D’Issy-les-Moulineaux à Los Angeles pour apprendre le cinéma

30 Mar 2023 | Chantiers | 0 commentaires

Auteur de l'article : Pierre Tritz fc
Crédit photos : Maya Tannous

D’Issy-les-Moulineaux à Los Angeles pour apprendre le cinéma

Extrait de “Pâques le temps du passage” (chantiers n°217, mars 2023)

Décembre 2022, Erige Sehiri, productrice et réalisatrice franco-tunisienne, se prépare pour rejoindre Los Angeles. Son film, premier long-métrage, « Sous les figues », représente la Tunisie dans la course aux Oscars, après avoir été primé à la Mostra de Venise. Maya Tannous, 18 ans, franco-libanaise, a commencé le 29 août 2022 ses études dans une université de Los Angeles, spécialisée dans le cinéma. De passage à Issy-les-Moulineaux pour les fêtes de fin d’année en famille, elle se prête au jeu des questions-réponses pour un arrêt sur image.

Vous venez de passer quatre mois à Los Angeles au sein d’une université spécialisée dans le cinéma. Pourquoi Los Angeles ?

Ma passion pour le cinéma : j’avais 11 ans quand, après avoir vu le film Titanic, j’ai été accrochée très fort. Jusqu’à ce moment, j’aimais beaucoup regarder les films pour enfants. Après avoir vu Titanic, ce n’était plus pareil. J’ai adoré ce film, c’était mon premier vrai film. J’ai ressenti des émotions que je n’avais jamais vécues : de la tristesse, de la joie, de l’amour, de la peur. Tous ces sentiments passaient au travers des images. Je prenais conscience qu’il était possible de faire passer des émotions à travers un écran. C’était énorme. Cela a été un véritable déclic qui ne m’a pas lâchée. Je voulais faire un travail qui permette de la créativité, capable de transmettre des émotions. Cette passion ou plutôt cet appel s’est confirmé au fil des années pour se réaliser ce 29 août dernier (2022). Depuis l’âge de 14 ans, je voulais aller à Los Angeles pour apprendre le cinéma dans ce lieu mythique. J’en ai parlé à mes parents qui m’écoutaient, me disaient de continuer mes études en cours et que l’on verrait par la suite. Mais j’avais toujours ce désir en moi. J’ai fait diverses recherches d’université où je me voyais potentiellement. J’ai postulé à New York, à Londres mais c’était toujours Los Angeles qui me venait à l’esprit. J’ai déposé une dizaine de dossiers dans des universités à Los Angeles. Dans l’université où j’ai été acceptée, tout est lié au cinéma. C’était votre première rentrée universitaire, non pas dans une université proche de votre domicile, on aurait pu penser à Paris, mais à l’autre bout du monde. J’étais très stressée, mais tellement heureuse. Curieuse, j’avais hâte de commencer. Mes parents d’université où je me voyais potentiellement. J’ai postulé à New York, à Londres mais c’était toujours Los Angeles qui me venait à l’esprit. J’ai déposé une dizaine de dossiers dans des universités à Los Angeles. Dans l’université où j’ai été acceptée, tout est lié au cinéma.

C’était votre première rentrée universitaire, non pas dans une université proche de votre domicile, on aurait pu penser à Paris, mais à l’autre bout du monde.

J’étais très stressée, mais tellement heureuse. Curieuse, j’avais hâte de commencer. Mes parents avaient peur de me laisser au bout du monde. Une amie de ma famille m’a prise sous son aile. Mes parents sont moins angoissés maintenant. J’ai commencé le « bachelor américain » – un grade d’université qui permet aux étudiants d’acquérir sur une durée de 3 ou 4 ans des compétences et des connaissances dans un domaine pointu, NDLR. Il y a des cours magistraux, ma journée la plus longue commence à 12h30 pour se terminer à 22h30. Tous les autres cours sont autour de la pratique du cinéma. Tout est « acting ». Rédiger un script, travailler les lumières et l’éclairage, le son, être derrière une caméra, visiter l’histoire du cinéma. Je vis ma vie d’étudiante même si tout n’est pas facile à Los Angeles comme les transports qui sont compliqués. Je me sens libre et je vis des responsabilités que je n’avais pas avant. Je me suis fait des amis proches. Papa et maman sont loin et j’apprends à me gérer. Je grandis et je mesure combien j’ai changé en quelques mois.

