Dialogue entre frères chez les « Anciens »
Fils de la Charité, nous sommes une quarantaine à avoir dépassé le cap des 75 ans. Certains parmi nous sont membres d’une équipe en paroisse, d’autres y vont une partie de la semaine, d’autres encore font partie de la communauté St Joseph des anciens à Issy-les-Moulineaux. Pour chacun l’avancée en âge oblige à franchir des étapes qui permettent de se redire à soi-même le oui fondateur de notre vocation.
Quand sonne la retraite
C’est le même constat partout en France, nous vivons plus longtemps et généralement en bonne santé. Quand l’âge de la retraite a sonné (75 ans pour les religieux et prêtres), faut-il accepter de se dessaisir d’une partie de notre mission quand nous nous sentons toujours bien dans notre peau ? Comment assumer le vieillissement, l’avancée en âge pour imaginer une autre façon d’être Fils de la Charité au cours de nos dernières années ?
Libre parole
Nous avons eu la chance de nous retrouver tous en février pour échanger sur l’avancée en âge, la façon de continuer à vivre pleinement notre mission de Fils de la Charité en tenant compte des santés, des handicaps, de l’âge et surtout des désirs de chacun continuer à vivre de façon heureuse. Une journée de « Libre parole » accompagnée par un médecin gériatre pour nous éveiller aux phénomènes de l’avancée en âge.
Il est vrai pourtant que les difficultés sont aussi au rendez-vous. Tiraillements entre désirs de servir toujours et handicaps divers en raison des âges avancés pour certains parmi nous :
« J’avais pensé que je pourrais revenir un peu dans une paroisse. Mais je dois accepter de vivre autrement dans une plus grande pauvreté où on n’est plus maître de sa vie. Ce détachement est douloureux mais peut être une grâce tant au plan individuel qu’en relation avec notre vocation. »
« Que de renoncements à vivre : quitter la pastorale, entrer dans une communauté d’anciens, abandonner la voiture, ne plus pouvoir prendre le métro ou le bus, ne plus pouvoir sortir en ville, perdre l’équilibre et la marche, être obligé de se faire aider, ne plus pouvoir chanter, ne plus pouvoir présider l’eucharistie… j’ai du mal à accepter tout cela. Pourtant je suis conscient de la chance que nous avons de vivre au sein d’une communauté Fils de la Charité. Nous nous connaissons bien et nous vivons la fraternité. »
Mais quand c’est possible d’autres frères affirment :
« Je désire continuer à vivre dans un quartier populaire, rester intégré au milieu des déshérités jusqu’au bout. C’est bien ainsi que je conçois mon avenir. »
L’avancée en âge nous entraîne à vivre bien des passages, accepter progressivement de se dessaisir, quitter le peuple des petits auquel toute notre vie est consacrée, réinvestir notre mission de Fils de la Charité d’une autre façon mais toujours en fidélité à ce Dieu qui nous tend les bras.
Que nous soyons laïcs dans les quartiers, religieux en paroisse ou en communauté d’anciens, quand l’âge nous rattrape, trouvons ensemble les chemins d’une vie donnée dans la confiance.
Jean Guellerin fc
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