L’esprit du Christianisme par Joseph Moingt
Penseur et théologien du XXème siècle
Joseph Moingt a laissé une œuvre considérable à vrai dire peu abordable pour le grand public. Sauf peut-être un recueil de conférences données à des groupes de chrétiens inquiets quant à l’avenir de l’Église et du christianisme dans une société sécularisée, devenue indifférente à l’égard de l’Évangile.
Décédé le 28 juillet 2020 à l’âge de 104 ans, ce jésuite appartient au cercle très restreint de penseurs et théologiens chrétiens qui ont traversé la quasi-totalité du 20e siècle ; il témoigne de la rapide évolution culturelle de notre continent et en son sillage, de l’Église catholique aux alentours du concile Vatican II, et particulièrement depuis la fin du siècle dernier.
A la fin de sa vie, témoigne Christoph Théobald,
« Joseph Moingt vivait parmi nous comme si l’éternité était simplement dès maintenant ou, pour le dire avec les mots de saint Irénée, comme homme vivant en juste sur la terre, et qui oublie de mourir ».
Conforme en cela à ce qu’il croyait.
Référence à deux livres de Joseph Moingt sj
Ce coup de coeur pas comme les autres fera référence pour l’essentiel à deux livres, « l’Évangile sauvera l’Église » paru en 2013 et son livre testament « l’Esprit du christianisme » en 2018, qui reste difficile.
Toute sa vie sera tendue vers le souci de l’annonce de ‘la foi qui en revient toujours au magnifique et éternel reflet que se renvoient l’un à l’autre l’universelle fraternité des hommes et le paternel visage du Dieu de Jésus’. L’amour fraternel et le pardon offert gratuitement, voilà l’œuvre de l’Esprit de Jésus en nous :
« Nul homme ne peut être sauvé sans obéir à ces deux préceptes, ce qui aide à comprendre que ceux-là mêmes qui ne connaissent pas Dieu peuvent être sauvés rien que par le pardon et l’amour qu’ils donnent aux autres, puisque l’amour vient de Dieu (1e Jean), qui saura le reconnaître quand nous nous présenterons devant lui (Matthieu 25) ».
L’exigence de vérité de Joseph Moingt
Il avait en lui l’exigence de la vérité, transmise par des textes toujours à réinterpréter :
« La Tradition, la vraie, celle qui est vivante, n’est pas répétition, mais incessante innovation à la poursuite de la Vérité plénière vers laquelle l’Esprit Saint conduit les croyants ».
Ce théologien prête là une importance prépondérante à l’échange, à la communication, à la parole partagée ; il ne cessera de rappeler que l’institution religieuse, si incontournable soit-elle, ne peut se priver des paroles des chrétiens, car ils sont le peuple de Dieu tout entier peuple de rois, de prophètes, de prêtres. Il rappelle que l’Église a fonctionné deux siècles sans la hiérarchie que telle nous la connaissons. Il ne peut se résoudre à voir tant d’hommes et de femmes qui réfléchissent leur foi s’éloigner des paroisses dont le fonctionnement ne leur convient pas, ils sont fatigués des mots creux accumulés au cours des siècles qui en rajoutent au malheur du monde. Qu’ils se retrouvent, partagent sur leur foi en communautés de croyants. Et qu’ils entrent en dialogue avec tous les autres hommes, ce monde exigeant qui croit en la raison et qui sait douter. « Le doute est partie intégrante de toute recherche de vérité et de toute relation humaine ; je vois mal comment la foi pourrait y échapper ; la foi est ‘abandon de garantie’, cela s’apprend dans l’Écriture et la prière. »
La question de Dieu nous tourne vers les hommes et vers leur histoire
La raison certes, mais aussi les questions très concrètes que se pose tout être humain sur le sens de sa vie, sur ce qu’il doit faire. Ici, la question de Dieu ne nous tourne pas vers les cieux, comme le font toutes les religions, mais vers les hommes et vers leur histoire. La vraie religion de l’Évangile est celle qui fait vivre Dieu
« au coeur de l’humanité, dans cet espace spirituel structuré par des relations de charité. Son coeur palpite là, au coeur de notre histoire humaine. »
Gérard Marle fc
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