L’Église à la rencontre de l’autre par Laurent Villemin
Dialogue avec les autres confessions chrétiennes
Laurent Villemin a consacré l’essentiel de son ministère de prêtre et de théologien à l’enseignement et à la recherche à l’Institut catholique de Paris. Décédé à l’âge de 53 ans, il laisse un certain nombre de contributions profondément enracinées dans la foi telle qu’elle est vécue en actes aujourd’hui, sans jamais oublier les interrogations des hommes, qu’ils croient ou croient autrement. Laurent Villemin était diplômé en sociologie, en philosophie et en droit canonique ; il aimait le croisement de ces différentes disciplines. Dans ce livre, les professeurs Gilles Routhier et François Moog présentent dix-sept articles déjà publiés, sous quatre têtes de chapitre, Vatican II, Ecclésiologie, Institutionnalité et Ministères. Il a beaucoup investi dans le dialogue avec les autres confessions chrétiennes.
Laurent Villemin regrettait que son Église ait si peu la culture du débat
C’est dire qu’il est possible de picorer dans ce livre tel ou tel article, sans se laisser impressionner par les titres. Il avait une manière de faire de la théologie en fonction des questionnements de l’autre, à savoir les étudiants, les autres chrétiens, les sociologues et autres encore, d’où le titre de ce recueil. Lucide, Laurent Villemin manifestait une grande bienveillance pour celles et ceux avec lesquels il débattait ; il regrettait que son Église ait si peu la culture du débat ; il en va pourtant de sa crédibilité et de sa mission. Comme le Christ, s’asseoir au bord d’un puits et entamer la conversation, écouter l’autre avant de parler, recevoir avant de donner. « Le grand problème de notre société et dans notre Église, c’est la relation à l’autre ».
« Ami critique du Concile Vatican II »
« Ami critique du Concile Vatican II », il donne à voir que « l’Église est la forme institutionnelle de la fraternité évangélique » ; il n’est pas question de parler de l’Église sans l’enraciner dans l’Évangile et la foi des chrétiens révélée au long des âges par les bâtiments que sont les églises, par les musiciens et l’incontournable souci des pauvres. Il dit tranquillement que nos institutions sont historiques, qu’elles évoluent : « Ça n’a pas toujours été comme ça » disait-il comme un refrain, et il ne s’en émouvait pas. À la question « le concile a-t-il vidé les églises ? » Laurent Villemin répond que la situation serait bien pire si le concile n’avait pas eu lieu, notant une même désaffection du culte chez les autres chrétiens qui n’ont pas vécu de concile.
Nous goûtons ensemble la Parole de Dieu
Le texte quelque peu critique sur la liturgie ne doit pas nous faire oublier que, pour lui, Vatican II a remis au centre de nos liturgies la Parole de Dieu, c’est cette Parole qui nous convoque, qui nous rassemble, que nous recevons ensemble, que nous goûtons ensemble. Elle est d’une richesse infinie, aujourd’hui comme hier.
La question de l’autorité et des ministères dans l’Église, le devenir des paroisses, leurs relations avec les mouvements dits charismatiques, les différents courants qui peuvent se revendiquer du concile, la place de Marie dans la piété de l’Église, l’auteur explique, désamorce d’éventuels conflits entre options différentes ; ce n’est pas un livre militant.
Que fait du concile le pape François ? « J’ai été frappé par son discours le jour de son élection à la loggia. En insistant sur le fait qu’il est avant tout l’évêque de Rome, il met en actes la constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium. C’est en vertu du rôle spécifique de l’Église de Rome, qui « préside dans la charité » aux autres Églises locales, qu’il exerce un ministère d’unité au plan de l’Église universelle. Lorsqu’il demande que l’on prie pour lui, il redonne toute son importance à cet acte fondamental qu’est la prière de tout le peuple de Dieu. »
Gérard Marle fc
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