« Être juif et polonais après 1945 » par Joanna Kubar

21 Août 2023 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Le Bord de l’eau

« Être juif et polonais après 1945 » par Joanna Kubar

Ce soir-là, nous étions quelques privilégiés à entendre Joanna Kubar parler de ce livre. Un évènement familial l’a conduit à écrire, comme pour s’expliquer avec ses enfants surpris de voir leur mère, scientifique reconnue, investir dans des études religieuses.

Les nazis n’ont pas tué tous les Juifs de Pologne ?

Ce livre de Joanna Kubar répond à trois principales questions, difficiles à entendre. « Vous êtes française, mais à votre accent, vous seriez polonaise ? » – « Non, je suis Juive polonaise. » – « Donc, les nazis n’ont pas tué tous les Juifs de Pologne ? Et pourquoi vos parents sont-ils restés dans une Pologne profondément antisémite ? » Lorsque les pays d’Europe occidentale expulsaient les Juifs, explique-t-elle, ceux-ci se réfugiaient à l’Est et ils y étaient chez eux : « La Charte générale des libertés juives, publiée en 1264, servira à définir la situation des Juifs en Pologne et conduira à la création de la Nation juive autonome de langue yiddish qui perdurera jusqu’en 1795 […]

A partir de 1918, lorsque la Pologne est redevenue indépendante après 150 ans de démembrements et d’annexions successives, on a vu l’explosion de la haine anti-juive, à tous les niveaux de la société polonaise et en particulier dans les universités. Pourtant au cours de la même période la contribution de l’intelligentsia juive à la culture polonaise fut essentielle. » La période communiste fut globalement meilleure mais elle a entraîné une hostilité antijuive accrue. Sa famille est restée.

« Avant la guerre, écrit-elle, plus de trois millions de Juifs habitaient en Pologne. Environ 300 000 Juifs sont partis en Union soviétique en septembre 1939, date de l’invasion allemande. Après 1945, le plus grand nombre de Juifs habitant en Pologne qui a pu être établi date de juin 1946 et s’élève à environ 220 000. Parmi eux environ 170 000 Juifs sont ceux revenus en Pologne de l’Union soviétique, dont mon père, et environ 50 000 sont des personnes sauvées – les partisans et les personnes cachées du côté aryen, dont ma mère. »

Mais le cœur du récit est ailleurs. Il s’agit d’histoire et du destin, en conséquence, de la religion – au sens large. A la question, « qu’est-ce un Juif ? » il n’y a pas de réponse unique, définitive ». Son premier lien à la communauté, est celui du « sang versé », presque toute sa famille a été assassinée.

Récit d’un itinéraire

Le chapitre 2 est un magnifique récit de son itinéraire. Au départ, des discussions à Jérusalem avec une cousine et son mari rabbin qui l’introduisent à la célébration du shabbat, « une expérience unique, faite de louange, un avant-goût d’éternité, un art ». Avec le rite, l’étude. Le rabbin Hillel – un contemporain de Jésus – expliquait à un païen qui souhaitait se convertir : « Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fît, ne l’inflige pas à autrui. C’est là toute la Torah, le reste n’est que commentaire. Maintenant, va et étudie ». Cela, de génération en génération et quoi qu’il arrive.

Un livre d’amour pour les parents de Joanna Kubar

Joanna Kubar n’en rajoute sur la part de l’Église catholique dans l’antijudaïsme dont elle a souffert, mais qu’elle ne nie nullement. Ses parents étaient tous deux éditeurs et journalistes, son père a connu plusieurs années de prison pour avoir été militant communiste, ils sont restés en Pologne parce qu’ils voulaient un monde de justice ; une réalisation de l’espérance messianique juive ? La question reste ouverte.

Aujourd’hui sa mère vit aux Etats-Unis et son père est resté en Pologne. Elle-même vit et travaille en France depuis 1968.
Une amie a dit de ce livre qu’il était un livre d’amour pour ses parents. Je crois que c’est vrai.

Gérard Marle fc

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vers une nouvelle loi sur l’immigration

Cette vingt-deuxième loi sur l’immigration peut apporter des réponses heureuses. Mais nous attendons davantage de nos politiques.

Pèlerinage et consécration du sanctuaire Saint-Jean-XXIII (93)

Rentrée 2023 l’église Saint-Jean-XXIII, juste à côté de Notre-Dame-des-Anges à Clichy-Sous-Bois (93) a été consacrée par Mgr Delannoy.

L’enragé par Sorj Chalandon

Sorj Chalandon donne à voir combien la soif de dignité et de liberté peut réaliser l’impossible : faire renaître à une pleine humanité.

En cheminement de formation chez les Fils de la Charité

19 jeunes sont en formation dans notre congrégation, répartis sur les quatre continents où nous vivons notre mission de Fils de la Charité.

Le père Moïse célèbre ses 25 ans de sacerdoce à Clichy-sous-Bois

Moïse N’Guetta fc remercie le Seigneur pour ces 25 ans de fidélité à sa suite, au cœur du peuple des croyants, dans le sacerdoce.

« Immigration : le grand déni » par François Héran

En 2023, le Parlement débat sur la 22e loi sur l’immigration. L’étude de François Héran peut aider à porter un regard ajusté sur la réalité.

Projet T’ : 2ème représentation à Issigeac (24) le 26 août 2023

Nous sommes très reconnaissants des moyens déployés à Issigeac pour accueillir notre troupe du Projet T’ et la visite du domaine viticole.

La vidéo du Pape François, prier chaque mois en Église

La Vidéo du Pape François diffuser les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Église.

« Paul de Tarse » par Daniel Marguera

Avec Daniel Marguerat on peut alors oser rêver d’une même liberté créative de Paul qui prendrait en compte les réalités locales.

Témoignage vocationnel de José Abraham au Mexique

Témoignage vocationnel de José Abraham Del prado Lima au Mexique Je suis José Abraham Del prado Lima, originaire d'Ocoyoacac, dans l'État de Mexico, à la périphérie de la ville de Toluca. J'ai 30 ans et je suis en troisième année de théologie à l'Université...
Share This