L’origine des Auxiliatrices de la Charité
Un lien centenaire entre les sœur Auxiliatrices de la Charité et les religieux Fils de la Charité
Le père Anizan, après avoir fondé les Fils de la Charité, souhaitait une fondation avec des femmes qui pourraient collaborer à leurs œuvres et aller là où les prêtres ne pouvaient aller. Par les paroisses ouvrières il voulait atteindre toute la famille. Dans sa paroisse à Clichy, un petit groupe de demoiselles travaillaient dans cette perspective. Le projet a mûri jusqu’à prendre corps. Avec le père Josse, il a choisi, pour conduire le groupe, Thérèse Joly, une femme ayant eu une brève expérience au Carmel.
Notre devise : « l’amour du Christ nous presse » (2 Cor 5, 14)
La messe de fondation des Sœurs Auxiliatrices de la Charité s’est réalisée le 15 octobre 1926, à Paris. Il y avait là jeunes filles. Lors de son homélie, le père Jean-Emile Anizan présenta sainte Thérèse d’Avila comme « maîtresse d’oraison » et donna le Sacré-Cœur comme premier patron : « dans l’humanité de Jésus nous contemplons l’amour de Dieu, source de toute charité, se révélant aux hommes ». Puis notre devise : « l’amour du Christ nous presse » (2 Cor 5, 14).
Les sœurs Auxiliatrices de la Charité circulaient en bicyclette
Cette époque est marquée par le fossé grandissant entre l’Église et les travailleurs. Des chemins nouveaux se cherchent pour les rejoindre. Le père Anizan voulait que nous soyons « passionnées pour Dieu et pour le peuple ». Un journaliste nous a citées comme « défricheuses », « pionnières ». Les sœurs Auxiliatrices de la Charité circulaient en bicyclette, dans les quartiers pauvres des villes, visitant les familles, organisant des colonies de vacances, soignant les malades, catéchisant enfants et jeunes, annonçant la Bonne Nouvelle du Christ, de son Royaume.
Pour maintenir cette mission avec amour et audace, les sœurs vivaient une forte exigence de prière contemplative, une intense vie communautaire conforme au modèle de l’époque, jusqu’aux années 1961 en grandes communautés.
Nord de la France, Afrique, Portugal, Amérique Latine
Le groupe ayant grandi se déploya, toujours à l’appel des Églises locales : en 1949 vers le Nord de la France dans le pays minier, puis en Afrique (1961), au Portugal (1970), en Amérique latine (1985 et 1998).
La manière de conjuguer mission et contemplation a évolué avec de nouvelles pratiques discernées en Chapitre : petites communautés, prière à l’écoute de l’Esprit présent dans la vie du peuple, révision de vie, mission adaptée aux changements de société, option pour le travail salarié, liens forts avec les mouvements d’action catholique et la pastorale populaire.
Aujourd’hui le même charisme nous habite. Nos communautés et nos effectifs se réduisent, l’élan et l’audace missionnaire se déploient où que nous soyons en France dans les quartiers populaires, en lien avec les associations diverses existantes et au Portugal où nos sœurs, avec l’œuvre sociale Jean-Émile Anizan, viennent d’ouvrir une maison pour les femmes victimes de violence. L’Amour et la fidélité du Christ pour les foules, l’appel à travailler pour le Royaume, nourrit notre propre fidélité dans le quotidien de nos vies. Depuis avril 2023, nous vivons une « fraternité partagée » avec les Petites Sœurs de l’Assomption qui portent cette passion de Dieu près des familles ouvrières.
Les Soeurs Auxiliatrices de la Charité
Aux sources d’un lien centenaire
Alexandre Josse fc, Georges Vaugeois fc et Bruno Mayet fc
Peu après la fondation des Auxiliatrices, Émile Anizan en délègue la direction à Alexandre Josse (1877-1945). Ce dernier a été le bras droit du père Anizan dans cette fondation, il était son fils spirituel et jouissait de toute sa confiance. La timidité d’Alexandre Josse ne lui permit jamais de tenir un ministère : il se spécialise alors dans la confession et la direction spirituelle. Il assurait auprès des Auxiliatrices la double fonction de directeur spirituel et de confesseur, de la fondation jusqu’à la fin de sa vie. Il veille à ce que la congrégation, dotée de bases solides par le père Anizan, soit bien canoniquement reconnue et qu’elle persiste dans l’esprit insufflé par le fondateur. Deux autres Fils ont joué un rôle auprès des Auxiliatrices : Georges Vaugeois (1866-1954), qui était leur confesseur extraordinaire, et Bruno Mayet (1869-1935) qui était leur aumônier.
Tensions entre Charles Devuyst fc et Mère Thérèse Joly ac
Suite au décès du père Anizan en 1928, Charles Devuyst (1881-1931) lui succède comme supérieur général. Il mandate en 1929 Alexandre Josse pour diriger les Auxiliatrices selon leurs Constitutions. Des tensions apparaissent très vite entre le père Devuyst et la mère Joly. Plusieurs enjeux sont en cause, notamment la nature des relations entre les Fils de la Charité et les Auxiliatrices de la Charité, et donc l’héritage du père Anizan.
La disparition d’Alexandre Josse fc marque un nouvel éloignement entre les deux Instituts
Alexandre Josse poursuivit son ministère auprès des Auxiliatrices de la Charité, dont il était le supérieur ecclésiastique. Thérèse Joly voulait rendre son Institut plus autonome vis-à-vis des Fils de la Charité, tandis qu’Alexandre Josse, plus consensuel, cherchait à conjuguer l’héritage du père Anizan et les apports de la mère Joly. Le père Josse était très proche des Auxiliatrices, ses « chères enfants », sur lesquelles il avait une réelle influence. Sans faire d’ingérence dans le fonctionnement de la congrégation, il incarnait une présence constante et paternelle, leur écrivait régulièrement, les guidait et les accompagnait spirituellement, mais savait aussi les réprimander si nécessaire. Lorsqu’il tombe gravement malade, des Auxiliatrices de la Charité sont présentes pour le soigner, et elles sont venues nombreuses à ses funérailles.
La disparition d’Alexandre Josse marque un nouvel éloignement entre les deux Instituts, avant qu’ils ne se rapprochent dans les décennies suivantes. Le 26 octobre 2016 nous avons célébré les 90 ans de fondation des Auxiliatrices de la Charité.
Anaëlle Herrewyn, archiviste des Fils de la Charité
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