Femmes en Eglise, interview d’une anesthésiste, mère de famille et croyante

30 Mar 2016 | Chantiers | 0 commentaires

Auteur de l'article :
Crédit photos :

Femmes en Eglise,
Interview d’une anesthésiste, mère de famille et croyante

Il est évident que les hommes ont toujours eu une place importante et surtout dans les postes de responsabilité. Ce numéro de mars 2016 sur “Femmes en Eglise” se fait l’écho de la place des femmes dans l’Eglise et dans la société.

Voici l’interview d’une femme anesthésiste, mère de famille et croyante qui témoigne de son travail dans un milieu masculin.

 

Peinture

Dorothée, en quelques mots, quelle est ton histoire?

Je suis l’avant-dernière d’une famille camerounaise de sept enfants. Mon père était diplomate, aussi avons-nous beaucoup voyagé (en Afrique, mais aussi en Europe).

Après mon baccalauréat, mes parents m’ont conseillé d’aller poursuivre mes études en France. C’est ainsi que je me suis retrouvée à la faculté de médecine de Caen en Normandie. C’est pendant mes études de médecine que je rencontre Paul, d’origine béninoise, avec lequel je me suis mariée.

Je voulais me spécialiser en pédiatrie, mais j’ai découvert l’anesthésie, qui m’a passionnée. Je me suis spécialisée à Nancy. Diplôme en poche, je reviens dans le Nord avec Paul où nous habitons Dunkerque, avant de nous fixer à Valenciennes où nous sommes depuis douze ans. Notre famille s’est agrandie au fur et à mesure des années : nous avons tout d’abord accueilli Patrick (19 ans), puis Sarah, Jean, et Lise (8 ans). Ça fait une belle famille !

Comment arrives-tu à tout faire ; entre un métier très prenant, une vie de famille exigeante, et un engagement en catéchèse, il faut être bien organisée n’est-ce pas ?

Quand je suis au travail, je ne peux pas y être à moitié; je dois faire abstraction du reste pour bien me concentrer sur mes patients, et je dois me plier aux vicissitudes des opérations, aussi je ne sais jamais à quelle heure je vais rentrer à la maison.

Ainsi pour ma vie de famille, si Paul n’est pas disponible, je peux faire confiance à un réseau d’amies: Béatrice, Sylviane, Patricia, mais aussi à Michèle, la nounou. Cela demande une bonne organisation.

Quant au catéchisme, je m’y suis investie petit à petit, tout d’abord en binôme, et maintenant j’accompagne seule un groupe de première année où notre travail d’accompagnatrice est bien préparé.

Détail d'un mur en mozaïque à Barcelone

Dans cette vie bien remplie, as-tu l’impression de privilégier l’un ou l’autre aspect de ta vie au détriment d’un autre?

Je me donne à fond dans mon travail, et j’en reçois beaucoup de satisfactions ; à la maison, avec Paul, nous faisons le maximum pour nos enfants; tout bien réfléchi, je pense que c’est Paul qui est lésé, mais l’on se réserve de précieux temps de dialogue tous les deux.

Chaque fin d’année, nous proposons à nos enfants une réunion de famille, où chacun est invité à prendre la parole pour dire ce qu’il pense de la vie de famille. C’est un point de repère important ; nous tenons cela de notre éducation africaine. Nous nous appuyons également sur nos familles qui ne sont pas avares de conseils.

Beaucoup de femmes travaillent, parfois même dans des métiers à forte responsabilité ; à ton avis qu’ont-elles gagné avec ce choix, et qu’ont-elles perdu?

J’ai fait l’expérience d’être mère au foyer pour élever mes enfants, aussi j’avais l’impression de vivre repliée sur moi. Mon travail me passionne, et j’y rencontre beaucoup de monde, en outre je suis plus autonome financièrement. Quant je rentre du travail je répercute à ma famille toutes les satisfactions éprouvées dans la journée.

Comme femme africaine, es-tu bien acceptée dans ton milieu de travail?

