Les métiers de la petite enfance méritent d’être reconnus

18 Avr 2023 | Chantiers | 0 commentaires

Auteur de l'article : Emilie
Crédit photos : Florence Krasowski

Les métiers de la petite enfance méritent d’être reconnus

Émilie exerce une profession méconnue mais indispensable au bien-être des tous petits :
auxiliaire de puériculture. Elle raconte son métier au quotidien.

Extrait de “Pâques le temps du passage” (chantiers n°217, mars 2023)

Auxiliaires de puériculture au sein d’un multi-accueil, nous accueillons des enfants âgés de deux mois et demi jusqu’à 3 ans.

Premiers pas vers la séparation et la sociabilisation

L’entrée en crèche est une étape très importante : premier pas vers la séparation entre l’enfant et ses parents et premiers pas ludiques et en douceur dans la collectivité. Cet apprentissage de la vie en collectivité comprend plusieurs aspects, tels que la prise de conscience de soi et de l’autre, apprendre à attendre, à communiquer et à gérer ses émotions… La socialisation nécessite l’accompagnement d’adultes encadrants. C’est là que nous jouons un rôle important auprès des enfants.

La référente donne un repère humain sécurisant

Nous fonctionnons sur un système de référence. Chaque auxiliaire de puériculture a un groupe d’enfants en charge, pouvant aller de 4 à 6 enfants. La référente sera présente lors des temps forts – repas, changes et sieste – afin d’offrir à l’enfant un cadre sécurisant. Il s’agit d’un repère humain pour lui. Les repères sont très importants pour le développement de l’enfant, notamment dans son besoin naturel d’apprivoiser son environnement. Cela lui permet de développer ses capacités mais aussi son autonomie et sa confiance en lui. Ils sont indispensables pour sa sécurité affective : l’ensemble des repères qui l’entourent favorisent sa prise de confiance et son sentiment de sécurité. Il existe aussi les repères spatio-temporels comme manger avec les mêmes enfants, à la même place. Les repères liés à l’aménagement de l’espace sont également primordiaux puisqu’ils permettent à l’enfant de développer de manière autonome sa motricité libre. En construisant autour de lui un environnement doté de repères tels que des zones d’activités ou des espaces de rangement, l’enfant fera des choix en toute autonomie et développera ses capacités d’anticipation : il saura où se rendre pour jouer, mais aussi trouver le jouet qu’il désire utiliser, satisfaisant ainsi ses besoins en toute indépendance.

Le rôle de l’auxiliaire de puériculture

Mon rôle en tant qu’auxiliaire de puériculture est l’accueil et la prise en charge des enfants – y compris les enfants en situation de handicap ou atteints d’une maladie chronique – dans de bonnes conditions, en accord avec le projet éducatif au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Je me dois d’accompagner l’enfant dans son développement, ses apprentissages, son acquisition de l’autonomie et dans sa socialisation en aménageant son espace, organisant des activités d’éveil, en pouvant me référer aux conseils de notre éducatrice de jeunes enfants. J’ai aussi pour rôle de prendre en charge les besoins physiques, physiologiques et psycho-affectifs de l’enfant – aide à la prise des repas, soins d’hygiène, sommeil, portage, contact, relation… tout en contribuant à son bienêtre et d’entretenir une relation de confiance et de coopération avec les parents. Mon rôle ne s’arrête pas à l’enfant en lui-même, je participe à l’entretien des espaces de vie, la désinfection et le rangement du matériel. J’assure la gestion des stocks de couches, de boîtes de lait, de produits d’hygiène. Je participe en équipe à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet de l’établissement, ainsi qu’aux réunions d’équipe : réunion psychologue, réunion médecin, réunion projet crèche.

Un cahier-souvenir personnalisé pour chaque enfant de la première année

Nous mettons en place des projets de section. En 2021-2022, nous avons décidé en équipe que chaque référente des bébés et des « moyens », les bébés plus âgés, se chargerait de réaliser un cahier souvenir personnalisé pour chaque enfant. L’objectif était de montrer les moments de la vie quotidienne des enfants lors de leur première année à la crèche. L’enfant passe par de nombreuses étapes et se développe beaucoup en un an à la crèche : repas, activités, sommeil, jeux libres. Ce cahier permet de retracer le développement moteur de l’enfant : passage du dos au ventre, à ramper, à la position assise, à la position debout et à la marche. Il permet également de voir l’enfant lors des activités de peinture, de transvasement, de dessin, de mur sensoriel et bien d’autres. Bien-entendu les parents ont les transmissions de la journée tous les soirs et ce cahier a permis de mettre des images sur les mots.Il n’était pas seulement destiné aux parents mais aussi à l’enfant qui pourra le feuilleter lorsqu’il grandira. Les professionnelles y sont également présentes afin que l’enfant puisse se souvenir des professionnelles qui se sont occupées de lui. Cette tâche, nous l’avons effectuée en dehors de nos heures de travail car cela nous tenait vraiment à cœur de pouvoir offrir ce souvenir aux parents et aux enfants. Il s’agit d’un gros travail que nous avons réalisé avec joie.

Les métiers de la petite enfance méritent d’être reconnus à leur juste valeur

Être auxiliaire de puériculture n’est pas un métier facile. Ce n’est pas un métier que tout le monde pourrait exercer. Aimer les enfants ne suffit pas. Pour exercer cette profession, nous devons pouvoir faire preuve d’une grande capacité d’adaptation.

Notre travail dépend des besoins de chaque enfant et de chaque famille. Nous nous devons d’être patientes, disponibles, et capables d’initiatives. Nous devons donc avoir le sens des responsabilités. Et surtout ce travail exige de faire preuve d’une grande vigilance pour veiller à ce qu’aucun accident ne survienne. De plus, le diplôme est très important, il y a des connaissances théoriques et pratiques non négligeables pour la pratique de ce métier. Être auxiliaire de puériculture s’apprend. Nous devons faire face à un manque de professionnels. Cette profession connait un turn-over important. Nous devons donc rester professionnels afin que les enfants soient accueillis dans de bonnes conditions sans qu’ils puissent remarquer le manque ni le changement régulier de personnels.

Malheureusement le secteur de la petite enfance attire de moins en moins notamment par le manque de reconnaissance de ces métiers. En effet, une personne sans aucune expérience ou qualification peut désormais être embauchée pour travailler dans le milieu de la petite enfance. Or, nous ne voulons pas que pour résoudre la pénurie de personnel, on dégrade la qualité de l’accueil qui se doit d’être encadré par des personnels formés. Il s’agit de métiers nécessitant une formation pouvant aller d’un à trois ans. Avec une revalorisation salariale et une reconnaissance des qualifications de nos métiers, nous pourrions attirer plus de personnes vers nos professions et proposer un véritable service de la petite enfance. Les métiers de la petite enfance méritent d’être reconnus à leur juste valeur.

Émilie

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