Le deuil bouscule. Le Christ était là, au milieu,
s’est-il servi de moi ? Ça aussi, ça bouscule!
Marie-Juliette Gérard, de la Fraternité Anizan d’Argenteuil, témoigne de la rencontre avec Sébastien lors de son deuil. Lors d’une préparation d’obsèques, elle a senti le Christ passer à travers elle pour qu’un fils puisse pardonner à sa mère.

En deuil, Sébastien parle de sa peine
Il s’appelle Sébastien, ce monsieur que j’ai reçu afin de préparer la sépulture de sa maman (91 ans). La conversation semble mal partie : “Ma mère n’a jamais aimé ses enfants. Elle voulait passer par l’église. La Résurrection, ce ne sera pas pour moi, je vais être incinéré”. En essayant de garder le sourire – mais pas trop, il ne faut pas qu’il pense que je me moque de lui – je dis au fond de moi: “Seigneur, j’ai besoin de toi! Je ne sais pas par où commencer!”.
J’ai proposé à Sébastien de dire ce qu’il a découvert de Dieu, ce qu’il a appris de Dieu… Sa réponse est venue assez vite: “Dieu, Allah, c’est pareil! Il y a des attentats au nom de Dieu, alors il ne sert à rien”. Puis il y a eu un silence. Sans l’avoir prémédité, je me suis entendue dire: “Je suis d’accord avec vous : ce Dieu ne sert à rien”.
Qu'en faisons- nous de cette liberté?
Son attitude a commencé à changer – c’était physique- son visage s’adoucissait, il a relevé la tête quand je lui ai dit: “Cela ne peut pas plaire à Dieu quand on se sert de lui pour tuer, injurier, écraser les autres”. Je n’ai pas pu m’appuyer sur l’Amour de Dieu semblable à l’amour d’une mère pour ses enfants, mais j’ai senti que le mot “libre” lui ouvrait des pistes de réflexion: “Dieu nous aime libres, nous, les hommes, qu’en faisons- nous de cette liberté?”.

Ma mère n'a jamais appris à aimer
En apparence, nous n’avions pas beaucoup avancé dans la préparation de la sépulture: que vais-je pouvoir dire de sa mère pour la présenter à Dieu, pour faire mémoire de sa vie aux personnes présentes dans l’église ? Et puis, il va falloir choisir des textes de la Bible ! Ce n’est pas gagné !
Je ne sais pas comment j’ai fait, je ne me souviens plus des mots que j’ai employés, mais je me souviens bien de ses dernières phrases à la fin de notre entretien :
“C’est incroyable, merci, merci. Je ne savais pas que des gens comme vous pouvaient exister. Tout ce que j’ai dit je n’en avais jamais parlé. Qu’importe ce que vous direz à l’église, ce sera bien. Peut-être que ma mère n’avait jamais appris à aimer.”

Le passage de Dieu
Je peux dire que cette rencontre m’a bousculée, je ne m’attendais pas à cela !
C’est même en posant les mots pour vous sur cet accompagnement dans le deuil que je réalise ce qui s’est passé. Il est clair que si l’Esprit-Saint ne m’avait pas guidée, ne m’avait pas donné les mots adéquats, je n’aurais pas pu être témoin de cela.
Il y a des attentats au nom de Dieu, alors il ne sert à rien
Je n’ai pas revu Sébastien, il m’a seulement laissé un message dans les jours qui ont suivi en disant : “J’ai besoin de vous dire merci”. Moi, j’ai eu besoin de remercier le Seigneur. La situation qui m’est venue à l’esprit : le Christ qui dessine par terre en attendant que les accusateurs de la femme pécheresse déversent leur haine. Les acteurs=Sébastien ? La femme=sa Maman? Le Christ était là, au milieu, il s’est servi de moi ? Ça aussi, ça bouscule !
"Le pardon, quèsaco"?
Extrait du Bulletin de la Fraternité n°63 – février 2020
“Pardon, la fraternité en actes”
Partie 1 : Pardon, don de Dieu…Quèsaco?
J’ai envie de vous dire
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