Etre d’origine africaine ne pose pas de problème ; je suis en France depuis assez longtemps maintenant pour être bien intégrée dans cette société occidentale. Par contre je travaille dans un milieu masculin (les chirurgiens sont presque tous des hommes), et il m’a fallu du temps pour être respectée comme femme qui plus est médecin anesthésiste. Mes parents m’ont transmis des valeurs qui m’ont donné un ancrage et qui me permettent d’avancer et de faire abstraction des réactions négatives que certaines personnes pourraient avoir.

A ton avis qu’est-ce qui les différencie dans le travail?

Les hommes sont plus pragmatiques ; face à une situation d’urgence ils prennent plus facilement du recul, tandis que la femme est plus portée par les sentiments. Nous n’abordons pas les choses de la même manière.

Alors les femmes sont les égales des hommes ?

Je pense plutôt que l’homme et la femme sont complémentaires. La condition féminine s’est fortement améliorée, mais il y a encore des étapes à franchir, notamment dans le monde politique. Un petit mot sur la femme africaine : elle peut paraître soumise mais elle est influente. Elle n’est pas privée de parole dans les sociétés chrétiennes dans lesquelles j’ai grandi.

Vue à Venasque

L’évangile parle du royaume comme d’un trésor enfoui dans un champ. Quand l’homme l’a découvert, il s’empresse de tout vendre pour l’acquérir. pour toi, si tu as un trésor dans ta vie, à quoi ressemble-t-il?

J’ai beaucoup de chance dans ma vie, car je suis vraiment heureuse dans toutes mes activités. Un travail passionnant, un mari bien présent, et quatre enfants attachants. Ce qui fait mon bonheur ? C’est que chaque jour que Dieu fait, je trouve matière à m’émerveiller et à dire un grand merci à Dieu !!

Dorothée Fangnigbe, Valenciennes

Propos recueillis par Frédéric Tonquédec fc

 


Extrait de Chantiers n°189 – mars 2016

“Femmes en Eglise” : en savoir plus et s’abonner


Et aussi

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

13 500 lycéens au FRAT 2025 : “Ça va faire du bruit”

5 Fils de la Charité de La Courneuve, Saint-Ouen, Grigny et Ris-Orangis et Paris 18ème accompagnent des lycéens au FRAT 2025 à Lourdes.

Semaine sainte : Qu’est-ce que le “triduum pascal” ?

Les « trois jours » (« triduum » en latin) avant Pâques sont les derniers chapitres des Évangiles, relatant la passion de Jésus

Jubilé des 25 ans de Notre-Dame-Auxiliatrice à Clichy

Calixto Martinez fc et Francisco Ortiz fc étaient à la célébration des 25 ans de la reconstruction de l’église Notre-Dame Auxiliatrice à Clichy

Retraite spirituelle 2025 des Fils de la Charité en France

J-M. Sopeña fc a accompagné la retraite spirituelle des Fils de Bourges, Paris, Valenciennes, La Courneuve, Le Havre, Saint-Ouen, Grigny, Issy

La Fraternité Anizan de La Courneuve sur la tombe du père Anizan

La Fraternité Anizan de La Courneuve s’est recueillie ce 2 avril 2025 sur la tombe du Père Jean-Emile Anizan à Issy-les-Moulineaux.

Dégager des horizons d’avenir, des chemins d’espérance

Les motifs d’inquiétude ne manquent pas pour l’avenir. A l’approche de Pâques, les bourgeons abondent dans la nature, puisions y la confiance.

Rencontres de jeunes de La Courneuve, Paris et d’Ecclesia Cantic

En mars 2025, de beaux chants des jeunes de La Courneuve, Paris 18ème et de partout avec Ecclesia Cantic, à la paroisse Sainte-Hélène à Paris.

La vidéo du Pape François, prier chaque mois en Église

La Vidéo du Pape François diffuser les intentions de prière mensuelles du Saint-Père. Nous nous associons à la prière mondiale de l’Église.

Invitation à la “Saison Anizan” à Charonne le 26 avril 2025

La Famille Spirituelle Anizan vous invite dans le quartier de Charonne à Paris le 26 avril 2025 pour la 3ème “Saison Printemps Anizan”

Marie, la femme qui soutient la foi sans distinction

Pierre Tritz fc invitait Anne Soupa et Gérard Marle fc, le 25 mars, à une dédicace sur le livre “MARIE telle que vous ne l’avez jamais vue”.

Share This