L’accompagnement vers le sacrement du baptême

7 Avr 2023 | Chantiers | 3 commentaires

Auteur de l'article : Xavier Séclier fc
Crédit photos : Jean-François Courtille

L’accompagnement vers le sacrement du baptême

Pâques 2023

Cette année, à Pâques, plus de 4 000 adultes de tous les âges vont recevoir le baptême. Les nouveaux baptisés sont plus jeunes et plus nombreux, ce qui confirme des tendances à l’œuvre depuis plusieurs années (voir l’article d’Arnaud Bevilacqua du 04/04/2023 dans La Croix).

“Pâques le temps du passage” (chantiers n°217, mars 2023)

Les sacrements d’initiation chrétienne : baptême, première communion, confirmation, permettent le passage des personnes dans une autre dimension de la vie, à travers une expérience de foi incarnée. Le catéchuménat est souvent révélateur de beaux passages même dans les moments difficiles.

Découvrir le Christ et l’Église

J’accompagne des catéchumènes depuis bien avant mon ordination puisque j’étais encore étudiant, scolastique, chez les Fils de la Charité quand j’ai accompagné pour la première fois une femme qui s’appelle Elsa. J’étais alors au Kremlin-Bicêtre, cela remonte à plus de 15 ans maintenant. Cet accompagnement m’a fait prendre d’ailleurs conscience de la beauté de l’accompagnement d’une personne vers le sacrement du baptême. C’est ici que j’ai réalisé à la fois la dimension de ce qu’était la paternité spirituelle mais aussi l’action de l’Esprit Saint dans une vie d’homme et de femme qui découvre le Christ et l’Église. L’accompagnement s’est d’ailleurs tellement bien passé qu’elle m’a demandé à la fin d’être son parrain de baptême et quelques années après elle m’a choisi comme témoin de son mariage religieux. On peut donc en déduire que je ne l’ai pas trop traumatisée.

Des accompagnements humainement marquants

Puis, je suis arrivé à La Courneuve et ce fut Blandine que j’ai accompagnée jusqu’au baptême. Je garde un souvenir fort de cet accompagnement car durant la préparation Blandine a développé un cancer du sein très virulent. J’ai été impressionné par cette maturité spirituelle qu’elle acquerrait alors qu’elle luttait contre la maladie. Ce fut un accompagnement prodigieux. Elle évoluait tranquillement avant la maladie,puis la maladie arrivée, elle a décollé comme une fusée. Ce n’est plus moi qui semblait l’accompagner mais elle qui était devenue comme mon enseignante sur le sens de la vie et la confiance en Dieu.

Blandine et Carole

J’ai baptisé Blandine, ce fut d’ailleurs mon seul baptême comme diacre. Puis j’ai continué à l’accompagner vers la confirmation. Après un répit de quelques mois où la maladie semblait être vaincue, il y a eu une violente récidive qui a forcé Blandine à arrêter toute activité. Je suis allé la voir à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Intérieurement je sentais qu’il fallait lui proposer ce sacrement de la confirmation en urgence. Le soir même je contactais l’évêque de Saint-Denis, Pascal Delannoy pour obtenir son accord. Accord qu’il m’a donné sur le champ. Je me souviens quand je suis allé la revoir le lendemain en lui proposant de vivre ce sacrement, son visage était rayonnant. Nous avons organisé cela avec l’aumônier de Saint-Louis dans la chapelle de l’hôpital. Me revient en mémoire cette image de Blandine entourée de sa famille formant une procession dans les couloirs de l’hôpital avec la perfusion d’une main et sa main dans ma main pour prendre l’ascenseur et nous déplacer vers la chapelle. Nous nous sommes faits remarquer… Ce fut un moment fort pour moi. Quelques jours après Blandine décédait après avoir reçu le sacrement des malades, là aussi de mes mains. J’ai fait l’enterrement de Blandine à Saint-Lucien de La Courneuve avec beaucoup d’émotion et une église pleine. Ce fut un moment fort en émotion pour moi, d’autant plus que j’avais accompagné quelques jours auparavant ma meilleure amie, Carole, qui venait elle aussi de mourir des suites d’un cancer du sein à l’âge de 37 ans.

En faisant ce récit, je repense à cette belle phrase de Marcel Pagnol : « telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants ». C’est en effet la vie des hommes et des femmes que nous accompagnons. Nous ne témoignons pas de la mort mais de la vie et de sa fécondité. Blandine, comme Carole d’ailleurs, ont eu pour moi de belles fécondités humaines et spirituelles, c’est de cela qu’il nous faut témoigner.

Pourquoi accompagner ?

Après ces deux beaux accompagnements, j’ai continué ce beau travail car c’est une manière pour moi de rester bien présent aux questions de nos contemporains. Montrer combien la foi en Christ est pertinente 2000 ans après. « Qu’il est raisonnable de croire » aurait dit le pape Benoît XVI. Et puis les catéchumènes nous évangélisent beaucoup par leurs questions. Ils nous forcent à nous renouveler, à reformuler notre foi et notre manière de l’expliciter. C’est une belle école de mission pour moi, une belle leçon d’humilité. Cela nous fait prendre conscience aussi que le message de l’Évangile continue à faire son chemin d’une manière mystérieuse dans les cœurs des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Saint Jean nous le disait d’ailleurs : « le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3,8). Nous retrouvons finalement un peu des premiers temps de l’Église où des personnes loin de la foi demandaient le baptême. Nous vivons un peu de cette époque passionnante des premiers disciples.

P. Xavier Séclier, fc

3 Commentaires

  1. Grandin

    Un beau témoignage de l’accompagnement d’un prêtre que j’ai croisé quelques fois à La Courneuve et que j’ai pu apprécier par la profondeur des homélies (disciple de Benoît XVI par l’enseignement solide) et la joie de vivre communicante (disciple du pape François par la simplicité et la proximité). Les Fils de la Charité sont souvent trop pudiques pour nous partager cela, c’est dommage. Vous vivez des choses extraordinaires au quotidien mais ne prenez pas le temps de les coucher sur le papier et pourtant vous pourriez donner envie à des jeunes de suivre les pas du P. Anizan aujourd’hui.

    Réponse
    • Séclier Xavier

      Merci Monsieur, cette “double filiation papale” que vous me prêtez me va droit au coeur. En effet, vous avez raison, nous ne prenons pas toujours le temps de partager ce que nous vivons, les “perles précieuses” pour reprendre une expression du P. Anizan. Sans doute un appel à nous poser un peu plus et à contempler davantage les “traces de Dieu” “vestigium” (saint Augustin)…

      Réponse

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