Ma vie a été renforcée en Dieu
De sa maison de retraite Pierrette, membre de la Fraternité Anizan (de l’équipe du Mans), raconte la fraternité et les liens qui continuent à se vivre malgré ses ennuis de santé et une distance géographique obligée d’avec les autres de l’équipe.
Pierrette nous reçoit, assise dans son fauteuil, elle garde son dynamisme malgré son amputation de la jambe droite : « Je fais mon lit, je descends manger toute seule avec mon fauteuil…. ». Elle nous dit son admiration devant le Père Anizan : « pourquoi n’est-il pas encore canonisé ? ». Sur son lit, sont délicatement posés le bulletin de la Fraternité qu’elle va passer à la voisine de la chambre à côté, et « prier 15 jours avec Anizan ». A travers Pierrette et “l’équipe du Mans”, je découvre un réseau de relations, de fraternité qui continue à se vivre. Pierrette aide aussi à cela. Voici son témoignage :
Vie religieuse
Dieu m’a appelée à me donner à lui dans la vie religieuse pour vivre une vie plus profonde avec lui. Le connaître et Le faire connaître en marchant avec Lui vers les autres. Je suis entrée au Noviciat en 1952 puis, en 1962, j’ai prononcé mes voeux définitifs comme Soeur de la Charité de Notre-Dame d’Evron.
Papa était seul depuis l’âge de 31 ans après le décès de maman. En 1977, étant à la retraite, malade et fatigué, personne ne lui venait en aide. Je l’ai trouvé dans un état de pauvreté très grande, couchant par terre sur un sommier, n’ayant plus rien. Mon père aurait tout donné à tout le monde ! Il m’a dit : « Tu soignes les autres et moi, je suis seul ». Cela m’a interpelée : quoi faire ? et comment ? car en ce temps-là, nous n’avions pas le droit d’aller soigner nos parents. J’en ai parlé à la Supérieure Générale qui m’a dit que je ne pouvais pas m’occuper de mon papa.
Cela a été très dur pour moi, mais j’ai choisi papa : il m’avait donné la vie ! Il a fallu ensuite que je prenne en charge ma petite soeur. J’ai dû quitter la vie religieuse. Après 25 ans j’ai été démise de mes voeux.
Plus tard, j’étais triste au fond de moi-même et je disais : « Tu parles à Jésus, mais tu n’en es pas digne car tu l’as laissé ». Pourtant, mon attachement à Dieu n’a pas changé. J’ai aidé papa jusqu’à sa mort, puis ma soeur et ma nièce, c’est la même vie religieuse que j’ai vécue autrement.
Petits gestes du quotidien
Quand je m’occupais de papa, j’allais à l’Église. Un prêtre s’est approché de moi, me demandant qui j’étais. De suite il me propose de nous visiter, quelques jours plus tard, il est venu à la maison. Il était rayonnant, si proche des gens! Les petits gestes du quotidien étaient importants.
Par la suite, je l’ai toujours vu avec le sourire : à la cité Saint-Pierre à Lourdes, à Issy-les-Moulineaux, s’intéressant à nous, aux jeunes…. C’était Pierre Dherbomez fc . Par lui, j’ai rencontré les Fils de la Charité et je me suis dit : « Qui sont ces prêtres si accueillants ? » Leur écoute et leur manière d’aller vers les “petits” m’a interpellée. Pierre m’a fait connaître l’amour de Dieu et sa miséricorde : ma vie a été renforcée en Dieu. Il fut mon guide spirituel jusqu’à son départ (Le portrait de Pierre 1932-2014). Je sentais l’amour de Dieu pour aller vers les autres, les petits, les délaissés : cela avait toujours été pour moi, très important.
Le père Anizan m’a beaucoup aidée
J’ai été touchée par l’attitude du Père Anizan à Verdun. Il est allé au plus profond de lui-même. Sa prière est profonde malgré la souffrance. Anizan m’a beaucoup aidée. Quand j’étais religieuse, je voulais aller vers les petits et les pauvres. J’ai retrouvé là ce qui était ma vocation.
Quand j’ai été hospitalisée pour ma jambe, j’ai beaucoup prié, invoqué, imploré Anizan pour qu’il prie Dieu pour moi. Ma nièce pleurait à côté de moi. J’ai accepté l’amputation et demandé le Sacrement des malades. Je l’ai reçu et cela m’a aidé. Je pensais d’abord à L’Esprit-Saint, mais par Anizan, puis j’ai dit : « Faites de moi ce que vous voulez ».
Je sais que par le Père Anizan, Dieu m’a fait un nouvel appel et ma vie a changé. La spiritualité du Père Anizan me conforte et me pousse à aller de l’avant, me donne joie et bonheur. Je suis heureuse d’appartenir à la famille Anizan, je me trouve dans mon élément. Comme le Père Anizan « être apôtre et propagateur de la charité ». que doit être son bonheur de notre rassemblement fraternel international à Lourdes (2008), à son image et à sa gloire ! Cela fait partie de ces joies inoubliables.
Interview de Pierrette LAURENT (Le Mans)
Par Marie-Juliette Gérard et Lucien Marratier fc
Extrait du Bulletin de la Fraternité n°49 – juin-juillet 2015 – « L’Esprit de Dieu m’a envoyé ! »
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