De cette petite fille à Issy-les-Moulineaux jusqu’à Los Angeles, quel a été votre itinéraire ?

J’ai fait mon primaire jusqu’au baccalauréat à l’Institut privé de l’Alma. A partir de la seconde, c’était plus des discussions sur des thèmes comme l’égalité homme-femme, la pauvreté, la manière dont les femmes sont traitées dans les pays. En terminale, nous avons cherché à rendre l’école plus écolo, à trouver des moyens pour ne pas gaspiller et jeter de la nourriture. Durant toutes ces années, j’ai pris des cours de théâtre en commençant à Issy-les-Moulineaux. Je suis entrée au cours Florent – une école de théâtre – dans le 19e et j’y ai passé 5 ans, trois heures le mercredi après-midi et quatre heures le samedi après-midi. La période du Covid nous a bien perturbés et c’est seulement à la fin de la cinquième année que l’on a pu jouer en public une Revisite de l’Odyssée. J’ai beaucoup aimé ces cinq années, j’ai rencontré de supers personnes. Je savais au fond de moi que je voulais toujours faire du cinéma. Cet appel est devenu encore plus puissant pendant le Covid. Je passais beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et j’ai vu des personnes qui aimaient un personnage dans tel ou tel film. Personnellement, un chanteur m’a aidé à passer mon temps. Il m’a ouvert les yeux, il m’a aidé à évoluer, me sentir mieux dans ma peau. Ce qu’il communiquait dans ses chansons, soutenant des valeurs, apaisait. Ce temps m’a permis de faire une prise de conscience que je voulais donner de telles choses à travers le cinéma.

De nombreux Fils de la Charité à la maison de retraite de Saint-Joseph vous ont connue.

J’ai connu de nombreux Fils de la Charité depuis toute petite. Ma mère travaille pour le suivi de la santé des pères de la maison. A leur contact, j’ai appris beaucoup de choses. Pour moi, ce lieu est rempli d’histoires avec des témoignages très touchants. Je me rappelle d’un devoir que j’avais à faire sur la guerre d’Algérie. J’en ai parlé au père Jean Pierre B. Il m’a raconté ce qu’il avait vécu durant la guerre d’Algérie, ce que je ne trouvais pas dans mon livre d’histoire. Ma copie a eu une bonne note. J’étais comme l’enfant dans la maison, de nombreux liens avec les pères. Toute petite, j’allais les voir dans la salle à manger. J’ai toujours été très bien accueillie. Quand j’ai fêté mon baccalauréat et mes 18 ans, j’ai voulu les associer à cette fête pour les remercier de tout ce que j’ai reçu d’eux.

Comment voyez-vous votre avenir ?

Mes études universitaires vont durer trois ans. Je souhaite être actrice et rapidement, tout en suivant le cursus universitaire, pouvoir déjà faire des castings. Travailler des rôles dans des drames que je préfère aux comédies, même si j’aime bien regarder une comédie. Mais j’ai aussi des projets plus lointains pour être réalisatrice de film.

Maya a repris l’avion le 6 janvier 2023. Onze heures de vol entre Paris et Los Angeles. Elle a rejoint son université pour travailler, étudier faisant en sorte que son rêve continue de prendre corps. Le chemin est encore long et ardu mais espérons qu’un jour nous aurons le plaisir de découvrir un film dont la réalisatrice et actrice sera Maya.

Propos recueillis par Pierre Tritz, fc

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