Cadavres en sursis par Philip Mechanicus

3 Jan 2024 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Notes De Nuit

Cadavres en sursis par Philip Mechanicus

Philip Mecanicus raconte la vie de dizaines de milliers de Juifs passés par Westerbork

Où as-tu vécu, Etty, pour avoir écrit des pages aussi fabuleuses ? Du 28 mai 1943 au 28 février 1944, jour après jour, Philip Mechanicus, journaliste de talent, raconte la vie de ces dizaines de milliers de Juifs qui sont passés par le camp de Westerbork (Hollande) avant d’être envoyés en Pologne. C’est alors qu’il côtoie Etty Hillesum qui l’admirait. Il arrive que Philip lui lise ce qu’il consigne dans son cahier ; certains de ses passages font écho aux lignes qu’elle a elle-même laissées.

Dans le camp de Westerbork seront regroupés la plupart des réfugiés des Pays-Bas

Westerbork est le nom d’une petite localité située dans le nord-est des Pays- Bas. Ce sont les autorités néerlandaises qui ont décidé de construire ce camp sur des terres sablonneuses incultes, au milieu de landes peu hospitalières, pour faire face à l’afflux de Juifs fuyant l’Allemagne et l’Autriche ; elles leur promettent des baraques en bois avec chauffage et sanitaires de qualité, un hôpital, une synagogue, des écoles ; dès octobre 1939, les premières personnes s’installent. Quand l’Allemagne envahit les Pays-Bas le 10 mai 1940, le camp compte 750 résidents. Au fil des mois, on va y regrouper la plupart des réfugiés du pays. A partir d’octobre 1942, c’est un officier SS qui dicte sa loi, barbelés et tours de guet délimitent les lieux. Il va déléguer à des Juifs allemands et autrichiens qui occupent des postes privilégiés le soin de gérer l’afflux des nouveaux arrivants, pour l’essentiel des Juifs hollandais raflés qui ne tarderont pas à être désignés pour monter dans les trains à destination d’Auschwitz. Tout est ordonné pour donner l’impression d’une ville normale, avec des ateliers en nombre, crèches, ensemble de jazz, écoles et surtout un hôpital de pointe qui a compté à un moment 1 725 lits et 120 médecins et chirurgiens ; l’insondable absurdité de Westerbork, machine destinée à envoyer les gens à la mort alors qu’il y avait là un système hospitalier performant.

Par moments le camp regroupait plus de 10 000 détenus

Environ 107 000 personnes sont passées par cette ville concentrationnaire ; seules 5 000 ont survécu. Par moments le camp regroupait plus de 10 000 détenus ; une population pour le moins hétéroclite : pieux et athées, des moines
et moniales portant l’étoile jaune, des sionistes, des assimilés et des résistants, des artisans, des paysans, des intellectuels et des artistes, des gens très âgés et des nourrissons.

Philip Mechanicus nous a laissé le témoignage le mieux écrit sur le quotidien à Westerbork

Selon Daniel Cumin, son traducteur, Philip Mechanicus nous a sans doute laissé le témoignage le plus captivant et le mieux écrit sur le quotidien à Westerbork. « Il croque sans concession ou au contraire avec mansuétude bien des personnages qui s’attardent dans son voisinage. Par moment la lucidité qui l’habite nous fait presque froid dans le dos ». Ce qui écœure, c’est la puanteur tant dehors que dans les baraquements, ce sont les puces, la boue dès lors qu’il pleut, les salles surpeuplées et bruyantes, les lits encombrés de bagages, les chefs de baraques, la promiscuité. Les tensions entre les Juifs allemands et les Juifs hollandais ne lui échappent pas. Quelques consolations tout de même, les avions alliés partant bombarder l’ennemi, des retrouvailles d’amis, les envoûtants couchers de soleil sur la lande, l’espoir que tout cela va finir bientôt. Il y a ces pages dramatiques qui décrivent le départ de mille ou de trois mille détenus dans des wagons à bestiaux, ce « serpent galeux ». Il sera déporté et fusillé à Auschwitz.

Comment me serais-je comporté ?

J’ai aimé prendre le temps de lire cet homme qui se considérait comme « un reporter accrédité aux fins de rendre compte d’un naufrage ». Avec cette question lancinante : si j’avais moi-même été déporté, comment me serais-je comporté ?

Gérard Marle fc

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

13 500 lycéens au FRAT 2025 : “Au creux du rocher”

5 Fils de la Charité de La Courneuve, Saint-Ouen, Grigny et Ris-Orangis et Paris 18ème accompagnent des lycéens au FRAT 2025 à Lourdes.

Semaine sainte : Qu’est-ce que le “Triduum pascal” ?

Les « trois jours » (« triduum » en latin) avant Pâques sont les derniers chapitres des Évangiles, relatant la passion de Jésus

Jubilé des 25 ans de Notre-Dame-Auxiliatrice à Clichy

Calixto Martinez fc et Francisco Ortiz fc étaient à la célébration des 25 ans de la reconstruction de l’église Notre-Dame Auxiliatrice à Clichy

Retraite spirituelle 2025 des Fils de la Charité en France

J-M. Sopeña fc a accompagné la retraite spirituelle des Fils de Bourges, Paris, Valenciennes, La Courneuve, Le Havre, Saint-Ouen, Grigny, Issy

La Fraternité Anizan de La Courneuve sur la tombe du père Anizan

La Fraternité Anizan de La Courneuve s’est recueillie ce 2 avril 2025 sur la tombe du Père Jean-Emile Anizan à Issy-les-Moulineaux.

Dégager des horizons d’avenir, des chemins d’espérance

Les motifs d’inquiétude ne manquent pas pour l’avenir. A l’approche de Pâques, les bourgeons abondent dans la nature, puisions y la confiance.

Rencontres de jeunes de La Courneuve, Paris et d’Ecclesia Cantic

En mars 2025, de beaux chants des jeunes de La Courneuve, Paris 18ème et de partout avec Ecclesia Cantic, à la paroisse Sainte-Hélène à Paris.

La vidéo du Pape François, prier chaque mois en Église

La Vidéo du Pape François diffuser les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Église.

Invitation à la “Saison Anizan” à Charonne le 26 avril 2025

La Famille Spirituelle Anizan vous invite dans le quartier de Charonne à Paris le 26 avril 2025 pour la 3ème “Saison Printemps Anizan”

Marie, la femme qui soutient la foi sans distinction

Pierre Tritz fc invitait Anne Soupa et Gérard Marle fc, le 25 mars, à une dédicace sur le livre “MARIE telle que vous ne l’avez jamais vue”.

Share This