Histoire du gauchisme, l’héritage de Mai 68 par Philippe Buton

15 Oct 2021 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Perrin

Histoire du gauchisme, l’héritage de mai 68 par Philippe Buton

Le gauchisme, une formidable formation à la vie politique

La génération gauchiste n’est pas de l’histoire ancienne, pour preuve ce livre de Philippe Buton après une longue enquête auprès des principaux leaders et une lecture tant des journaux de la galaxie gauchiste que des archives des services de police. Le lecteur qui avait vingt ans en 68 trouvera sûrement des noms connus. Et la première découverte de ce livre d’histoire contemporaine est de constater que nombre de dirigeants de ce mouvement bigarré à souhait se sont recyclés dans cette société dont ils annonçaient la fin; on les retrouve dans le journalisme ainsi Edwy Plenel, au CNRS, politistes (Sciences Po) ou dans l’Administration, on ne compte plus ceux et celles qui sont devenus permanents au parti socialiste, députés ou sénateurs verts, voire Premier ministre – Lionel Jospin fut membre de la très trotskiste OCI. A croire que le gauchisme fut une formidable formation à la vie politique, jamais reniée par les intéressés.

Philippe Buton dénombre les organisations depuis 1970

L’histoire du gauchisme politique s’étire tout au long des années 70, il mêle les organisations anarchistes, trotskistes et maoïstes et quelques autres, certaines furent dissoutes, d’autres se sont dissoutes comme la Gauche Prolétarienne (GP) en 1973. La liste des journaux donne une idée de ce foisonnement : Philippe Buton en dénombre 5 pour les anarchistes, 10 pour les trotskistes, pas moins de 32 pour les maoïstes, et 7 divers dont le PSU. Certains groupes ont trouvé une forte influence dans le milieu étudiant, comme la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). La GP a cherché à s’implanter en classe ouvrière par l’envoi de centaines de militants au travail et ces « établis » ont eu un poids non négligeable dans le mouvement syndical et ouvrier.

L’année 75 les a vu basculer vers la démocratie

Selon Philippe Buton, l’année 75 a vu basculer vers la démocratie des organisations que ne l’étaient guère. La GP, elle ne fut pas la seule, a cru vraiment que le moment de la Révolution était arrivé, et assez vite, elle a conduit des actions violentes qui devaient préparer le Grand Soir et la dictature du prolétariat, mais aucune formation gauchiste n’a basculé dans le terrorisme, comme en Italie et en Allemagne. Les raisons en sont multiples, ces groupes que l’on peut qualifier de sectaires, tant ils exigeaient un engagement total, ne l’étaient pas absolument, il y avait la vie des gens, les traditions d’une France à dominante éthique chrétienne, et le désenchantement à l’égard des modèles staliniens assassins dénoncés par l’archipel du Goulag. Après s’être convertis au marxisme-léninisme le plus dur, ils ont vécu une autre conversion, vers une orientation politique qui ne croit plus au Grand soir ni aux vertus de la violence politique et qui accepte la lenteur de l’histoire et le travail quotidien et fastidieux, syndical par exemple.

Si le gauchisme politique fut éclaté, il baignait dans un « gauchisme culturel » beaucoup plus fécond. Ils furent les premiers à porter la cause des femmes et celle de l’écologie, à porter les luttes des OS et des migrants. Ils ont remis en cause le modèle « fordien » des grandes entreprises et favorisé l’éclosion de nouvelles formes de type coopératif. Ils ont gauchi le parti socialiste. Ils nous ont aussi laissé durablement une défiance mortifère à l’égard de toutes les institutions, et tous n’ont pas perdu l’aptitude à manipuler à l’occasion telle assemblée générale.

Il leur fallait sortir un jour de cette situation schizophrène qui les faisait militer dans des organisations au fonctionnement centralisé et autoritaire alors qu’ils étaient les enfants d’un mai 68 festif, dépoussiérant une France gaulliste corsetée et vieillotte, filles et fils d’une génération qui voulait vivre d’une liberté débridée au départ et joyeuse.

Gérard Marle fc

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ajouter de la vie aux jours par Anne-Dauphine Julliand

“J’écris le lien. J’écris ce qui nous maintient. J’écris la vie” écrit Anne-Dauphine Julliand qui cherche comment la vie peut continuer ?

Quand le chômage change les rapports sociaux

La personne au chômage décide des mises à plat régulières pour ne plus attendre les réajustements de son plan de carrière professionnelle.

La patience des traces par Jeanne Benameur

Comme Jeanne Benameur l’auteure de ce livre, nous ne savons pas ce que produisent chez les autres nos paroles, nos écrits et nos gestes.

Un site internet dédié au Jubilé 2025

Ce 24 décembre 2024 l’Eglise Catholique rentre dans une année de jubilé et de grâces jusqu’au au 6 janvier 2026

La vidéo du Pape François, prier chaque mois en Église

La Vidéo du Pape François diffuser les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Église.

Noël : refaire le plein d’espérance !

La question qui nous est posée en cette fête de Noël est :”Qu’est-ce que je peux faire pour que la vie soit meilleure autour de moi ?”

Les Fils de la Charité au Canada : la première décennie (1950-1959)

En 1950, les Fils s’implantent au Canada. Ils apportent un souffle nouveau et la charité dans les paroisses qui leur sont confiées.

Témoignage de Ramón García Misa fc lors de ses voeux

Ramón García Misa fc vient de renouveler sa profession religieuse et témoigne de son parcours à Cuba, Etats-Unis et Colombie.

“Marie, telle que vous ne l’avez jamais vue” par Anne Soupa et Sylvaine Landrion

Anne Soupa et Sylvaine Landrion dévoilent un parcours biblique passionnant de femmes “fortes” de la Bible, dont Marie se détache.

Vie des communautés Fils de la Charité dans le monde

La vie des communautés au Brésil, Colombie, Côte d’Ivoire, Espagne, France, Italie, Mexique, Philippines, Portugal, RDC, République du Congo.

Share This