Portrait du père Jean-Gabriel Goullin décédé à Noël 2019

9 Jan 2020 | Vie religieuse | 0 commentaires

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« Durant les cinq années que le Seigneur m’a donné de vivre au postulat, au service militaire et enfin au noviciat, mon désir d’être tout entier à Lui, à son seul service près des pauvres s’est affermi et précisé. »

(Lettre de demande des premiers vœux religieux datée du 19 octobre 1961)

Jean-Gabriel Marie Goullin est né le 15 mai 1938 à Cascadec (Scaër) dans le Finistère dans une famille aimante et croyante. Son père se prénommait Francis et sa mère s’appelait Anne O’Neil. Gaby est le 4ème d’une fratrie de 8 dont 5 filles et 3 garçons. Il fut baptisé le lendemain de sa naissance. Gaby a reçu le sacrement de Confirmation et a fait sa Communion Solennelle le 3 juin 1948 à Nantes dans la chapelle du collège Externat des Enfants Nantais.

Ses origines bretonnes lui donneront de tenir bon contre vents et marées, d’être solide comme un roc, profondément ancré à son divin Maître et à la spiritualité Fils.

Elève brillant, Jean-Gabriel Goullin passa son bac à 17 ans et étudia en Math Sup à Ginette (Lycée Sainte Geneviève à Versailles qui prépare aux concours d’entrée aux Grandes Ecoles).Le Supérieur du Grand Séminaire le P. J. Couturier écrivait au P. Jules Duchene, alors Maître des Novices de notre Congrégation « Je me réjouis vivement pour vous de cette vocation qui est de valeur. » (Lettre du 26 septembre 1956) 

L’appel à la vocation sacerdotale est apparu avec netteté à Jean-Gabriel Goullin le jour du mariage de sa sœur aînée. Et il admirait l’enthousiasme apostolique de son cousin Yves Goullin, Fils de la Charité.

Jean-Gabriel Goullin fit ses premiers vœux religieux le 5 novembre 1961 à St Paul d’Issy et 3 ans plus tard les vœux perpétuels en l’église St Pierre St Paul à Colombes. Il fut ordonné diacre le 14 mars 1964 puis prêtre le 28 juin de la même année.

Gaby fut nommé dans l’équipe en charge de la paroisse St Pierre St Paul à Colombes puis à St Bernard dans la même ville. Des Fils témoignent des nombreux partages autour d’activités apostoliques, avec les mouvements comme la JOC, et les responsabilités. « Nous avons vécu des moments de détente, de partages, d’amitié, peut-être que “nous nous sommes complétés ! J’ai admiré ton dynamisme, ton amour concret des petites gens que tu savais écouter et stimuler: j’ai aussi appris cela de toi… » (Témoignage de René Rey) Puis la congrégation envoya Gaby à Bègles dans le diocèse de Bordeaux de 1978 à 1981. L’équipe des Fils de la Charité vivait une évolution importante, passant d’une équipe mixte composée de 2 prêtres diocésains et d’1 Fils, elle devenait une communauté religieuse apostolique Fils de la Charité.Pour aider Joseph Bouchaud parti fonder l’institut au Mexique, Jean-Gabriel Goullin est choisi. En acceptant, il aidera Jo par ses nombreuses qualités. Si Jo avait l’initiative et l’enthousiasme, les capacités d’écoute et, d’accompagnement, avec l’humilité et la persévérance venaient de Gaby. « Il a été un fils de la charité extraordinaire, par sa foi profonde, sa vie spirituelle rayonnante, son zèle, son enthousiasme pastoral et sa pauvreté évangélique. C’était aussi un frère d’équipe en or… attentif, délicat, toujours préoccupé du bien être matériel et surtout de la vie spirituelle de ses frères. Il avait un grand amour de l’Institut et était au courant de la vie d’un grand nombre de fils, il était aussi au courant des problèmes de la plupart des pays où nous sommes et savait porter un regard évangélique sur l’ensemble de notre Institut. Il savait écouter, aider et orienter ceux qu’il rencontrait d’où qu’ils viennent ! » (Témoignage d’Henri Poittevin) Les années 1992-1994 en Argentine à Raphael Castillo furent éprouvantes pour Gaby et les Fils de la Charité. En stage à Paris en 1995 Gaby pourra souffler et probablement rejoindre le P. Anizan notre fondateur dans l’expérience de l’absence apparente de fécondité.Puis c’est aux Philippines qu’il retrouve Joseph Bouchaud. A nouveau Jean-Gabriel Goullin fait merveille et forme des jeunes Fils philippins. Écoutons quelques témoignages :

« La mort de Gaby le jour de Noël n’est sans doute pas un hasard mais un beau symbole: peut être était-ce son désir : le départ vers une nouvelle étape de sa vie. La mort est un passage, une Pâque. Aux Philippines il y a deux Pâques: celle de la naissance de Jésus (Noel : Pasko ng Pagsilang) et celle de sa résurrection (Pasko ng Pagkabuhay). En plus, c’est l’anniversaire de la fondation de notre congrégation.

Il a contribué pour beaucoup à faire que l’équipe des Fils aux Philippines soit plus solide dans la foi et il a mis l’accent sur l’amour fraternel. Il a accompagné de nombreux noviciats et l’ordination de nos deux frères Jayson et Richard le 24 novembre dernier. »

Mais des problèmes de santé obligent les responsables de notre congrégation à demander à Gaby de quitter ce peuple philippin si attachant. Gaby se révolte puis accepte, re-choisissant à nouveau le Seigneur sur le chemin d’obéissance (d’écoute) « ouvrant largement ton cœur à la grâce de Dieu. Il s’est passé alors quelque chose d’impressionnant : peu à peu à travers ta voix, c’était un Autre qui parlait. Il y a eu une réelle présence de Dieu, une présence presque palpable, apportant paix et joie profondes. Quelle soirée d’action de grâce avons-nous vécu ! »(Texte de Louis Guiot pour l’homélie des obsèques de Gaby) 

Gaby sera reconnaissant aux Supérieurs de la congrégation de l’avoir obligé à faire ce douloureux passage.

