Daniel Godefroy fc est décédé ce dimanche 11 décembre 2022
Le Supérieur des Fils de la Charité et sa famille, font part du décès
du Père Daniel GODEFROY
le 11 décembre 2022, à 70 ans.
La messe de sépulture aura lieu le vendredi 16 décembre à 14h30
en l’église Saint-Etienne d’Issy-les-Moulineaux,
suivie de l’inhumation au cimetière
d’Issy-les-Moulineaux (92130).
I. Daniel remerciait Dieu de lui accorder une nouvelle vie
Emmanuel Say fc, supérieur général, actuellement en visite canonique au Portugal, témoigne que Daniel lui disait il y a quelques jours à peine : qu’il remerciait Dieu de lui avoir accordé de nouveau la vie. Il était préoccupé de savoir comment allait se faire la poursuite de ses soins à Madrid. Il était si confiant et si enthousiaste à l’idée de repartir pour la mission…
Un portrait de Daniel Godefroy fc est en cours de rédaction avec les témoignages des uns et des autres.
II. Daniel Godefroy fc a passé 22 ans aux Philippines
En attendant nous publions le témoignage de Daniel paru ce mois de novembre 2022 dans la newsletter de l’association Erda où il a servi.
Le Père Daniel Godefroy a été envoyé par sa congrégation, les Fils de la Charité, à Manille il y a 22 ans au service des plus pauvres du bidonville de Loura. Il témoigne ici de la difficulté de vivre, voire survivre dans la misère, mais aussi des liens très forts qu’il a tissés avec ce peuple attachant et courageux.
“J’ai été attiré par la vie au service des pauvres, en tant que Fils de la Charité”
Les Philippines, c’est l’Asie, le plus grand et le plus peuplé de tous les continents. Un continent si diffèrent de l’Europe, de l’Afrique, de l’Amérique. Un dépaysement à cause des modes de vie, des langues si différentes de celles que nous connaissons. Les Philippines c’est un pays du Tiers Monde, un pays où beaucoup de gens vivent très pauvrement. Les Philippines ce sont des îles au nombre de 7200, un climat tropical, une autre manière de vivre. C’est aussi le seul pays à majorité catholique dans toute l’Asie. Depuis mon adolescence, c’est-à-dire depuis le début de ma vocation, à cause de la vie de Jésus prêchant au milieu des pauvres, j’ai été attiré par la vie au service des pauvres : en tant que Fils de la Charité, vivre ensemble nos services liturgiques et notre solidarité.
Un pays de contrastes
Ce que j’ai découvert : c’est un pays de contrastes. La richesse insolente côtoie la grande pauvreté. Un pays de toute beauté : des plages, des mers chaudes, des montagnes, des terrasses de riz… La gentillesse des gens… Les aléas climatiques : une moyenne de 25 typhons par an, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques… J’ai surtout découvert la foi des gens : Même dans la grande pauvreté, ils ont une attitude positive. Dieu est intégré à leur vie : il donne de la beauté à leur vie, de la dignité, une belle humanité. La mort n’est pas vécue négativement. Ils veulent toujours voir le positif. Leur vie de famille est un trésor.
Les pauvres n’ont rien, mais ils sont généreux
Les témoignages des gens m’ont marqué pendant ces 22 années : Les pauvres n’ont rien, mais ils sont généreux : que de partages dont j’ai été témoin. Ils vivent la solidarité devant les épreuves et les catastrophes de la vie ; Ils sont résilients devant les drames climatiques. Ils recommencent… Ils attendent peu de choses de l’Etat. Par exemple les adoptions sont très nombreuses après des décès de parents ou des drames familiaux ; Ils cherchent des solutions dans les familles.
Arlène et sa famille ont été arrachés à leur province après deux typhons et arrivent sur Quezon City. Après un temps de recherche et même de déprime, ils découvrent une communauté et ils s’emploient à donner de leur temps pour construire une chapelle et une communauté chrétienne… Nick venait d’une famille pauvre et rêvait de devenir riche. Il a fait une formation sociale, a vécu avec les pauvres dans un des quartiers les plus délaissés de Manille, puis il est retourné dans son île et il a créé une communauté de jeunes laïcs qui voulaient associer leur amour de Dieu et le service des pauvres de leur quartier.
