Il était une fois un cerisier…un Artenay

1 Déc 2023 | Chantiers | 0 commentaires

Auteur de l'article : Christelle Simonetti
Crédit photos : Christelle Simonetti

Il était une fois un cerisier…un Artenay

Artenay est une petite bourgade d’un millier d’habitants en 1853, aujourd’hui un peu moins de deux mille. C’est dans ce grand village du Loiret que naquit Jean-Emile Anizan, fondateur des Fils de la Charité. Dans son jardin, un beau cerisier. Christelle Simonetti, présidente de la Fraternité Anizan France, nous raconte !

Venu du calme de la région orléanaise

Imaginez-le, majestueux avec son feuillage bien vert en ce jour du mois de mai, son tronc bien enraciné dans le sol et sa sève continuant d’irriguer ce jardin d’une maison d’Artenay. Entre lui et moi, c’est le début d’une longue histoire. Cette maison n’est autre que celle où naquit Jean-Emile Anizan. Ce cerisier a accueilli ses jeux d’enfant : écoutez-le branches !

Ce jour-là donc, nous sommes venus avec Pierre Tritz à Artenay avec une idée en tête : favoriser la naissance d’une Fraternité en ce lieu. De retour chez moi, intriguée par cet arbre, je me précipite sur la bande-dessinée de Gaston Courtois où je retrouve le cerisier. Mais, je n’en reste pas là, je décide d’en lire l’intégralité et un détail va attirer mon attention : le père Anizan, aumônier des forains. Dans le même temps, je vais m’intéresser à ce qui se passe aujourd’hui dans les lieux où le père Anizan a vécu :
Artenay, Charonne, Verdun, Clichy.

De découvertes en découvertes

Un matin de juin, dans la presse locale, un article paraît sur une école d’Artenay qui vient de prendre le nom d’Eugénie Bonnefois, une inconnue pour moi. Mais de tempérament curieux, je me mets en quête d’en savoir un peu plus. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’Eugénie Bonnefois, foraine, avait fondé une école adaptée aux petits forains sur Paris dans la même période où le père Anizan s’y trouvait. Je me replonge alors dans la bande dessinée de Gaston Courtois et Eugénie Bonnefois y est nommée. Je fais part de mes découvertes à Pierre Tritz qui s’empresse de faire des recherches dans les archives des Fils de la Charité. Il y trouve des écrits du père Anizan sur les forains et un article de Chantiers de mars 1970 intitulé « Le père Anizan aumônier des forains ». Je contacte alors le musée du théâtre forain se trouvant à Artenay, rappelant le nom de l’école, pour leur parler du père Anizan et du lien avec Eugénie Bonnefois.

Nous décidons alors de retourner à Artenay où nous rencontrons le directeur qui nous attend : l’échange de part et d’autre est très enthousiaste. Nous lui déposons les fruits de nos investigations et nous lui offrons la bande dessinée La soif de Dieu. Les recherches se poursuivent pour savoir si Eugénie Bonnefois et le père Anizan se sont rencontrés, de fait un lien s’est noué autour de leurs retrouvailles à Artenay.

Jusqu’où peut aller la passion pour Dieu et pour le peuple ?

L’été se poursuit avec sa chaleur écrasante et je m’abriterais bien à l’ombre du cerisier qui entre temps a donné ses fruits ; mais d’autres chemins bien plus âpres vont s’offrir à moi, des chemins qui Chapelle de Noras à Olivet prennent aux tripes : Verdun. Le père Anizan y plus précisément dans le village de Damloup. Il en
repart en février 1916. Il n’a donc pas connu la bataille de Verdun en elle-même mais il a sillonné sans relâche ces chemins et ces villages par tous les temps. Il a partagé la vie des soldats, des villageois, leurs peurs, leur dignité ou ce qu’il en restait. Il a vécu cette inhumanité qu’est la guerre et c’est pourtant au milieu de celle-ci qu’il prononce pour la première fois le nom de « Fils de la Charité ».

C’est donc tout naturellement, en découvrant le mémorial de Verdun, que je recherche des témoignages de nos familles ayant vécu cette tragédie humaine. Nous partons déposer en ce lieu si chargé d’histoire le livre Aumônier à Verdun, et le livret A Verdun, sur les pas du père Anizan. Le moment est chargé d’émotion : l’impression de transmettre le témoignage d’un membre de ma famille me rend tellement fière. Depuis quelques semaines, le père Anizan est « entré » au mémorial de Verdun par la vente de ce livre visible par tous.

Anizan : un pasteur infatigable

Les jours d’été continuent de s’écouler, et ma soif de mettre toujours mes pas dans ceux du père Anizan me conduit à Olivet où ce dernier a été envoyé entre 1878 et 1885. Magnifique lieu autrefois viticole sur les bords du Loiret, son église, son presbytère, ses moulins… Imaginez le père Anizan faisant ses étirements devant l’arbre du jardin du presbytère, des parties de barque avec les jeunes du patronage, visitant les malades, les gens seuls, âgés et sillonnant encore et toujours chaque chemin du village.

De retour de ce lieu enchanteur, je parcours le livre du père Bard et le nom de la chapelle de Noras y est cité, lieu où officiait le père Anizan. Malheureusement celle-ci est fermée au public depuis trente-huit ans, ma déception est grande ! C’est alors que les journées du patrimoine approchent, et la chapelle s’ouvre à nous !

Nouvelles rencontres, nouveaux liens…

Par la sève de ce cerisier, les chemins et les sols que le père Anizan aimait tellement parcourir continuent d’être irrigués et de rejoindre les gens aujourd’hui là où ils sont ! Tellement proche de chacun, tellement lui !

Il était une fois un cerisier…

Christelle Simonetti

Article extrait de “L’Espérance est vivante” (chantiers n°220, décembre 2023)

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