Un nouveau concile qui ne dit pas son nom ? par Christoph Theobald sj
Christoph Theobald sj par son livre aide à lire le rapport de synthèse du synode de la synodalité
Depuis la parution de son livre en septembre 2023, Christoph Theobald, théologien jésuite, a participé au synode de la synodalité qui s’est tenu du 4 au 29 octobre 2023 sur le thème « Pour une Église synodale. Communion, participation, mission ». La lecture du rapport de synthèse sera plus aisée si nous avons pu lire ce livre qui en décrit toute la genèse, depuis sa convocation par le pape François en 2021 jusqu’à la veille de la session ; Christoph Theobald aide à comprendre l’enchaînement des consultations locales, nationales, continentales qui ont préparé l’Assemblée synodale, consultations auxquelles chaque chrétien pouvait participer au seul titre de son baptême. Il y eut un dialogue sans précédent dans l’histoire de l’Église, c’est « une première fois » dans l’histoire du monde.
Participation de l’ensemble du peuple de Dieu de par son baptême
La synodalité ? C’est le « chemin que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire. » Il s’agit d’un « processus que le pape François a voulu mettre en route, et le propre d’un processus est de rester inachevé ». La synodalité est pour François une dimension constitutive de l’Église, au même titre que la primauté du pape, la collégialité qui concerne les évêques. Voici le temps de la synodalité, à savoir de participation de l’ensemble du peuple de Dieu de par la grâce commune du baptême, c’est ainsi que commence le rapport de synthèse.
Ensemble lire les Écritures et célébrer l’Eucharistie
Dans ce livre, Christoph Theobald insiste, comme le fera l’assemblée du synode, sur l’importance de « lire ensemble les Écritures » et le fait de célébrer ensemble l’Eucharistie : « En nous appelant à participer à son Corps et à son Sang, le Seigneur fait de nous un seul corps entre nous et avec lui. » Ainsi commence-t-on en Église.
“La conversion est l’enjeu de la conversation”
Si tous les participants à l’élaboration du synode pouvaient se retrouver d’accord sur un même constat, à savoir « la carence dramatique en ministres ordonnés, la position de la femme dans la société et dans l’Église, la participation des laïcs à quelques responsabilités ministérielles, la sexualité, l’espérance œcuménique », le consensus de tous n’était pas acquis ; chaque continent venait avec ses approches propres et ses craintes, tous n’étaient pas disposés à se mettre à l’écoute de ce que la société civile peut dire à l’Église, comme il en fut par exemple du rapport Sauvé sur les abus sexuels. Il y eut de longs temps d’échange, des moments de tension, mais toujours chacun a commencé par écouter l’autre sans rien en dire, laissant les réactions des uns et des autres au deuxième tour ; un troisième tour de table ouvrait le débat sur des propositions. C’est ce que le synode a appelé la conversation dans l’Esprit : « La conversation dans l’Esprit est un outil qui, même avec ses limites, est fécond pour permettre une écoute authentique et discerner ce que l’Esprit dit aux Églises. Sa pratique a suscité joie, étonnement et gratitude et a été vécue comme un chemin de renouveau qui transforme les individus, les groupes et l’Église. Le mot « conversation » exprime quelque chose de plus qu’un simple dialogue : il entrelace harmonieusement la pensée et le sentiment et génère un monde vivant partagé. La conversion est l’enjeu de la conversation. »
Les questions concrètes étaient abordées en trois temps, les convergences, les points de désaccord, l’élaboration des propositions à débattre. Plus de deux cent cinquante amendements tous discutés.
L’Église a en elle le potentiel de se réformer
Christoph Theobald affiche un franc optimisme. Nous sommes une Église de disciples, c’est-à-dire, au sens littéral, une Église d’apprenants. Nous sommes au début de changements considérables. L’Église a en elle le potentiel de se réformer. « Le matin vient ».
Gérard Marle fc
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