Portrait de Fernand Lusseau fc
20/02/1930 – 16/03/2015
Fernand Lusseau est né le 20 février 1930 à Saint-Christophe du Ligneron en Vendée. Il était le fils aîné d’une famille de 7 enfants élevés à la ferme des parents qui étaient agriculteurs. Mais à l’âge de 10 ans, il déclare à sa famille son désir de devenir prêtre.
Fernand est entré au Petit Séminaire de Saint-Laurent sur Sèvres, puis au Grand Séminaire de Luçon. Très vite il fait savoir qu’il désire entrer chez les Fils de la Charité mais son évêque de l’époque ne l’entend pas ainsi. Il devra donner deux années comme professeur avant de pouvoir quitter le diocèse et enfin entrer au Noviciat chez les “Fils” en septembre 1954. Il prononce ses vœux définitifs en mars 1959. L’ordination presbytérale a lieu le 13 juin 1959 à Issy-les-Moulineaux.
La première nomination de Fernand a été à Gentilly en Val de Marne. Il était arrivé à la paroisse en 1958 comme séminariste et c’est là qu’il vit ses premières années de ministère presbytéral jusqu’en 1965.
Fernand rejoint la Touraine à Saint-Pierre-des-Corps de 1965 à 1977, poste qu’il retrouvera quelques années plus tard entre 1982 et 1985. En équipe « Fils », il n’aimait pas les réunions sans décisions à l’appui, soucieux que chacun puisse s’exprimer. Il était très attaché à sa communauté. A cette époque il est profondément marqué comme beaucoup, par l’esprit d’ouverture au monde donné par Vatican II. Il communique cet enthousiasme à l’un de ses jeunes frères en passant aux actes : engagements dans les mouvements associatifs, présence aux personnes à la périphérie. Présent dans la JOC et l’ACO, Fernand a tracé un chemin qui a permis à d’autres de devenir prêtre ouvrier. Sa présence à la vie de la cité s’est concrétisée par son inscription dans l’équipe de foot où il compensait sa petite taille par beaucoup de vivacité. Il a eu le bonheur de tisser de solides amitiés avec des vacances à la montagne où l’ascension du Mont Blanc était l’objet de souvenirs qu’il avait plaisir à évoquer avec ses amis.
« Fernand était très investi dans l’ACO et la Mission Ouvrière. Il avait aussi la confiance des prêtres puisqu’il avait été élu délégué des prêtres de la Région Apostolique du Centre auprès des évêques. Fernand était très à l’aise dans ces réunions, sachant intervenir avec à-propos pour faire passer ses idées et celles de ceux qu’il représentait. »
En 1977, Fernand Lusseau est nommé dans le Berry à Vierzon où il s’investit toujours au sein de la Mission Ouvrière. Mais ce sera La Rochelle en Charentes Maritimes qui va marquer sa vie de Fils de la Charité. Il y vit son ministère durant 18 ans. Nommé comme curé de la paroisse, il est chargé un peu plus tard de l’aumônerie de la Mission de la Mer.
A La Rochelle, Fernand a marqué la Mission Ouvrière du diocèse. Il accueillait volontiers l’équipe des prêtres ouvriers. Il avait le souci que les jeunes militants de la JOC puissent continuer à être des chercheurs de Dieu avec l’aide de l’Action Catholique Ouvrière. Pour les prêtres du secteur, la paroisse des Fils de la Charité « était un lieu de référence et de fraternité. »
L’aumônerie de la Mission de la Mer a beaucoup motivé Fernand. Beaucoup gardent le souvenir d’un aumônier disponible, organisateur, en même temps qu’un animateur de chants formidable. Attentif à ce qui se vivait dans les quartiers de Laleu et La Pallice, il participait aux activités du Centre Social et Culturel « Le vent des Iles. »
En 2003, Fernand Lusseau est nommé à Sainte-Thérèse du Mans. Il a 73 ans et semble avoir du mal à s’adapter à une nouvelle paroisse. Il travaille en collaboration avec la communauté des Auxiliaires du Sacerdoce, essentiellement au plan liturgique. « Fin organiste, les gens appréciaient de l’entendre jouer pendant les offices. Il avait des idées qui dérangeaient parfois, mais il avait le mérite d’ouvrir les chrétiens sur plus large qu’eux-mêmes. »
Il est proposé à Fernand de rejoindre la communauté des « Fils » de Valenciennes en 2010, non pas pour y vivre un apostolat comme au temps de la jeunesse, mais pour vivre avec les autres un temps d’écoute et de fraternité. Cependant, il est enchanté de voir les enfants et les adolescents animer des messes. « Il faisait patiemment répéter les plus jeunes pour que leur lecture soit distincte et laisse à la Parole de Dieu tout son sens. » Fernand aidait les jeunes musiciens à se perfectionner. « Un bon père, accueillant, bienveillant et paisible. »
Mais au bout de deux ans la santé devenait plus délicate et le besoin se faisait sentir pour plus de sécurité. C’est pourquoi Fernand rejoint la communauté des anciens de Saint-Joseph à Issy-les-Moulineaux à l’automne 2012. A son rythme, il donne de la beauté aux messes dominicales de la communauté en accompagnant les chants à l’orgue. Mais c’est surtout l’entretien des fleurs qui le motivait. Partout où il est passé, les jardins reprenaient des couleurs grâce aux fleurs qu’il soignait.
Fernand était très proche de sa famille. Il a été présent dans tous les moments importants. « Tu nous as accompagnés durant toute ta vie. Tu nous as mariés, tu as baptisé nos enfants, voire nos petits-enfants. Tu as toujours été présent notamment pour les plus démunis, » nous dit l’une de ses nièces. Les vacances étaient presque toujours en famille où il profitait de ce temps pour rencontrer les uns et les autres.
L’année 2014 a été difficile sur le plan de la santé. Ce premier trimestre a vu la maladie progresser sans que les traitements arrivent à freiner le mal. Fernand a été très entouré par ses frères de la communauté ainsi que par sa famille venue deux jours avant sa mort. Il a voulu servir Dieu et le peuple des petits dans les quartiers populaires où il a été nommé. Fernand est parti dans la paix rejoindre Celui qu’il a cherché et prié tout au long de sa vie. Nous confions notre frère à la bonté de Dieu qui l’accueille déjà dans sa tendresse de Père.
Pour le Conseil France : Jean Guellerin fc
La messe de sépulture a été célébrée le vendredi 20 mars 2015 à 14 heures en l’église Saint-Etienne d’Issy-les-Moulineaux (92), suivie de l’inhumation dans le caveau des Fils de la Charité au cimetière d’Issy-les-Moulineaux.
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je suis heureux de l’avoir connu,pour nous il etait un bon PERE. Toujours a l’ecoute , calme et il degageait une certaine serenite.
J’ai connu Fernand LUSSEAU entre 1977 et 1982 à Vierzon. Je lui dois beaucoup. Mais je me souviens aussi d’un homme timide, un peu froid parfois et maladroit sans doute à cause de cela. Je ne suis pas surpris que dans votre portrait la mention de Vierzon ne tienne qu’en très peu de mots. Je ne pense pas qu’il en ait gardé un bon souvenir ni beaucoup d’amis. Nous avons en revanche correspondu pendant vingt ans ensuite. La situation de Vierzon était complexe et il fallait accueillir deux prêtres diocésains qui allaient reprendre la paroisse du centre-ville puis à terme toute la ville après quarante ans de Fils. Le passage de relais fut difficile. Les laïcs très divisés… Bref. C’est ça aussi la vie chrétienne.