Charles de Foucauld, le frère inachevé par Margarita Saldaña

1 Déc 2022 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Edition Sal Terrae

Charles de Foucauld, le frère inachevé par Margarita Saldaña

“El Hermano inacabado, Carlos de Foucauld

Charles de Foucauld est-il ce « petit frère universel » idéalisé que nous croyons connaître
ou le « frère inachevé » tel que l’annonce le titre même du livre de Margarita Saldaña Mostajo ? Inachevé, c’est-à-dire en chemin ; la sainteté serait donc un processus plutôt qu’un produit fini et inaccessible pour le commun des mortels.

Margarita Saldaña Mostajo appartient à la famille spirituelle de Charles de Foucauld, et
même à sa première mouture. Dans ce livre, non encore traduit, elle revient sur l’itinéraire de Charles de Foucauld, vie de jeune orphelin adopté par des grands-parents très attentionnés ; formation d’officier qui le conduit en Algérie puis en exploration au Maroc ; conversion en l’église Saint Augustin (Paris) et son passage à l’abbaye Notre Dame des Neiges située en Ardèche ; présence chez les Clarisses de Nazareth ; temps à Beni-Abbès et pour finir à l’ermitage de l’Assekrem au sud de l’Algérie dans les montagnes du Hoggar. À chaque étape correspond une « exploration » nouvelle, un autre type d’activités, une approche plus affinée de son chemin spirituel.

Charles de Foucauld se réapproprie la foi chrétienne

Né dans un catholicisme fervent, l’adolescent a tout rejeté pour mener une vie d’enfant prodigue, qu’il trouva vite ennuyeuse. La rencontre avec l’abbé Huvelin a levé quelques
obstacles de compréhension de la foi chrétienne, et l’immense respect que Charles de Foucauld a trouvé dans sa famille où il ne s’est jamais senti jugé lui ont permis de se réapproprier la foi chrétienne encombrée mais jamais oubliée. L’abbaye qui l’a accueilli quelques années lui offrit des livres et aussi une communauté, un style de vie fait de travail, de prière et de vie communautaire ; Charles de Foucauld s’y préparera à la prêtrise.

« Une seule chose est nécessaire, faire la volonté de Dieu. »

Charles voulait imiter le Jésus de Nazareth tel qu’on l’imaginait en ces temps-là, vie « cachée » faite de grande pauvreté, de cette abjection qui est réservée à la toute dernière place. Mais ce toujours « plus » bas n’était-il pas en fait une recherche de lui-même ? Or Jésus et sa famille ont plutôt mené une vie « ordinaire », ont partagé la condition des gens du village sans autre excès. Charles de Foucauld se libéra de cette préoccupation de lui-même pour désormais se remettre devant la seule question qui comptait : que veut-Il de moi ? C’est à Sa volonté que je dois me rendre. « Une seule chose est nécessaire, faire la volonté de Dieu. » Même sans voir trop clair, il savait décider.

Une réelle évolution au fil de ses écrits

Les nombreuses lettres que Charles de Foucauld a laissées montrent une réelle évolution. Lui qui donnait beaucoup de temps à la prière et l’adoration devant le tabernacle dut consacrer plus de temps à accueillir des visiteurs toujours plus nombreux : « faire le bien d’abord » écrivait-il. L’immense travail accompli pour traduire la langue des Touaregs aura réduit ses horaires consacrés à la prière et au travail manuel auxquels il tenait tant. Sa pratique de l’hospitalité elle-même s’est déplacée, passant de l’accueil chez lui à la visite chez eux, et de ceux qui étaient des voisins à ceux qui étaient les plus loin et qui ne voyaient personne. Il est passé du service rendu à l’acceptation d’être aidé en retour, du travail de pionnier à la volonté de mêler d’autres personnes et notamment sa famille à sa mission, faute d’avoir pu entraîner avec lui des disciples.

Il avait encore du chemin à faire, ajoute argarita Saldaña Mostajo ; ainsi, s’il a racheté un jeune esclave, s’il a tissé de forts liens d’amitié avec quelques Touaregs, s’il accueillait tous ceux qui se présentaient, justifiant sa réputation de « frère universel », il partageait la notion d’une colonisation qui apporte la civilisation et ferme les yeux sur le mépris et l’oppression.

Nous avons les mêmes défis et les mêmes ressources spirituelles, nous avons à mettre en
œuvre ce qu’il appelait « la pastorale de la bonté ».

Gérard Marle fc

  • El hermano inacabado, Margarita Saldaña MostajoEdition, Sal Terrae, 2022 – non encore traduit

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Michel Lemarchand fc et Régis Tillet fc, « Fils jubilaires » en 2023

Michel Lemarchand fc a été ordonné prêtre le 1er avril 1973, voilà 50 ans. Régis Tillet fc célèbre cette année ses 60 ans d’ordination sacerdotale, le 29 juin 2023.

L’enragé par Sorj Chalandon

Sorj Chalandon donne à voir combien la soif de dignité et de liberté peut réaliser l’impossible : faire renaître à une pleine humanité.

« Immigration : le grand déni » par François Héran

En 2023, le Parlement débat sur la 22e loi sur l’immigration. L’étude de François Héran peut aider à porter un regard ajusté sur la réalité.

La vidéo du Pape François, prier chaque mois en Église

La Vidéo du Pape François diffuser les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Église.

« Paul de Tarse » par Daniel Marguera

Avec Daniel Marguerat on peut alors oser rêver d’une même liberté créative de Paul qui prendrait en compte les réalités locales.

Témoignage vocationnel de José Abraham au Mexique

Témoignage vocationnel de José Abraham Del prado Lima au Mexique Je suis José Abraham Del prado Lima, originaire d'Ocoyoacac, dans l'État de Mexico, à la périphérie de la ville de Toluca. J'ai 30 ans et je suis en troisième année de théologie à l'Université...

« Être juif et polonais après 1945 » par Joanna Kubar

Joanna Kubar répond à 3 principales questions dont : “Pourquoi vos parents sont-ils restés dans une Pologne profondément antisémite ?”

Le partage de l’eau au Congo grâce à la Fondation Anizan

A Vindoulou (Congo), le forage initial a été amélioré en 2022. Nous avons acheté un camion-citerne d’occasion pour mieux partager l’eau.

“Espérez !” par Christine Pedotti et Anne Soupa

L’objectif poursuivi par Christine Pedotti et Anne Soupa est un manifeste à deux voix pour tenter de retrouver la source du christianisme.

“Le siècle des égarés” par Julia de Funès

Julia de Funès nous questionne pour nous rendre libres face à nous-mêmes, à notre environnement social et religieux, à notre société. Libres pour mieux aimer.

Share This