“Quand l’Intelligence Artificielle rencontre les religions : Perspectives pour l’Eglise Catholique”
Le 10 février 2025, la Conférence des évêques de France a organisé un colloque sur les relations entre l’Intelligence Artificielle (IA) et les religions, en mettant l’accent sur les perspectives pour l’Église Catholique.
Garantir l’utilisation éthique de l’IA
Mgr Denis Jachiet (Président du pôle Dialogue à la CEF) a souligné l’importance de garantir que l’Intelligence Artificielle soit utilisée au service de l’humanité et de la lutte contre la pauvreté, en se référant aux deux documents du Pape François sur les enjeux éthiques et sociaux de l’IA : “Antiqua et Nova” publié le 28 janvier 2025 et au message adressé le matin même au Président de la République Emmanuel Macron dans lequel le pape propose « la création d’une plateforme d’intérêt public sur l’IA pour garantir son utilisation au service de l’humanité et de la lutte contre la pauvreté ».
Formation sur ce « champ missionnaire émergeant »
Le père Laurent Stalla-Bourdillon (Directeur du Service pour les professionnels de l’information) a souligné l’engagement de l’Eglise exprimé lors du Synode sur la Synodalité : « les médias sociaux peuvent être utilisés par des intérêts économiques et politiques qui, en manipulant les gens, diffusent des idéologies et génèrent des polarisations agressives. Cette réalité nous prend au dépourvu et nous oblige à consacrer des ressources pour que l’environnement numérique soit un lieu prophétique de mission et de proclamation » (« Pour une Église synodale : communion, participation, mission » du 26 octobre 2024, n°113).
D’une part, il est important d’allouer des ressources pour assurer la présence de l’Eglise dans l’environnement numérique et d’autre part de ne pas transformer le contenu de la foi : « La culture numérique constitue une dimension cruciale du témoignage de l’Église dans la culture contemporaine, ainsi qu’un champ missionnaire émergent. C’est pourquoi il est nécessaire de veiller à ce que le message chrétien soit présent en ligne d’une manière fiable sans que son contenu ne soit déformé de manière idéologique. (…) Il est important que les institutions éducatives de l’Église aident les enfants et les adultes à développer des compétences critiques pour naviguer en toute sécurité sur le web » (n°149).
Débats sur les modèles d’Intelligence Artificielle pour les croyants
Les deux tables rondes étaient très instructives du fait de la qualité des apports et des angles choisis par les 4 experts. Les échangent étaient animés et fluides, organisés par Louis Daufresne (Journaliste et Rédacteur en chef de Radio Notre-Dame) avec l’intervention autorisé du public.
Gilles Babinet (Coprésident du Conseil National du Numérique et Digital Champion de la France auprès de la Commission européenne) et Louis Lourme (Docteur en philosophie, Recteur des Facultés Loyola Paris) étaient les invités de la première table ronde pour répondre aux questions : « Des Intelligences Artificielles pour les croyants : quels usages ? Quels impacts sur la vision de l’homme ? »
J’ai été frappée par l’humilié des experts, la diversité de leurs compétences dans ce domaine aussi vaste qu’opaque, quant aux intervenants mondiaux, aux techniques utilisées et à leurs intentions initiales et actuelles.
Lors de la seconde table ronde sur : « L’Église doit-elle développer des modèles d’IA? », Laurence Devilliers (Professeure en Intelligence Artificielle à Sorbonne Université, CNRS et Présidente de la Fondation Blaise Pascal) et Antoine Couret (Fondateur d’ALLONIA et ancien Président du Hub France IA) sont intervenus avec force.
J’ai apprécié leur capacité à synthétiser, à rendre accessible un sujet qui ne l’est pas et la volonté de débattre.
L’Église s’empare de cette question et heureusement, parce que les jeunes utilisent l’IA au quotidien, les techniques sont incluses avec fulgurance dans nos outils technologiques et transforment profondément nos manières de vivre : nous passons 7 heures par jour devant nos écrans TV, smartphone, ordinateur et « Avant l’on cherchait l’information, maintenant on demande ! ». Le rapport au temps a changé. La réponse est quasiment immédiate.
Les nouvelles générations l’utilisent pour obtenir un savoir sur la Foi. Lors du catéchisme il serait incroyable que les enfants disposent d’un magma de moulinage de textes plutôt qu’au corpus de la Foi catholique de la Bible et les textes patristiques et du magistère ! L’Eglise veut développer son propre modèle : introduire le corpus catholique en amont et travailler en aval à la véracité des réponses données.
Actions pour influencer le modèle
Les intervenants ont insisté pour démystifier l’Intelligence Artificielle en se l’appropriant, la tester, monter en compétences, mieux le comprendre et chercher à le faire. L’expérience de l’usage permet d’épouser la différence entre la pensée et le calcul ce qui met en valeur l’intelligence humaine.
Un des chemins pour éviter une trop grande dépendance serait de savoir revenir au réel, pour prendre du recul, aiguiser les consciences et mieux gérer la temporalité.
Il est primordial que les nations travaillent aux modèles de manière collective, mondiale, que le modèle soit « open source » c’est-à-dire rendu disponible pour accéder, modifier et partager de façon communautaire.
Il a été alloué de se concentrer sur la formation et l’éducation des jeunes générations qui croient plus volontiers l’IA qu’une personne de leur entourage. Une réponse instantanée est plus appréciée (« la récompense du sucre ») qu’un effort de réflexion et de pensée forcément plus chronophage et plus impliquant.
L’homme porte en lui un génie créateur que le robot assiste à partir de nos données et non l’inverse. Je relève aussi deux autres tyrannies : l’exploitation sans vergogne de la misère humaine et des ressources naturelles mondiales. Le documentaire d’Henri Poulain « Les sacrifiés de l’IA » (diffusé le 11 février 2025 sur France 2) révèle ces travailleurs de l’ombre exploités et sacrifiés, d’un système pas si autonome que marketé.
Florence Krasowski
Terminologie générale
- Intelligence artificielle : englobe les formes d’intelligence générés par les machines.
- L’apprentissage automatique (Machine Learning-Ml) : permet de d’améliorer les systèmes par l’expérience.
- L’apprentissage profond (Deep Learning) : utilise des réseaux neuronaux structurés comme le cerveau humain pour traiter des données complexes.
- L’IA forte : aurait des capacités cognitives comparables à celles des humains (pas encore une réalité)
- L’IA faible : fait référence à des systèmes d’Intelligence Artificielle qui accomplissent des tâches spécifiques.
Exemples de noms et de technologies
Les noms varient selon leur utilisation : assistants vocaux, robots, systèmes de recommandation et l’aspect technique de l’IA. Voici des exemples :
- ChatGPT : Un modèle de langage développé par OpenAI
- Watson : L’IA développée par IBM
- Siri : L’assistant vocal d’Apple
- Alexa : L’assistant virtuel développé par Amazon
- Cortana : L’assistant intelligent de Microsoft
- Google Assistant : L’assistant vocal développé par Google
- Bixby : L’assistant personnel développé par Samsung
- Tesla Autopilot : L’IA de conduite autonome de Tesla
- DeepMind : Une société de recherche en IA acquise par Google, connue pour ses progrès dans l’apprentissage profond.
0 commentaires