Je suis devenu ami avec plusieurs handicapés : il faut donner beaucoup d’attention à un enfant handicapé pour le valoriser et lui faire goûter le prix de la vie. J’ai découvert que des enfants handicapés ou “spéciaux” comme on dit, sont une “bénédiction de Dieu” car Dieu nous invite à donner beaucoup de temps et d’attention à la vie de chacun.
Nous n’avons qu’une vie et notre vie est une semence
J’ai découvert que notre vie est une semence : une graine peut rester seule, inutile ; mais si on la plante et en prend soin, elle se développe et donne à son tour des fruits. Nous n’avons qu’une vie et notre vie est une semence. N’ayons pas peur de la perdre : elle va mourir, mais la joie est immense lorsque nous donnons de la vie et de l’espoir à ceux qui nous entourent parce que nous avons osé risquer…
Mon séjour aux Philippines a renouvelé ma conception et mon attachement à Dieu, à Jésus, à Marie. Leur amour a changé ma vie, l’a embellie et lui a donné une nouvelle dignité. Je ne pourrais plus vivre sans Dieu : sans Lui, la vie est sans saveur et se réduit à la recherche du matériel, du plaisir, du confort… Mais Dieu c’est un Grand Amour : on ne peut pas vivre sans amour. Aux Philippines, j’ai découvert que Dieu est caché dans la vie des pauvres. Il faut ne pas avoir peur de les approcher, de les aimer, de vivre avec eux… Et peu à peu, à travers eux, Dieu nous révèle un secret, celui de sa présence… Plusieurs fois j’ai été témoin de personnes pauvres au moment de leur mort. J’ai eu le sentiment que Dieu s’approchait d’eux, tout près, pour leur donner sa paix et sa joie, au moment où ils entraient dans l’invisible… Jésus a donné sa première béatitude au présent : “Heureux les pauvres de cœur…” Aux Philippines, nous la traduisons : « Heureux ceux qui n’ont pas d’autre espoir que Dieu, car Dieu est pour eux. »
L’Amour de Dieu et le service des pauvres
En tant que Fils de la Charité, notre fondateur le Père Anizan nous a laissé deux passions : l’Amour de Dieu et le service des pauvres. Ces deux réalités sont un peu cachées et oubliées dans le monde d’aujourd’hui : Dieu ? on peut vivre sans lui ou être indiffèrent à son existence. Les pauvres ? Ils ne comptent pas dans les décisions politiques, économiques, sociales… Notre mission en tant que Fils de la Charité, c’est de donner de l’importance à ces réalités si grandes de notre monde que l’on oublie. Et Dieu nous comble de joie, comme il m’a comblé pendant ces 22 années aux Philippines.
J’ai écrit un livre sur ces découvertes, et spécialement pour faire connaitre de très beaux témoignages de gens rencontrés dans ce pays : Il sera, je l’espère, bientôt publié sous le titre : « Un prêtre au pays des typhons ! »
Daniel, novembre 2022
Nous sommes nombreux sur la paroisse de ste Thérèse au Mans à avoir connu et apprécié Daniel, son sourire, sa joie, son dynamisme et sa disponibilité. Personnellement je ne peux pas venir à la sépulture de Daniel aujourd’hui mais nous allons prendre un temps de prière pour lui la semaine prochaine à l’église ste Thérèse. En communion avec toute la
communauté des Fils de la Charité,
Samuel
Un grand merci de la part des Fils de la Charité
Il n’a pas pu me prévenir, et je ne découvre qu’aujourd’hui son départ. Un ami fidèle et proche qui savait lire dans les coeurs avec le regard de Dieu…
Oui, il espérait bien partir en Espagne. Comme saint Paul, apôtre infatigable du Christ Jésus. Proche des plus petits, des plus pauvres, qu’il avait décidé de servir en donnant tout, même sa vie.
Adieu père Daniel, voici venu pour vous le temps de grâce. Priez pour nous.
Cher ami, nous vous remercions pour votre message en ce jour anniversaire de Daniel, le premier sans lui.