Croire dans le monde à venir par Dominique Collin op

13 Jan 2023 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Editions jésuites

Croire dans le monde à venir par Dominique Collin op

Lettre de Jacques à nos contemporains

Ex-culturée, insignifiante, décorative au mieux, la foi chrétienne serait-elle tout cela aujourd’hui se demande Dominique Collin op ? Serait-elle remplacée par ces spiritualités néopaïennes dont le point commun est la recherche d’un certain bien-être individuel par diverses méthodes de développement personnel, une sorte de sagesse qui n’est qu’une conformité à l’ordre du monde que l’on renonce à contester ? « En renonçant à tout jugement sur le monde, le christianisme a vidé la foi de toute possibilité d’agir au nom du monde à venir. »

Dominique Collin, dominicain, eut un coup de cœur pour la lettre de Jacques, cinq chapitres au total. Comme lui, nous pouvons lire cette lettre une fois, deux fois, puis ensuite lire le commentaire qu’il en fait ici, une fois, deux fois aussi, il faut prendre le temps.

Qui est Jacques ?

Pour celui qui se présente ici, le seul titre qui compte, c’est d’être « le serviteur de Dieu et de Jésus le Messie ». Il s’adresse comme un frère aux Juifs fidèles à Jésus qui sont « en diaspora », dispersés sur le pourtour de la Méditerranée, immergés dans une culture autre, et vivant comme des étrangers à l’ordre du monde. Parce qu’ils sont quelque part « hors du monde », ils sont capables d’ébranler la suffisance du monde. Et ils en paient le prix. Mais au fil des années vient le risque de se dire chrétiens sans que cela ne change quelque chose en eux. Jacques veut les encourager à tenir ferme dans leur chemin de foi.

La foi n’a de sens que destinée à ce monde, elle se renie quand elle le déserte

Pour lui, la foi est comme « un levier hors du monde qui, à la manière du point d’Archimède, est capable d’ébranler la suffisance du monde », sa vanité, son orgueil, son mépris pour les petits ; monde satisfait qui n’a besoin de personne, qui ne reçoit rien parce qu’il ne sait que prendre ; il ne sait pas accueillir ce qui est différent, il ne sait qu’accaparer y compris avec violence, ce que Dominique Collin op appelle la « convoitise ». Pour Jacques, le monde (qui ne désigne ici ni la terre ni le cosmos, ni la nature, ni l’ensemble des pays) est une globalité d’injustices et de solitude sur fond de suffisance généralisée ; le péché, c’est de ne pas faire le bien que l’on pourrait faire, par indifférence. La foi n’a de sens que destinée à ce monde, elle se renie quand elle le déserte.

La foi qui est engagement personnel et de communautés insiste Dominique Collin op

« Existe-t-il alors une religiosité authentique qui exprimerait l’engagement de la foi à vivre dans le monde pour en ébranler la suffisance ? » Oui, répond Jacques. Il s’agit de cette « foi dans un monde à venir », qui inclut une critique de ce monde suffisant et dur pour les pauvres, foi qui manifeste une liberté, qui résiste aux pressions et autres influences du monde. Et surtout foi qui est engagement personnel et de communautés insiste Dominique Collin op.

La foi chrétienne est « confiance » qui conduit à la pacification des relations humaines

Il existe une autre voie que celle du repli, c’est celle de la foi chrétienne qui est « confiance » (non pas une « croyance » bavarde), foi qui engage un mode de vie global reposant sur l’accueil de Dieu (il est le « Donnant », celui qui donne gratuitement, celui qui se donne depuis toujours dans l’échange trinitaire) et qui conduit à la pacification des relations humaines. Et puisque nous ne pouvons pas sauver le monde, en fait, il l’est déjà et c’est l’œuvre de Dieu, nous pouvons commencer par nous convertir nous-mêmes et en communautés, en vivant sous le mode de la liberté, de la gratuité, du pardon, de la bénédiction, de l’égale dignité de tous.

La lettre de Jacques se termine par un appel à considérer le frère comme un don de Dieu qui lui manifeste tendresse, bienveillance et pardon. « Sauver un frère, c’est déjà sauver ce monde. » Plus qu’un point final, c’est là une ouverture, notre avenir.

Gérard Marle fc

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les Vincentiens et la Journée Mondiale des Pauvres au Portugal

Flavio Alves fc témoigne de la Miséricorde Vincentienne et de la Journée Mondiale des Pauvres au Portugal : que la charité ait le visage de la tendresse.

Fils médaillés de guerre : Charles Devuyst, infirmier brancardier et aumônier pendant la Première Guerre Mondiale

Sur le front pendant toute la Grande guerre, le père Devuyst mobilise la foi pour aider les soldats à survivre face à la violence et la dureté du conflit.

“Travailler mieux” par Christine Erhel et Bruno Palier

Christine Erhel et Bruno démontrent la nécessité de laisser les premiers concernés le droit de discuter et de régler à leur niveau les questions qui se posent.

Nous avons un évêque à Bourges, Monseigneur Sylvain Bataille

La Communauté paroissiale de Saint-Jean, dans les quartiers nord de Bourges, se réjouit de l’arrivée de Mgr Sylvain Bataille dans le diocèse.

“A la ligne” par Joseph Ponthus

Ce journal intime de Joseph Ponthus est un manuel de résistance, un poème, un reportage sur la condition ouvrière en France aujourd’hui.

La question de Toussaint : “Comment aimez-vous ?”

La question de Toussaint : "Comment aimez-vous ?" Le 1er novembre, l’Église fête la Toussaint. Le lendemain, nous nous souvenons de nos défunts.  Pour accompagner ces deux temps forts de la vie liturgique, nous vous proposons les paroles de supérieurs des Fils de la...

La Vierge Noire de Rocamadour sur la Transat Café L’Or

Célestin Ikomba fc coordonne l’arrivée de la Vierge Noire de Rocamadour au Havre, en partance pour la Transat Café l’Or Normandie 2025.

“Notre Triple Idéal”, une boussole très réaliste

“Notre Triple Idéal” est toujours pertinent en 2025 ! C’est pourquoi nous avons décidé de fêter le centenaire de ce texte fondateur

Kolkhoze par Emmanuel Carrère

Gérard Marle fc a lu avec bonheur ce livre d’Emmanuel Carrère, roman familial, mille fois recensé, loué, simplement magnifique.

Le chemin de la joie par Matthieu Jasseron

Et si ce chemin était le chemin de la vie, de notre vie, de ma vie. C’est dans cet esprit que Matthieu Jasseron nous propose un chemin de joie

Share This