L’Indonésie et la naissance du monde moderne par David Van Reybrouck
David Van Reybrouck part de la conférence de Bandung
Qui se souvient aujourd’hui de la conférence de Bandung qui s’est tenue du 18 au 24 avril 1955 à Bandung, en Indonésie, réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques ? Cette conférence marqua l’entrée sur la scène internationale des pays décolonisés qui furent qualifié à l’époque de « Tiers-monde ».
Ceux-ci – ne souhaitant pas intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l’URSS – choisirent le non-alignement.
L’Asie a été le premier continent à voir se multiplier de nouveaux États indépendants
Le monde est alors en situation de guerre froide opposant le bloc soviétique au camp occidental. Conscients de leur force, ces pays nouvellement indépendants décident alors de tout mettre en œuvre pour aider les autres colonies à acquérir elles aussi leur indépendance. L’Asie a été le premier continent à voir se multiplier de nouveaux États ayant accédé à leur souveraineté aux dépens des puissances coloniales occidentales, ce qui explique la localisation de la conférence à Bandung. Les grands acteurs de cette rencontre sont l’Indien Nehru, l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, le Chinois Zhou Enlai, et l’indonésien Soekarno.
L’Indonésie est le premier pays à avoir proclamé son indépendance après la seconde guerre mondiale
Cet archipel a une longue histoire, fruit du croisement entre divers peuples, civilisations, religions ; en particulier à partir du commerce entre Asie, Inde, Afrique, Europe. Dès 1908 un mouvement nationaliste se crée qui aboutira – après bien des péripéties – à l’indépendance en août 1945 face à des Néerlandais qui ont puisé là une grande partie de leur puissance et de leur richesse.
L’Indonésie ne devenait pas simplement un nouvel acteur sur la scène internationale, elle y jouait alors le premier rôle. Elle allait apposer son sceau sur la décolonisation du reste du monde et la géopolitique de la guerre froide.
En effet, c’était le premier pays à avoir proclamé son indépendance après la seconde guerre mondiale. Elle s’était battue encore pendant quatre ans, entre guérilla et combats plus denses, pour s’opposer au retour des puissances coloniales : un an contre les britanniques, trois contre les Néerlandais ; elle avait réussi à mettre de son côté les USA et l’ONU ; elle avait ainsi expérimenté les bases de ce que pouvait être une décolonisation. Elle mettait un terme à tous les liens antérieurs, même celui de la langue et montrait comment constituer une nation de cet immense archipel indonésien.
Outre le fait que la conférence de Bandung marque l’entrée du Tiers-monde sur la scène internationale, la conférence condamne la colonisation et l’impérialisme en général, et en particulier l’apartheid en Afrique du Sud, sans oublier Algérie et Palestine. Les pays signataires appellent les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance, tout en préférant au conflit armé la solution pacifique et la négociation.
Ce récit de David Van Reybrouck nous invite à nous décentrer de l’Occident vers l’Orient
Ils ont adopté cinq principes de base. Le respect mutuel du territoire de chacun, la non-agression, la non-intervention dans la politique intérieure, la coexistence pacifique et égalité et coopération.
Ce grand récit d’une décolonisation menée jusqu’au bout nous invite à nous décentrer de l’Occident vers l’Orient et à mieux saisir les enjeux du monde nouveau dont les bases ont surgi lors de cette période d’après-guerre.
Encore aujourd’hui les effets s’en font sentir au niveau international et donnent des éléments qui permettent de comprendre les enjeux de demain dans un monde multipolaire.
Éric Récopé fc
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