Revenu en France et nommé dans l’équipe Fils en charge de la paroisse Ste Hélène à Paris, Jean-Gabriel Goullin fait à nouveau merveille. Son écoute, sa présence humble et solide, sa foi profonde, ses conseils attirent à lui nombre de paroissiens. Et il contribue bien sûr à la vie fraternelle en communauté Fils. Mais la maladie prend de l’ampleur. Il doit se reposer plus souvent. Il vient à St Joseph à Issy-les-Moulineaux.Puis doit rejoindre définitivement cette communauté de frères aînés qui retrouvent « un Gaby souriant, écoutant, attentif à chacun. Il ne parlait de son mal que si on l’interrogeait. Et il le faisait avec discrétion. On sentait bien qu’il était très conscient de l’issue de sa maladie. Au courant de toute l’actualité, (y compris sportive), il était capable de nuancer avec délicatesse les jugements trop bruts de certains. » (Témoignage de Pierre Naert) 

Auprès de lui, les frères peuvent confier leurs peines ou leurs angoisses.

Tes dernières semaines parmi nous… nous avons pu encore partager Celui qui nous fait vivre… Celui qui t’a accueilli en ce jour de Noël, Il t’attendait et il t’a dit: “Viens, bon serviteur, viens mon ami”…

Aujourd’hui, Gaby, nous n’avons pas envie de prier pour toi, nous avons envie de te prier d’intercéder pour tous ceux et celles que tu aimes (ta famille, tes amis, tous ceux que tu as rencontrés, les Fils de la charité… de tous pays…). Donnes-nous la force de continuer sur la route que le Seigneur nous as tracée… la route de la Charité.

Jean-Michel Rapaud, fc, responsable de France avec tous ceux qui ont envoyé un témoignage

© Photos: Fils de la Charité, Inma Gutiérrez-Feliz, Eugel Parman-Desacada, Jackbert Dasalla Mendoza

Les obsèques de Gaby ont eu lieu vendredi 3 janvier, à 14h à l’église St Etienne d’Issy-les-Moulineaux. Son corps a été inhumé au cimetière d’Issy.


Témoignages

« Lorsque je suis venu pour la première fois à Bellevue prendre contact avec cette congrégation des FILS de la CHARITÉ que je ne connaissais que par la revue “Chantiers” et un fils de la Charité, originaire du même village d’Anjou : Louis Baslé, c’était en juin 1961. Arrivant par le train en gare de Meudon-Bellevue, montant la rue du Bel Air, faisant le tour de cette grande maison, j’ai vu venir vers moi à ma rencontre un grand jeune, fort sympa ! c’était Gaby GOULLIN.
Est-ce parce que nous portions le même prénom, mais c’est là une raison complètement secondaire, le courant a toujours passé magnifiquement entre nous. D’ailleurs, selon moi, qui ne pourrait en dire autant ? En tout cas, comme tous les fils, j’ai suivi, de loin, Gaby dans tous ses postes, depuis Colombes jusqu’aux Philippines.
Je fais corps avec vous tous pour souligner la carrure de pasteur, d’apôtre, de serviteur de l’institut qui caractérise Gaby. Et j’ose aussi parler de la profondeur spirituelle personnelle qui était la sienne. Je veux dire par là que pour beaucoup d’entre nous, nous avons du mal à parler de Dieu. Lui osait. Et ça sonnait juste. »

— Gaby Dion

« Puisse Dieu recevoir ton âme Fr Gaby. Un grand merci pour ta sagesse et tes conseils lorsque nous étions ensemble. Repose en paix et nous reverrons au ciel dans le temps de Dieu. »

— Richard Adalim
Fils de la Charité Philippines

« Me uno a la alegría de que Gaby mi maestro y amigo ya hizo el viaje final. Gaby, te recuerdo con alegría y admiración. Que disfrutes y vivas plenamente. »

— Modesto Avalos Lopez
Fils de la Charité Mexique

« Gaby faisait partie de la famille depuis toujours. Il va rejoindre papa et maman, qui l’attendaient là-haut. Il va rejoindre aussi notre oncle et aussi parrain Michel Amiaux. Ce fut un honneur de connaître un tel homme. Repose en paix. Pas trop de rigolade avec papa et maman, vous avez tous encore du travail, en veillant sur nous. À bientôt mais pas trop tôt, on se retrouve tous là-haut… »

— Claire Amiaux

« Maintenant Fr Gaby voit et adore Jésus-Christ face à face. Il était tellement un homme comme Jésus. Je suis fier de l’avoir connu. Je prie pour lui. »

— Bishop Teodoro Cruz Bacani
Diocese of Novaliches

« Il y a des choses merveilleuses qui arrivent dans nos vies. L’une d’elles est de rencontrer des personnes extraordinaires qui apportent à votre vie l’envie de vivre des valeurs chrétiennes à partir de leur témoignage, de simplicité, de solidarité, de cohérence entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font, en vivant parmi les pauvres. Gaby en était l’une d’entre elles. »

— Ñänte Derechos Humanos

« Ce qui m’a marqué de sa part, c’est son regard physique et aussi spirituel, son optimisme sur les personnes, sur les jeunes dont il avait la charge quand il en parlait. Aussi sa fidélité dans sa mission aux Philippines, qui a été très longue dans le temps en surmontant bien des difficultés. »

— Gérard Simon
Fils de la Charité

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