l’âge avec son cortège de difficultés de santé a obligé Pierre à rejoindre la communauté des Fils aînés de Saint-Joseph à Issy-les-Moulineaux, puis la maison d’accueil Notre-Dame-de-Joie à Chartres en raison de sa maladie d’Alzheimer.
« Sans doute des souvenirs se sont réveillés alors qu’il était sur la fin et ne communiquait plus quand je l’ai visité dans son EPHAD et qu’il a retenu longuement mes mains, plongeant son regard dans le mien. » (Témoignage d’Eric Récopé fc)

« Pierre avait deux familles : sa famille de sang qui comptait beaucoup pour lui et la famille des Fils de la Charité qu’il avait choisie. Pierre était un homme aux belles fidélités. Fidélité au Christ dont il avait entendu l’appel et décidé d’y répondre (…) Sensible, artiste, il a su dans sa manière d’être témoigner de l’amour de Dieu pour beaucoup d’hommes et de femmes là où il est passé. Merci Pierre. » (Témoignage de Lucien Marratier fc)

Jean-Michel Rapaud fc, responsable de France, avec tous ceux qui ont envoyés un témoignage

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