D’une table à l’autre
La désacralisation d’une église est un événement rarissime. C’est ce qui s’est passé à Valenciennes. La chapelle abritera désormais un nouveau service : un Accueil de jour et une domiciliation postale pour 700 personnes démunies, accompagnés par l’association MIDI-Partage.
Une dernière messe, probablement
Nous étions nombreux ce samedi 17 octobre 2015 à nous rassembler dans la chapelle Saint-Joseph, nombreux d’horizons divers, paroissiens du secteur, équipe d’animation et familiers de MIDI-Partage, et sans doute d’autres horizons.
Rassemblés pour une messe, probablement la dernière de l’histoire de la chapelle qui avait été bénie le 6 février 1910 , mais riche de signification et chargée d’émotion.
D’une table à l’autre
Car il s’agissait bien de passer le relais entre le lieu de culte et le lieu d’accueil de Midi-Partage, et la célébration était toute imprégnée de cette transmission.
L’évocation, par une paroissienne, de l’histoire de la chapelle et de la personnalité des prêtres qui se suivirent, dont l’un célèbre pour son vélo, les anecdotes de Francis sur son enfance et le catéchisme, le sens donné à la liturgie par Xavier et Jean. Le temps fort fut en fin de messe, le dépouillement de la table “eucharistique” par les célébrants et les diacres et son revêtement par la nappe du repas d’accueil de MIDI-Partage.
La bénédiction de la boule de pain et sa distribution dans l’assemblée invitait chacun à s’unir personnellement à ce nouveau service. J’ai perçu cette démarche comme un symbole très fort de continuité dans le passage “d’une table à l’autre”.
Le passage de relais
Et en ce jour, d’autres symboles peuvent s’exprimer.
Pour MIDI-Partage, association “nomade”, soumise aux aléas de son itinéraire, depuis la rue du Quesnoy, avec les multiples points de chute, les coups durs, l’incendie pour terminer son errance (nous le souhaitons !) dans une église.
Je ressens cet aboutissement comme un signe du caractère sacré du service du repas pour les plus démunis. En quittant son caractère sacré pour le culte, l’église le retrouve dans le service du frère démuni.
Et ce 17 octobre, journée du refus de la misère, pour laquelle nous étions réunis place d’Armes pour célébrer par l’expression des lycéens de Watteau, par des témoignages, par la présence de militants d’ATD et d’autres associations, le compagnonnage qui nous unit dans la lutte contre les différentes formes de misère, compagnonnage en terme d’espérance. Nombreux participants se retrouvaient à la chapelle comme un prolongement naturel.
Voilà quelques symboles, mais peut-être peut-on en ajouter d’autres. Je dédie ces réflexions aux acteurs de ce passage : les prêtres qui ont célébré (Xavier, Jean et Frédéric), les diacres présents, les paroissiens (Francis, etc), toute l’équipe présente de MIDI-Partage (dont Jean-François, François, Dominique, Philippe, Olga), Philippe pour la Croix du Nord et et tous les amis.
Raphaël Séverin
0 commentaires