Jésus, l’homme de la rencontre par Mgr Claude Rault
Claude Rault, sous le signe de la rencontre avec le peuple algérien
La vie et le ministère de Claude Rault, « Père Blanc », se déroule sous le signe de la rencontre, celle qu’il a vécue durant près d’un demi-siècle avec le peuple algérien, en parcourant pistes et routes de l’immense Sahara algérien dont il fut évêque de 2004 à 2017. « La mission, et plus particulièrement en pays fortement marqué par l’Islam, est essentiellement le rayonnement de l’Amour fraternel » écrit Claude Rault. La mission vécue comme rencontre de l’autre, rencontre marquée par la gratuité, rencontre d’où naît l’amitié avec ceux et celles auxquels il a été envoyé, amitié qui trouve sa source dans l’amitié du Christ pour ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis. » (Jean 15,15).
La lecture de l’Évangile de Jean nous conduit de rencontre en rencontre ; Claude Rault y voit « une pédagogie de la rencontre ». Christophe Roucou, prêtre de la Mission de France, termine ainsi la présentation de ce livre : « Quel que soit le lieu où nous vivons, les rencontres ne manquent pas. Ce livre nous invite à les vivre à la suite et à la manière de Jésus, sous le signe de l’amour, de sa gratuité, de sa pauvreté, et d’un regard qui sait voir en l’autre un don de Dieu. »
Nous sommes « des traceurs de route, humbles cantonniers de Dieu »
Les livres sur l’Évangile de Jean ne manquent pas. Parmi eux les deux tomes de Pierre-Marie Hoog, jésuite, sous le titre « Pour que vous croyiez » (éditions Vie Chrétienne, 2015) sont passionnants. J’ai trouvé une autre fraîcheur dans ce livre constitué de 16 chapitres, qui sont autant d’interventions données lors d’une retraite prêchée par Claude Rault à une communauté de moines cisterciens du Québec. Au début, il est question de chemin. Plutôt de sentier, de celui que nous traçons tous les jours, parfois dans le désert et sans trop savoir où il conduit ; certains disent qu’il n’y a pas de chemin, que le seul chemin, ce sont nos pas qui le font, d’autres croient qu’il y a déjà, le long des versants, de nombreux petits sentiers tracés par les troupeaux et les hommes ; à force de passer et de repasser, ils ont laissé un sentier.
Nous sommes à notre tour « des traceurs de route, humbles cantonniers de Dieu ». Nous avons l’impression de prêcher dans le désert, de perdre notre temps, de marcher en vain. À quoi bon persévérer. C’est notre fidélité, mêlée de confiance et de gratuité dans les relations, qui trace un chemin que d’autres emprunteront ; nos pas n’en finissent pas de laisser une trace.
Du Baptiste, Claude Rault ajoutera qu’il est celui qui se laisse distancer, qui s’efface devant Celui qui vient parce qu’« avant lui Il était » : le cousin n’est plus le cousin, il est la présence de Dieu même, un Dieu différent, qui brise nos certitudes et nos images de Lui ; on n’en a jamais fini avec Lui ; le chemin toujours.
Dans le dernier chapitre, le Ressuscité vient à la rencontre de ses disciples. L’un l’a trahi, l’autre renié, tous l’ont abandonné, tous ont fui. Pierre ne peut que reconnaître la pauvreté de son amour, mais son chemin n’est pas une impasse : à nouveau le Maître lui dit : « Suis-moi ».
Un amour qui seul pourra sauver le monde
Le véritable amour ne meurt pas, il existe partout, que nous soyons ou non baptisés. Claude Rault termine en racontant une anecdote : il était professeur dans un collège de filles en Algérie. Un jour quatre de ses élèves vont lui demander de se convertir à l’Islam : « Je respecte tout le monde mais je ne me convertirai pas. » « Eh bien tu iras brûler en enfer ! » dit l’une. Aussitôt, une autre s’avance, la regarde puis le fixe dans les yeux et déclare : « Eh bien ! Si moi je suis dans le Ciel et toi en enfer, je te promets que je descendrai en enfer pour aller te chercher ! » Au-delà de nos dogmatismes et de nos affirmations sécurisantes, il y a cet amour qui seul pourra sauver le monde.
Gérard Marle fc
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