“Notre Triple Idéal”, une boussole très réaliste
La Congrégation des Fils de la Charité inaugure officiellement sa fondation à Noël 1918. Sept ans plus tard, le père Anizan propose un texte fondamental au cours du Chapitre de 1925 : « Notre triple idéal ». Avec ce document, il souhaite donner des points de repère pour vivre de façon très réaliste la vocation des Fils de la Charité pour Dieu et au cœur des quartiers ouvriers. Il est demandé aux Fils de la Charité de marcher vers la sainteté, de vivre une fécondité apostolique en évangélisant les pauvres des quartiers ouvriers.
Le texte du Triple idéal, lu à haute voix durant le Chapitre, n’arrive pas dans la nouvelle congrégation religieuse par hasard.

Centenaire de “Notre Triple Idéal” 1925-2025
Colloque le samedi 6 décembre 2025 chez les Frères des écoles chrétiennes 78, rue de Sèvres Paris VIIe
Né de l’expérience de Dieu et du zèle apostolique
« Notre triple idéal » est l’aboutissement d’une expérience pastorale et missionnaire du père Anizan lui-même à travers sa vocation d’abord chez les frères de Saint-Vincent de Paul, puis durant les sept premières années des Fils de la Charité.
Dès sa plus tendre enfance, le jeune Émile Anizan avait une dévotion pour Jésus qu’il nommait avec des mots de tendresse : « Mon doux Jésus ». Puis ce sera toute sa vie un amour sans réserve pour Dieu Trinité. Dieu d’abord, disait-il dans ses écrits abondants. Il avait en son cœur un désir ardent de marcher vers la sainteté : « Soyez parfait comme votre Père Céleste est parfait ». Cette passion pour Dieu ne l’a jamais quitté, même au cœur des épreuves de la vie.
Le père Anizan saisit combien l’Église s’est éloignée des pauvres
Sur les conseils de ses accompagnateurs spirituels, Jean-Émile Anizan s’est formé au grand séminaire de Saint-Sulpice. C’est à Issy-les-Moulineaux qu’il a commencé à découvrir la rudesse des conditions de travail des ouvriers des usines à gaz. Ses premiers postes, d’abord à Orléans comme prêtre diocésain, puis sa venue dans la congrégation des frères de Saint-Vincent de Paul, lui ont permis de mieux comprendre les souffrances endurées par le monde ouvrier de cette époque. Le père Anizan saisit combien l’Église s’est éloignée des pauvres : « Le Saint-Esprit nous a envoyés pour l’évangélisation des pauvres comme Notre-Seigneur » (Notre Triple Idéal », p. 18).
« J’ai le mal de Dieu et le mal du ministère du peuple »
Le père Anizan s’est dépensé sans compter en étant un apôtre passionné au service des plus petits, des pauvres, des déshérités de ce monde. « J’aime le peuple, j’ambitionne de lui sacrifier ce qui me reste de vie. Je voudrai m’user jusqu’à la corde pour lui » (1922). Jean-Émile Anizan disait encore : « J’ai le mal de Dieu et le mal du ministère du peuple ». Cette phrase dit bien le feu qui habite le cœur de cet apôtre : désir ardent de marcher vers la sainteté, désir non moins ardent de servir le peuple des pauvres. Ce feu intérieur de l’amour, il fallait le communiquer de façon claire à ses Fils de la Charité qui faisaient leurs premiers pas.
Un chemin balisé pour les « Fils »
« Notre triple idéal »: sainteté, une fécondité pastorale et apostolique au service des pauvres
« Notre triple idéal » propose de vivre un cheminement vers la sainteté, une fécondité pastorale et apostolique au service des pauvres des quartiers ouvriers de son époque (Aujourd’hui on parle davantage de quartiers populaires). En proposant aux tout nouveaux Fils de la Charité de prononcer les vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, la nouvelle congrégation donne aux Fils de la Charité une règle de vie propice à mette en œuvre le Triple idéal, proclamé dans toutes les communautés Fils de la Charité sans doute le 1er décembre 1925.
A l’image de la sainte Trinité
Après sept années de tâtonnement, le père Anizan voulait offrir ce texte du Triple idéal qui est une véritable charte sur laquelle chaque Fils peut s’appuyer pour réaliser sa vocation. Le document a été bien accueilli au Chapitre de 1925 car il apportait une forme de sécurité dans la construction de la nouvelle congrégation. Il met en valeur l’aspect trinitaire de la vocation des Fils : sainteté, fécondité apostolique, évangélisation des pauvres. Mais l’Idéal exprimé en trois termes est en fait un unique Idéal ; à l’image de la sainte Trinité où les trois personnes ne font qu’un seul Dieu.
« Notre Triple Idéal » est toujours pertinent en 2025 !
Dans les années 1960, le document est resté un peu dans l’oubli. Le texte paraissait alors un peu difficile avec un langage du début du XXe siècle qui le rendait parfois imperméable aux publics non-initiés. C’est dans les années 1990, à l’occasion de la pastorale des vocations, que « Notre Triple Idéal » a été remis à l’ordre du jour. Comme pour la lecture des textes bibliques, il faut faire l’effort d’accepter un langage qui est de son époque ; mais « Notre Triple Idéal » est toujours pertinent en 2025 ! C’est pourquoi nous avons décidé de fêter le centenaire de ce texte fondateur.
Jean Guellerin fc
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