Gaza: la dignité comme résistance
Reem Gonçalves a témoigné dans le Bulletin de la Fraternité Anizan d’octobre 2025 de la dignité qu’elle et les siens travaillent à conserver malgré le chaos et la situation de guerre en Palestine, en Terre-Sainte, particulièrement contre la Paroisse latine de la Sainte-Famille à Gaza qui est bombardée, massacrée, affamée.
L’église Sainte-Famille à Gaza
“Être plein d’espoir au cœur d’un désespoir total, appréhender l’unité parfaite de l’espoir et du désespoir ! Même la séparation que tu vis est inévitable, elle n’est pas pour autant l’unique réalité. Quand tu espères, tu es la part du monde qui espère, et quand tu désespères, tu es la part du monde qui désespère ! C’est tout.” Christiane Singer (« Où cours-tu? » p. 79) L’espérance n’est pas une solution magique. Tenir debout est une question de dignité, c’est un travail intérieur profond, surtout quand Gaza continue d’être bombardé, massacré, affamé par l’armée israélienne.
Le 17 juillet 2025, les frappes israéliennes ont touché l’église de la Sainte-Famille, faisant trois victimes et plusieurs blessés, dont le curé Argentin. Mon neveu, Suhail, est gravement blessé et est évacué avec sa mère, Randa, ma petite sœur, vers un hôpital israélien par l’intervention du patriarcat latin auprès de la coordination militaire israélienne. Son état reste incertain.
L’Église Sainte Famille à Gaza porte ce nom en référence à la tradition qui veut que Marie et Joseph y auraient trouvé refuge.
Refuge de notre famille
C’est une église qui compte pour moi et ma famille. En 1948, c’est aussi là que ma mère (âgée de 7 ans) avec sa famille a trouvé refuge après avoir été expulsée par les soldats israéliens de Jaffa. Dans cette église, mes parents se sont mariés. J’y ai été baptisée. José et moi, nous nous y sommes mariés.
Aujourd’hui, c’est le refuge de mes frères et sœurs, avec leur famille, depuis le 8 octobre 2023, à la suite des bombardements. Leurs habitations sont complètement bombardées et détruites. Ils vivent l’enfer au quotidien, leur vie est menacée chaque jour.
Être dans l’espérance malgré l’obscurité est possible parce qu’on n’est pas tout seul. Dans cette guerre absurde, beaucoup de soutiens fraternels et amicaux nous sont exprimés, par la prière, les actions (boycott des produits israéliens et des entreprises qui soutiennent les colonies, manifestations, courriers envoyés aux élus…).
Quand on pense que tout est perdu… il y a la fraternité
J’ai été très touchée par le papa d’une amie franco-israélienne de Rouen. Il habite en Israël, je ne le connais pas directement et pourtant il s’est déplacé à l’hôpital pour rendre visite à mon neveu et à ma sœur. Il a exprimé son soutien. Il leur a offert son aide, leur a apporté à manger, a lavé leur linge. C’est là que l’on voit que l’humanité est plus forte, tandis que d’un côté, certains sont occupés à détruire, d’autres tentent de reconstruire. Être dans l’espérance, c’est aussi «être à côté de» et avec ces personnes-là qui bâtissent des ponts.
Pour moi, je le vois comme un signe de la main de Dieu, quand on pense que tout est perdu, que malgré la cruauté, il y a la fraternité, malgré l’obscurité, il y a la lumière, et quand il n’y a plus rien, il y a beaucoup de solidarité et de générosité. Toutes les petites choses deviennent des petits miracles et une flamme d’espérance.
Voir ces personnes israéliennes qui portent de la tendresse dans leur cœur pour les palestiniens, ce sont des perles précieuses qui me donnent le courage d’espérer.
Quelle paix Jésus a laissée sur terre ?
Je pense au verset de l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean au chapitre 14: “Je vous laisse la Paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point.”
Quand je médite cette parole, parfois je ne comprends pas tout. Quelle paix Jésus a laissée sur terre ? Mais, je sais qu’il faut faire confiance, se laisser guider dans la prière et par la petite lumière qui se présente chaque jour.
Reem Gonçalves, le 26 août 2025
Pour aller plus loin
Reem nous invite à poser un regard d’espérance malgré la situation des gazaouis
- De quels moyens je dispose pour m’informer de la situation à Gaza?
- De quels gestes de paix suis-je témoin?
- Comment je réagis au texte l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean 14, 27
Il est essentiel de rester informé et engagé
Chaque action compte et peut contribuer à mettre fin à ces violations des droits humains. Ensemble, nous pouvons faire une différence et œuvrer pour une paix juste et durable au Proche-Orient. La fraternité humaine est aujourd’hui, gravement, en danger. José Gonçalves, citoyen et élu, le 24 juin 2025

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