
Le désir de Dieu dans le courant de la vie chrétienne
Moine à l’Abbaye Notre-Dame de La Trappe de Soligny, le frère Arsène nous dit comment se manifeste le désir de Dieu aussi bien dans la vie monastique que chez les pèlerins de l’hôtellerie engagés dans la vie courante.
1. Réchauffer l’élan qui est déjà en nous
J’avoue que, lorsqu’on a eu la gentillesse de me confier ce “partage”, j’ai senti comme une lumière chantante en moi. Il s’agit, je pense, d’exprimer un partage “en Église”, entre un moine et tous les chrétiens qui vivent dans des ministères différents, compte tenu de leur milieu de vie, de leur vie familiale, de leur travail, et de bien d’autres choses, dans le courant de leur vie chrétienne!
Dans la Liturgie des Heures, l’Office de Laudes à 7 heures commence par ce verset :
“Dieu, toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore ! Sois ma lumière et mon salut”.
N’est-ce par une belle expression du désir de Dieu? En ce qui nous concerne, nous savons bien que ce désir de Dieu dont nous cherchons à toujours réchauffer l’élan est déjà en nous un “don de Dieu”.
Je ne sais plus à quel père du désert Dieu aurait dit : “Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé!”
Le désir de Dieu, ce don de l’Esprit qui nous “souffle au cœur”, est la prise de conscience que Dieu nous aime et nous habite. Cela me rappelle la prière de Charles de Foucauld. Revenu de pas mal d’écarts, il entrait dans une église et priait très simplement :
“Seigneur, si vous existez, faites-le moi connaître”.
Là aussi on peut dire que cette prière humble était déjà une expression et de son désir, et d’une foi dont il n’avait pas encore conscience.
2. Témoignages de nos maîtres spirituels
Figurez-vous que ce matin j’ai vu un livre sur une étagère : “Le miséricordieux à l’infini”, de Roger Poudrier. Je ne sais pourquoi cela a fait tilt. J’ai pris le livre, je me suis assis, et j’ai trouvé ceci :
“Tout croyant est un homme de désir, sans cesse en quête du Dieu qui l’a appelé du néant à l’existence. Même dans sa condition de pécheur, il reste à l’image de son Créateur et garde le désir de Celui qui l’a créé”.
Cela me faisait penser à cette phrase de St-Augustin qui a été mise en musique comme antienne d’un psaume : “Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi !”
St-Benoît lui-même nous dit : “Ne rien préférer à l’amour du Christ”, et encourage le soin que nous devons apporter à la Liturgie, qu’il appelle “l’Oeuvre de Dieu”.
Cette ouverture du cœur nous rend capable de laisser grandir en nous le désir de Dieu, de la louange de Dieu (au nom, dans le milieu de vie, souvent composé de gens qui n’ont pas la foi), en Eglise, dont chacun de nous est un membre “irremplaçable”.
Je reprends ici une hymne qui a été composée à l’époque où on est passé au français pour le chant de la Liturgie :
“Guetteur de l’aube, assoiffé de Dieu, Sais-tu Qu’il guette au plus noir de toi, une aurore ? Mendiant sans force, Mains tendues vers Dieu, Sais-tu qu’il aime, au plus creux de toi, la faiblesse ? Voleur de grâce, affamé de Dieu, Sais-tu qu’il met au plus fou de toi, le partage ?”
3. Partager ce désir de Dieu
Ceci nous encourage, je dirais même nous stimule à entretenir, à partager, dans nos milieux de vie, quelles que soient les circonstances, ce désir de Dieu qui, en quelque sorte, actualise la présence même de Dieu dans notre milieu. Notre “ministère” de fidèles nous incite à orienter notre désir de Dieu avec un élan de partage et d’attention aux autres, même si souvent notre entourage semble être totalement indifférent à Dieu ! Comme le dit Vatican II :
“Avoir reçu ce désir au cœur est un don de Dieu, il doit faire de nous des apôtres, “ici et maintenant”.
Parfois, à la fin d’une rencontre pastorale où ensemble on exprime son désir de Dieu, dans le contexte pratique et réaliste de notre vie de chaque jour, le sentiment se manifeste d’un moment très fort. Le Seigneur ne disait-il pas à ses disciples : “Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux?” Cela ravive notre désir en nous faisant mieux percevoir désormais que lui, Dieu, répond toujours, mais sinon en tête à tête, plutôt en Eglise… même locale, même relativement petite!
Alors : “Reste avec nous, Seigneur Jésus, toi le convive d’Emmaüs, au long des veilles de la nuit (la nuit du désir, parfois !), Ressuscité tu nous conduis!”
Au diapason de notre recherche, je terminerai par un beau poème que nous chantions le sixième dimanche ordinaire :
“En réponse à ton Evangile,
Que mon oui soit oui sans condition,
Et devienne en ma bouche une hymne Proclamant le gloire de ton Nom”.
Comme un sceau ton amour imprime Son éternité dans notre vie,
Tu répands dans nos cœurs les arrhes
Et l’onction royale de l’Esprit.”
fr. Arsène Christol, N.D. de La Trappe de Soligny
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