Vivre avec l’irréparé par Isabelle Le Bourgeois

31 Mai 2024 | Livre coup de cœur | 0 commentaires

Auteur de l'article : Gérard Marle fc
Crédit photos : Albin Michel

Vivre avec l’irréparé par Isabelle Le Bourgeois

La trace de l’irréparable sur nous

L’irréparable, nous connaissons le mot, mais l’irréparé ? Pour Isabelle Le Bourgeois, l’irréparé est la trace de l’irréparable sur nous. Un accident mortel ou une agression physique créent de l’irréparable, on ne peut revenir en arrière. Quant à la trace que ces événements laissent sur nous et en nous, il devrait être possible d’en faire quelque chose, de guérir, de réparer donc, même s’il faut pour cela du temps et des professionnels et des amitiés.

Isabelle Le Bourgeois croit d’expérience que nous avons tous en nous une force de vie

Pour l’auteur de ce livre, le dernier mot n’appartient pas à la nuit, à la mort. Isabelle Le Bourgeois part de son expérience : visiteuse de prison, psychanalyste et religieuse tout à la fois ; humblement, tout au long de ce livre, elle croit d’expérience que nous avons tous en nous une force de vie, une capacité à vivre qu’il reste à déployer.

« Écouter l’autre, c’est prendre un risque »

Elle a reçu et écouté longuement Yvette, Malo, Althéa, Héloïse, elle raconte brièvement des moments de leur histoire, et manifestement ces morceaux de vie l’ont transformée. « Écouter l’autre, c’est prendre un risque » écrit-elle, parce qu’on ne sait pas où l’autre va nous emmener. L’hôpital psychiatrique pour l’une, l’entreprise, la famille et l’Église pour les autres ont fait de l’irréparable ; il faut d’abord commencer par le reconnaître, par mettre des mots sur ces maux. On lit de la colère, de l’indignation devant les propos et des comportements qui relativisent : non, ce n’est pas si grave, il ne faut pas juger trop vite, il y en a tant d’autres qui ont subi ces violences et qui n’ont rien dit ; il existe même des techniques pour enjoliver les traces ou les masquer complètement. Et puis ces discours : il faut pardonner et tourner la page, au bout de la chaîne, c’est à la victime de se justifier. « Sans reconnaissance de l’irréparable, il n’y a pas de place pour l’irréparé. » J’ai trouvé juste son approche du pardon.

Une trace de l’irréparable laissée en chacun

« C’était la guerre à la maison, et j’avais peur tout le temps ; la peur bloque tout. J’étais la petite dernière qu’on n’attendait pas et qui aurait mieux fait de ne pas naître. Je veux savoir si je suis morte ou non ? » demande Héloïse, qui poursuit « Je ne suis pas très croyante, enfin pas pratiquante, mais avec mon compagnon, je me suis mise à croire à quelque chose qui ressemble à la vie, possiblement. Mais parfois le doute revient et je repars dans mon néant qui tremble. » Nos peurs, comme traces en nous de l’irréparé. Tout n’est pas simple autour de cette réalité de nos vies qu’est l’irréparé, cette « fêlure de l’âme », trace de l’irréparable laissée en chacun ; mais nier « cette empreinte génétique » n’est pas le faire disparaître.

Les blessures restent apparentes pour signifier les cicatrices laissées par le combat de la vie contre la mort

L’auteur évoque le récit du Christ ressuscité qui, dans l’Évangile de Jean, montre ses plaies. La puissance de la résurrection ne les a pas effacées. « Son corps témoigne de l’ineffaçable, de l’irréparable. Ce qu’il a vécu ne peut être effacé, son corps est à jamais marqué des traces de l’irréparé. Les blessures restent apparentes pour signifier les cicatrices laissées par le combat de la vie contre la mort. Affirmer cela est essentiel pour moi sinon sa résurrection ressemble à un tour de passe-passe. »

La lumière succède toujours à l’ombre de la nuit. Toujours.

J’aime enfin ce temps du matin tel que l’auteur le savoure. « Tout le monde trouve-t-il normal cet ordre des choses, au point de ne jamais dire au matin sa joie, sa reconnaissance du retour de la lumière ? Cet événement quotidien faisait rêver l’enfant que j’étais, telle une promesse toujours renouvelée, jamais trahie ; une parole fiable, enfin, bien plus que celle des adultes. Enfant et plus tard, j’ai autant que faire se peut été présente à ce moment précis de la journée sans jamais me lasser. Cela a fait grandir en moi la conviction que la lumière succède toujours à l’ombre de la nuit. Toujours. Oui ce toujours-là est pour moi un point d’appui d’une force inouïe. »

Gérard Marle fc

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

“Vivre ensemble” par Christian Delorme, Philippe Martin

Christian Delorm, prêtre, issu du scoutisme, prêtre du Prado est à mille lieues d’un christianisme nostalgique, peureux, figé, replié.

Vœux perpétuels en Côte d’Ivoire et RDC les 28 et 29 juin 2025 

Gratia Ngisi fc, Christian Basilia fc, Parfait Louhouari fc, Gilles Miakoumoutima fc prononceront des vœux perpétuels en juin 2025 en Côte d’Ivoire et RDC

Formation 2025-2027 ICP : “Diaconie et mission”

Cette formation ICP vise à accompagner les personnes en situation de précarité et à valoriser les richesses des milieux populaires

90 ans de la paroisse Sainte-Hélène à Paris

La paroisse Sainte-Hélène a été érigée en 1934. Participez aux festivités: concert de Gospel et messe présidée par Mgr Laurent Ulrich

La vidéo du pape, prier chaque mois en Eglise

La Vidéo du Pape diffuse les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Eglise.

Vaincre le chômage, un accompagnement autrement ?

Plusieurs catégories d’acteurs publics, privés ou associatifs, contribuent à cet accompagnement avec des objectifs et des pratiques diverses.

Gabriel Bard (1883-1957) : l’infatigable documentaliste et biographe du père Anizan

Ancien ingénieur des Mines, le père Bard entre dans les ordres tardivement. Il se distingue par son rôle de secrétaire de l’Union des Œuvres, de professeur d’histoire et de premier biographe du père Anizan.

Pentecôte, fête de la deuxième chance !

En la fête de la Pentecôte, l’Esprit Saint nous dit qu’il existe une perspective d’avenir. Le Christ vient avec sa paix, il souffle sur eux et leur donne la force de son Esprit.

Sœurs de douleur par Samuel Lieven, Roseline Hamel, Nassera Kermiche

Ce livre raconte l’incroyable amitié de Roseline Hamel, la sœur du père Hamel, à Nassera Kermiche, la mère du terroriste Adel Kermiche.

Premier rallye Anizan dans le quartier de Charonne à Paris

Les jeunes de Grigny et les Fils de Saint-Ouen ont gagné le rallye pédestre Anizan ce 26 avril 2025, dans le quartier de Charonne où a vécu le père Anizan d’octobre 1887 à septembre 1894.

Share This