En solidarité avec les migrants, à La Chapelle Saint-Luc
Gérard Laillet a occupé des responsabilités dans le réseau associatif et dans la municipalité de La Chapelle Saint-Luc, comme conseiller municipal. Il nous fait partager les efforts de chaque groupe pour faciliter l’insertion des migrants dans l’agglomération troyenne.
Sur la commune de La Chapelle Saint-Luc (13 000 habitants), un collectif s’est formé comprenant quatre associations. La plupart d’entre elles aident la population issue d’origines étrangères (plus de cinquante nationalités différentes) à finaliser des documents administratifs, à mieux maîtriser la langue française à l’aide d’ateliers sociolinguistiques, l’aide aux devoirs pour les jeunes primo-arrivants, ateliers de couture, de cuisine, ventes de vêtements à prix réduits, insertion pour renouer avec le travail. Ce sont plus de cinquante personnes qui assistent à ces cours par semaine, et par associations.
Mieux se connaître
À travers le projet M.M.U. (Mémoires, Mixité et Urbanité), nous leur avons permis de s’exprimer sur leur parcours, parfois douloureux, et ainsi créer des liens à travers des manifestations publiques (conférences, danses, goûters, théâtre, slam, recueil de témoignages, panneaux sur les voies publiques, exposition d’objets, de documents familiaux, de maquettes de la cité, de costumes, représentant leurs pays). Nous avons découvert leurs vécus qui nous ont parfois bouleversés ; leurs sourires, leurs accueils, malgré la grande précarité parfois, nous ont remplis d’espoir et renforcé notre volonté avoir un regard plus humain vis-à-vis de “l’étranger”. L’objectif de ce projet était de permettre aux habitants de s’exprimer dans le quartier ou la commune, sur leurs parcours de vie depuis leur arrivée dans leur quartier, de mettre en valeur les richesses apportées par ceux-ci à toute la population chapelaine, de faciliter les échanges pour une meilleure connaissance de l’autre et ainsi lutter contre les discriminations.
Nous sommes en lien avec le Musée National de l’histoire de l’immigration à Paris. L’Association Familiale prépare une journée dans la capitale avec leurs adhérents pour visiter plusieurs lieux intéressants, dont ce musée.
Implication de la commune
La commune a mis en place depuis six ans des petits déjeuners, une fois par mois, pour favoriser les rencontres. Un thème y est abordé : le logement, la santé, les lieux pour des demandes d’emplois, les activités estivales pour les jeunes, le développement durable (tri des déchets, économies d’énergies, respect de son environnement proche), les transports, le repérage des lieux publics. Tout dernièrement, c’est dans la nouvelle maison de quartier “Espace Victor Hugo” que sont organisés des “Conseils Citoyens”, rencontres avec la population ; chacun peut exposer ses réflexions, en toute indépendance sur la vie dans les quartiers, dans le respect des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité et de neutralité.
Le 10 janvier 2016, l’Union de la Communauté Musulmane de l’Aube (UCMA) a organisé une porte ouverte ; des visites de la mosquée chapelaine, la présentation de l’école coranique avec une lecture du Coran suivi d’explication du texte islamique ont été proposées aux visiteurs aubois. Un thé chaud et une distribution de livres aux personnes présentes ont été fortement appréciés.
Depuis le 25 mai, dans le village d’Aix-en-Othe, sept Erythréens et deux Soudanais venant de Calais sont hébergés dans des locaux HLM pour leur permettre de vivre dans des conditions acceptables. L’AATM (Association pour l’Accueil des Travailleurs et des Migrants), association chapelaine, va les orienter ensuite en centre d’hébergement dédié aux demandeurs d’asile. Le maire de la commune a expliqué à ses administrés la raison de cet accueil, malgré quelques propos déplacés :
“Si on les fait venir ici alors qu’ils n’en ont pas envie, je ne vois pas l’intérêt” – “Il y a assez de problèmes en France. Quand je viens à Troyes et que je vois le nombre de personnes sur le trottoir, je pense qu’il y a d’autres priorités”.
L’accueil en débat
D’autres personnes tiennent un autre langage :
“Ces jeunes-là, s’ils avaient la faculté de vivre dignement chez eux, pourquoi voudriez-vous qu’ils vivent ailleurs ?” – “Nous ne les avons pas encore vus, mais je trouve que c’est très bien pour eux. Si on était dans leur situation, on serait content d’être accueilli de la sorte”.
Il reste à mettre en place de la pédagogie. Les difficultés se retrouvent dans la question de la mixité sociale. Il est facile de faire venir des “pauvres” chez les “riches” (et encore…), mais faire venir des “riches” chez des ” pauvres”, c’est beaucoup plus compliqué !!
Gérard Laillet, de La Chapelle Saint-Luc
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